Une app utilise l’IA pour repérer les contrôles de police.
Trapspotter est une application de guidage qui indique les contrôles de police et les radars mobiles en temps réel pour 3,95 euros par mois. Selon une récente étude VIAS, 9% des conducteurs impliqués dans les accidents corporels étaient sous l’influence de l’alcool, et la part réelle des accidents liés à l’alcool est estimée à 25%.
À trois jours de Noël, alors que les contrôles d’alcoolémie sur les routes se multiplient, une nouvelle application de guidage suscite des controverses.
Pour 3,95 euros par mois, Trapspotter informe en temps réel les automobilistes sur les contrôles de police et les radars mobiles, grâce à l’intelligence artificielle et aux signalements des utilisateurs.
Depuis son lancement, l’application connaît un succès fulgurant avec environ 450 téléchargements par heure, d’après SudInfo.
Critiquée pour inciter les automobilistes sous influence à conduire, Trapspotter n’est pas la seule application du marché cartographiant les contrôles, défend son fondateur.
Vincent Parisis, créateur de l’application, est aussi administrateur de plusieurs pages et groupes Facebook signalant les contrôles de police sur les réseaux sociaux.
Originaire de Zwalm, ce flamand avait précédemment été en conflit avec la justice à cause d’une autre application lancée en 2012, Policiecontrole.be, retirée suite à un avis négatif d’une commission éthique.
Treize ans après, il relance son activité, précisant à nos confrères de Het Laatste Nieuws que son intention n’est pas « d’encourager les gens à boire et à conduire. Au contraire. Nous voulons les rendre conscients des contrôles à proximité. Et cela peut être dissuasif. »
Pour lui, Trapspotter est un outil de dissuasion : « Par exemple, quand quelqu’un est au restaurant et se demande comment rentrer, l’application peut immédiatement suggérer une alternative : commander un taxi ou désigner un BOB. »
Cependant, certains soulignent que cette application encourage les conducteurs en état d’ivresse à prendre le volant, en leur donnant l’illusion de pouvoir éviter les contrôles et les amendes.
C’est l’avis de VIAS, qui critique Trapspotter. « Les automobilistes pensent qu’ils peuvent boire car il n’y a pas de contrôle », relève Benoît Godard, porte-parole de l’Institut belge pour la sécurité routière, interrogé par la RTBF.
Vincent Parisis conteste cette assertion, déclarant à HLN : « Soyons honnêtes : certains utiliseront l’application à cette fin. Mais ces personnes prendraient le volant même sans Trapspotter. Ce n’est pas notre public cible. »
De plus, il souligne que l’application n’est pas infaillible. « Les contrôles se déplacent très rapidement. L’effet de surprise demeure intact. Mais savoir qu’il y a des contrôles dans la zone peut amener à réfléchir et à opter pour une autre solution. »
Il ajoute que « des applications comme Waze ou Coyote font exactement la même chose. »
La principale différence entre Trapspotter et ces autres applications réside dans l’utilisation de l’intelligence artificielle, qui, selon Benoît Godard, va donc « un peu plus loin. »
Malgré tout, VIAS appelle à l’élimination de ces applications, arguant qu’« aujourd’hui, cela pose des problèmes de sécurité routière, » selon Benoît Godard. Selon lui, les automobilistes « ne boivent pas moins, ils boivent davantage car ils savent qu’il y a peu de risques de se faire contrôler. » Il souligne également que « quand vous prenez le volant sous l’influence de l’alcool, il y a un risque d’accident accru. »
Une étude récente de VIAS indique que 9 % des conducteurs impliqués dans des accidents corporels étaient sous l’influence de l’alcool, tandis que la proportion réelle d’accidents liés à l’alcool est estimée à 25 %.
La période des fêtes est particulièrement associée à ces accidents. Benoît Godard explique que « avec les fêtes, les gens ont plus d’occasions de boire et de reprendre le volant. »
Cependant, la prolifération de conducteurs en état d’ivresse n’est pas le seul danger que soulèvent ces applications, selon Benoît Godard. « Vous empêchez les policiers de faire leur travail » à d’autres niveaux, car lors des contrôles d’alcool, ils vérifient également la validité des papiers des conducteurs, ce qui pourrait permettre d’attraper des personnes n’ayant pas d’assurance en règle.
La police utilise des stratégies pour piéger les automobilistes ivres usant de ces applications. « La police est évidemment au courant de ces applications et s’adapte, par exemple, en se déplaçant plus rapidement d’un endroit à un autre », explique Benoît Godard de VIAS.
Néanmoins, l’utilisation de ces applications reste tout à fait légale, tout comme leur mise sur le marché.
Benoît Godard souligne donc que « la balle est dans le camp du législateur en Belgique » pour décider s’il faut privilégier la sécurité routière par rapport à la cartographie immédiate des contrôles de police.

