Une étude européenne révèle que les pains et céréales contiennent des PFAS.
Selon l’étude publiée par le Réseau européen d’action sur les pesticides, les concentrations moyennes de TFA dans les céréales classiques du petit-déjeuner atteignent 78,9 μg/kg, avec des pics jusqu’à 360 μg/kg. La présence de TFA n’est pas surveillée par les autorités alimentaires européennes, ce qui fait de cette recherche la première étude du genre réalisée à l’échelle de l’Union.
Selon une étude publiée par le Réseau européen d’action sur les pesticides, les céréales classiques du petit-déjeuner sont les produits les plus contaminés. Les concentrations moyennes de certaines substances y atteignent des niveaux cent fois supérieurs à ceux mesurés dans l’eau du robinet, soulignant que l’alimentation constitue aujourd’hui une voie d’exposition majeure aux Pfas pour les citoyens européens.
Certains consommateurs veillent à vérifier la composition de ces aliments : « J’essaie d’acheter quand même des produits naturels de toute façon et d’éviter d’acheter du chimique ». D’autres, en revanche, ne font pas attention : « Franchement non, on n’y fait pas attention. Si on fait attention, on ne peut plus rien manger. Dans les fruits, il y a ceci, dans le blé il y a cela. Il y a partout quelque chose ».
L’analyse a été réalisée sur 66 produits céréaliers achetés dans 16 pays européens : céréales pour le petit-déjeuner, viennoiseries, pâtes, pains complets ou raffinés et farines. À ce jour, la présence de TFA n’est pas surveillée par les autorités alimentaires européennes, faisant de cette recherche la première étude du genre à l’échelle de l’Union.
Pour Virginie Pissoort, chargée de plaidoyer chez Nature et Progrès, « Les taux de TFA qu’on retrouve dans les céréales sont absolument exorbitants. Ils sont bien au-delà des taux qu’on a rencontrés dans les eaux, dans l’eau potable, dans les eaux souterraines. Et donc ça, ça doit fortement nous alerter parce que c’est un produit de consommation quotidienne, parce que les enfants en consomment particulièrement et donc ils seraient particulièrement touchés par cette contamination ».
Le TFA a été détecté dans 81,8 % des échantillons. Les concentrations moyennes s’élèvent à 78,9 μg/kg, avec des pics atteignant 360 μg/kg. Les produits à base de blé sont parmi les plus concernés. Un pain complet belge a ainsi affiché un taux de 340 μg/kg, tandis qu’une farine de blé allemande atteignait 310 μg/kg. Selon PAN Europe, 54 des 66 échantillons dépassent la limite maximale de résidus (LMR) par défaut applicable aux pesticides (reprotoxiques), fixée à 10 μg/kg et normalement autorisée dans l’alimentation.
L’organisation souligne cependant que l’absence de seuil réglementaire spécifique pour le TFA dans l’Union européenne crée un vide juridique préoccupant, alors que les preuves de sa toxicité s’accumulent.
Produit de dégradation des pesticides et de certains gaz fluorés, le TFA est décrit comme extrêmement persistant, mobile et toxique pour la reproduction. Des études industrielles soulignent également des liens entre ces composés et une baisse de la qualité du sperme, ainsi que des effets néfastes sur la thyroïde, le foie et le système immunitaire.
Très soluble, il s’accumule dans l’eau et le sol, d’où il est absorbé par les plantes, notamment le blé, ce qui expliquerait la contamination élevée des produits dérivés. « Tout le monde est exposé aux TFA par de multiples voies, notamment l’alimentation et l’eau potable. Nos conclusions soulignent la nécessité urgente d’interdire immédiatement les pesticides PFAS afin de mettre fin à la contamination de la chaîne alimentaire », déclare Salomé Roynel, chargée des politiques chez PAN Europe.
Angeliki Lysimachou, responsable scientifique de l’organisation, insiste sur la protection des personnes vulnérables : « Nous ne pouvons pas exposer les enfants à des produits chimiques reprotoxiques. Cela exige une action immédiate ».
En plus d’une interdiction des pesticides PFAS, PAN Europe et ses organisations partenaires – dont Nature & Progrès en Belgique – demandent l’établissement d’un seuil de référence toxicologique pour le TFA ainsi que la mise en place d’une surveillance systématique de cette substance dans l’alimentation.
Dans une réaction transmise jeudi soir, la Fédération des entreprises alimentaires belges assure que les « produits alimentaires belges sont sûrs”.
Selon la Fevia, l’étude n’a ciblé en Belgique qu’un échantillon de quatre produits céréaliers belges. « Nos denrées alimentaires répondent à des exigences strictes en matière de sécurité, de santé et d’hygiène », insiste la Fevia, qui déplore « que la population soit inutilement inquiétée sur la base d’une étude très limitée, portant sur une substance pour laquelle aucune valeur seuil n’a pour l’instant été fixée par les autorités ».
La fédération souligne que la « réglementation belge en matière de sécurité alimentaire est basée sur les règles de l’Union européenne (UE), parmi les plus strictes au monde ».

