Tensions sur l’indépendance de la Fed : Trump manœuvre à la banque centrale américaine
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Trump le retour : nominations controversées et menaces judiciaires
En septembre 2025, la situation est inédite. Dans un contexte de ralentissement du marché du travail, la Fed doit décider d’une baisse de ses taux directeurs — la première de l’année. Sur le plan strictement économique, les investisseurs anticipent une réduction modeste d’un quart de point, signe d’un assouplissement monétaire prudent. Mais les débats de fond ont été éclipsés par une série d’événements politiques.
La démission surprise de la gouverneure Adriana Kugler a ouvert la voie à la nomination de Stephen Miran, proche conseiller économique de Donald Trump. Confirmé en urgence par un Sénat à majorité républicaine, il a prêté serment à temps pour participer à la réunion de ce 16 septembre. Bien qu’en « congé » du Conseil des conseillers économiques de la Maison-Blanche, son attachement persistant à l’exécutif alimente les craintes d’une influence directe du président dans les délibérations de la Fed.
Parallèlement, la gouverneure Lisa Cook, nommée sous l’administration Biden et cible d’accusations judiciaires commencées par l’équipe Trump, a dû batailler pour conserver son siège. Une cour d’appel lui a permis de siéger, malgré les menaces de recours ultérieurs devant la Cour suprême.
« La politisation de la monnaie peut conduire à des excès : confier à un décideur politique le pouvoir d’augmenter à volonté la masse monétaire se traduit, comme l’histoire l’a montré dans de nombreux pays, par beaucoup d’inflation. Or, l’inflation agit comme une taxe à la consommation » rappelle Xavier Debrun.
Un équilibre fragile
En toile de fond, l’équation économique reste complexe : freiner les risques de récession en soutenant l’activité, sans relancer trop fortement l’inflation. Mais au-delà des chiffres, c’est la confiance dans l’indépendance de la Fed qui est en jeu. Ses décisions, scrutées bien au-delà de Washington, influencent la stabilité du système financier mondial.
Pour Xavier Debrun c’est évident que : « La monnaie, c’est une forme de dette publique sans intérêt. Si le politique se met à l’utiliser pour financer des déficits sans limite, on risque de revivre des épisodes d’hyperinflation, comme en Allemagne dans les années 1920 ou dans certains pays en guerre.«
La Fed se trouve aujourd’hui dans une situation délicate, marquée par de profondes divisions internes. Toutefois, l’avenir des taux d’intérêt repose sur le vote des douze membres du Comité — sept gouverneurs et cinq présidents de banques régionales, dont celui de New York — où chaque voix pèse dans un équilibre toujours fragile.
Pour Jerome Powell, à la tête de la Réserve fédérale jusqu’en mai 2026, la réunion de ce mercredi constitue une étape clef dans la dernière phase d’un mandat semé d’embûches. Nommé en 2018 par Donald Trump, Powell est progressivement devenu l’un des plus ardents défenseurs de l’indépendance de la banque centrale, s’opposant ouvertement au président. Ce dernier avait même sérieusement envisagé de le révoquer cet été, avant de se raviser face à la réaction immédiate et négative des marchés financiers.
Et Xavier Debrun de conclure : « En politisant la monnaie, on prend le risque d’une inflation excessive, une taxe invisible qui érode le pouvoir d’achat et frappe d’abord les plus vulnérables. C’est pourquoi l’indépendance des banques centrales n’est pas une question purement technique, mais une nécessité pour la stabilité économique et la cohésion sociale.«
L’affrontement actuel entre la Maison-Blanche et l’institution monétaire illustre une tension fondamentale : la tentation d’utiliser l’outil monétaire au service d’un agenda politique immédiat, contre une logique d’indépendance construite pour protéger la crédibilité économique à long terme.
Xavier Debrun, chef du département des Études de la Banque nationale de Belgique
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