Belgique

Un parti de défense du monde agricole pourrait-il devenir le premier parti de Flandre ?

La Flandre s’est d’autant plus intéressée au résultat inédit de l’élection néerlandaise qu’elle se trouve aujourd’hui dans une situation étonnamment similaire à celle qui a favorisé l’émergence de ce parti improbable. Tout comme les Pays-Bas avant elle, la Flandre a dû prendre des mesures drastiques pour réduire les émissions d’azote dans l’agriculture et ainsi porter un coup d’arrêt à l’expansion de l’élevage de porcs. L’annonce de ce plan – le stikstofakkord – a provoqué la colère des agriculteurs flamands qui s’est d’autant plus facilement levée que le malaise touche la profession depuis de longues années déjà.

Un parti d’agriculteurs pourrait-il dès lors s’imposer comme une force majeure en Flandre ? On pourrait le penser. Un groupe qui s’inspire du BBB hollandais a d’ailleurs été créé jeudi sur le réseau social Facebook. Ce groupe, BoerBurgerBelangen, a attiré plusieurs milliers d’adhérents en quelques heures seulement. Il sert désormais d’exutoire au monde agricole flamand qui se dit abandonné depuis trop longtemps. Les agriculteurs estiment que la politique est menée depuis les villes, et singulièrement depuis Anvers, la ville du patron de la N-VA à laquelle appartient l’auteure du plan azote, la ministre flamande Zuhal Demir.

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Des différences

Mais les chances qu’un tel parti de boeren puisse s’implanter un jour en Flandre demeurent quand même assez ténues. Le monde agricole flamand garde de solides appuis dans le monde politique. Le CD&V est resté sensible aux attentes du monde rural, contrairement à son homologue néerlandais, le CDA, qui a perdu pratiquement la moitié de ses sièges lors du scrutin de mercredi. Il a ainsi lutté pied à pied au sein de la majorité flamande pour atténuer la rigueur du plan azote et a inlassablement relayé les positions du puissant syndicat agricole flamand, le Boerenbond.

Du reste, le CD&V n’est pas le seul parti à garder une présence marquée dans les campagnes flamandes. Le Vlaams Belang s’y promène aussi régulièrement. Il sait que c’est encore là que bat le cœur de la Flandre. Et il y trouve parfois une oreille plus attentive que dans les villes où ses thèses conservatrices ont généralement moins de succès.

C’est ce qui explique que des voix commencent à s’élever au sein de la N-VA pour s’inquiéter de l’intransigeance de Zuhal Demir dans ce dossier. Une intransigeance qui pourrait avoir des répercussions lourdes dans les urnes.