Un jour, une carte : le monde MAGA se divise à l’extrême droite
Marjorie Taylor Greene a annoncé sa démission de la Chambre des représentants ce week-end. Donald Trump a tenu des propos très durs à l’encontre de l’élue démissionnaire, la qualifiant de « folle furieuse » et de « Marjorie Traitor Green ».
Dans le camp MAGA, le mécontentement est croissant. Marjorie Taylor Greene a annoncé sa démission de la Chambre des représentants ce week-end.
Marjorie Taylor Greene était l’une des figures de l’extrême droite ultra-MAGA, nationaliste radicale, pro-arme, antivax et complotiste. Sur sa casquette rouge, on pouvait récemment lire le slogan : « Trump avait raison sur tout ».
Cependant, vendredi soir, elle a également critiqué la gestion par le président du scandale Jeffrey Epstein. On ignore toujours si le nom du président figure dans le réseau de trafic sexuel de jeunes filles mineures organisé par le financier new-yorkais.
En quittant son poste, l’élue de Géorgie a publié une lettre incisive déplorant que le fait de « défendre des filles américaines ayant été violées à l’âge de 14 ans, victimes de trafic et exploitées par des hommes riches et puissants », lui ait valu d’être menacée par le président des États-Unis.
** »Marjorie Traitor Green »**
Donald Trump a tenu des propos très durs à l’égard de l’élue démissionnaire. Avec son sens connu de l’insulte, il l’a qualifiée de « folle furieuse » et de « farfelue ». Il a même rebaptisé Marjorie Taylor Greene en « Marjorie Traitor Green » : « Marjorie La Traîtresse ». Il a ajouté qu’elle a « mal tourné ».
Face à la controverse liée à son silence dans l’affaire Epstein, Donald Trump a ordonné la publication de tous les documents non classifiés concernant ce dossier de trafic sexuel de jeunes filles mineures, tout en affirmant qu’il n’a « rien à voir avec Jeffrey », le qualifiant de « pervers malade ».
La mort d’Epstein en prison, officiellement attribuée à un suicide, ainsi que les délais pour rendre publics les documents d’enquête, ont suscité des théories du complot. Certaines figures de la droite radicale estiment qu’il aurait été assassiné pour l’empêcher de mettre en cause des personnalités de premier plan.
**Le parti républicain n’est plus inféodé au président**
Ce départ de Marjorie Taylor Greene met en lumière les tensions récurrentes au sein du Parti républicain, qui compte désormais plusieurs factions.
D’un côté, il y a le courant ultra-MAGA, illustré par Marjorie Taylor Greene, Steve Bannon et une multitude d’activistes et d’influenceurs populistes radicaux. Ce groupe, très conflictuel et anti-élite, se situe à l’extrême droite, convaincu d’une prétendue supériorité d’une soi-disant race blanche. Parmi les plus radicaux, les « Dark MAGA » réclament (et ont obtenu) le retour à la Maison-Blanche d’un Trump plus vindicatif et autoritaire, alimenté par un désir de vengeance et une violence politique accrue.
De l’autre côté, le bloc de la « tech right » se compose de figures comme Peter Thiel et Curtis Yarvin, proches du vice-président J.D. Vance. Ils cherchent à fusionner le populisme nationaliste MAGA et les intérêts des élites économiques et technologiques. Leur modèle repose sur une société inégalitaire, utilisant l’analyse massive de données et un profilage de la population, avec une dérégulation totale concernant l’intelligence artificielle et les cryptomonnaies.
Ces néo-réactionnaires souhaitent gérer les États-Unis comme une entreprise, dirigée par un « CEO national » désigné par les géants de la Tech, exerçant un pouvoir quasi absolu. Les adeptes de cette droite techno sont aujourd’hui très influents à la Maison-Blanche et se sont auto-désignés comme les « Dark Enlightenment » — les Lumières noires.
**Y a-t-il encore des conservateurs classiques dans ce parti républicain arrimé au MAGA ?**
Ted Cruz, le sénateur du Texas, et Marco Rubio, secrétaire d’État américain, restent des figures du courant conservateur relativement plus traditionnel du Parti républicain. Ils se montrent souvent plus modérés sur des questions telles que l’OTAN, le libre-échange et la politique étrangère.
Ces derniers envisagent encore un scénario « post-Trump » plus classique et tentent de résister à la normalisation des discours extrémistes et ouvertement racistes au sein du Parti républicain.
Dans cet ensemble de tendances, Donald Trump continue d’être le centre de gravité, car chacun à la Maison-Blanche lui doit sa promotion.
La véritable bataille se jouera autour de sa succession : les populistes radicaux à la Marjorie Taylor Greene, le bloc techno-MAGA de Vance, ou les conservateurs classiques espérant un retour à des normes éthiques.
Les prochaines primaires républicaines devraient ressembler à une guerre de clans dans cet univers MAGA… impitoyable.

