Belgique

Tourisme des poubelles : 500 verbalisés en huit mois à Bruxelles

Bruxelles Propreté a verbalisé 526 personnes durant les huit premiers mois de l’année 2025 pour avoir pratiqué un tourisme des poubelles. Le traitement des déchets, notamment les dépôts clandestins, représente un coût de plus ou moins deux millions d’euros à la Ville de Bruxelles.


Bruxelles Propreté a dressé des verbalisations à l’encontre de 526 individus durant les huit premiers mois de l’année 2025. Ces sanctions concernent des personnes ayant pratiqué ce qu’on appelle le « tourisme des poubelles ». Autrement dit, des habitants provenant de Flandre ou de Wallonie viennent déposer leurs déchets ménagers ou encombrants sur le territoire bruxellois.

Selon le député régional Hasan Koyuncu (PS), « Attirés par le prix nettement inférieur des sacs-poubelle bruxellois, certains n’hésitent pas à parcourir plusieurs kilomètres pour venir déposer leurs déchets dans les communes bruxelloises, notamment celles situées en périphérie. Ce comportement, qualifié de ‘tourisme des poubelles’, engendre des nuisances environnementales, une surcharge pour les services de propreté et des coûts importants pour les communes concernées. Il soulève également des enjeux de gouvernance interrégionale et d’équité territoriale. »

Le phénomène est bien connu et sa traque s’accroît. Le nombre de procès-verbaux dressés depuis le début de l’année 2025 par le service « Recherche et verbalisation » dépasse déjà celui total de l’année 2024, avec 459 contrevenants signalés.

Pour les contrevenants interceptés en 2025, « ils se sont vus facturer pour 57.206 euros de frais d’enlèvement et de traitement des déchets, les amendes restant encore à suivre », précise le ministre.

### 150 blocs de béton pour dissuader les dépôts

Certaines communes bruxelloises près des frontières avec la Flandre sont particulièrement concernées par ce problème. Sur le territoire de la Ville de Bruxelles, l’avenue de Vilvorde, une artère régionale de plus de quatre kilomètres reliant Bruxelles à la périphérie, constitue un point noir. Anas Ben Abdelmoumen, échevin de la propreté à la Ville de Bruxelles, reconnaît : « C’est un fléau auquel j’ai fait face directement dès mon entrée en fonction en tant qu’échevin de la propreté en 2024. Les explications à ce fléau ? Les personnes habitant en Région flamande ou en Région wallonne viennent à Bruxelles se disant que toute incivilité restera impunie. Ensuite, le prix des sacs-poubelle y est beaucoup plus élevé. En jetant leurs déchets à Bruxelles, ils pensent faire des économies. »

Pour contrer ce phénomène, la Ville de Bruxelles et Bruxelles Propreté ont collaboré afin de débarrasser la voirie des encombrants, et ont installé cet été 150 blocs de béton pour empêcher les voitures et camionnettes de se garer et de déposer des déchets à l’abri des regards.

### Caméras

« L’avenue est beaucoup plus propre depuis cette installation », se satisfait l’échevin. « Il reste encore quelques déchets dans les endroits où il n’y a pas de blocs de béton, des zones où il est malheureusement encore possible de se garer discrètement et de jeter des sacs-poubelle, des pots de peinture, des fauteuils… »

Il espère désormais des mesures structurelles supplémentaires : « Pour cela, nous devons travailler en collaboration avec Bruxelles Propreté et Bruxelles Mobilité pour envisager des travaux de réaménagement, l’installation de caméras… Lorsque les gens voient des caméras, ils quittent les lieux. L’idée est aussi de continuer à verbaliser, car nous ne pouvons pas laisser n’importe qui salir notre ville. Le traitement des déchets, surtout les dépôts clandestins, représente un coût d’environ deux millions d’euros pour la Ville de Bruxelles. »

Selon les statistiques de la Ville de Bruxelles, un cinquième des dépôts clandestins sur son territoire provient de personnes ne résidant pas dans la Région bruxelloise. « Le top des communes les plus polluantes est constitué de communes flamandes. On y retrouve Grimbergen, Meise ou encore Wemmel. »

Pour intercepter les pollueurs, les autorités utilisent des caméras et fouillent les sacs abandonnés dans la rue à la recherche d’indices pouvant mener à leurs auteurs.