Belgique

Tensions autour de Taiwan : le Japon s’implique après la Chine et les États-Unis

Taïwan a une superficie d’environ 36.000 km², pour une population de 23 millions d’habitants. La première ministre japonaise Sanae Takaichi a déclaré récemment que le Japon pourrait intervenir militairement si la Chine bloquait le trafic maritime dans le détroit de Taïwan.


D’habitude, c’est entre la Chine et les États-Unis que la question de l’indépendance de Taïwan suscite des tensions sur les plans diplomatique et militaire. Cependant, depuis 48 heures, le Japon s’immisce dans cette situation de plus en plus explosive.

Taïwan est au cœur des tensions mondiales, en raison de la volonté de la Chine de reprendre le contrôle de cette île, convoitée et disputée entre l’Occident et l’Orient, entre le capitalisme et le communisme.

Sur la carte du monde, Taïwan est relativement petite. En effet, l’île a une superficie d’environ 36 000 km², soit la taille de la Belgique, et une population de 23 millions d’habitants, ce qui en fait l’un des territoires les plus densément peuplés au monde. Malgré cela, une grande partie de l’île reste naturelle, avec de nombreuses montagnes et forêts à l’est. Dans l’ouest, la densité s’élève à 1 500 habitants par km², soit quatre fois plus qu’en Belgique, où la densité est de 385 habitants par km².

Taïwan est riche, non pas pour ses ressources naturelles, mais grâce à son industrie électronique ainsi qu’à ses activités commerciales, maritimes et financières. Complètement ancrée dans le système libéral et capitaliste, Taïwan se situe de fait dans le camp occidental.

La Chine ne renonce jamais à reprendre le contrôle de l’île. Elle ne se limite plus aux accords de libre-échange économique qui lui ont pourtant permis de s’ancrer dans les échanges commerciaux internationaux depuis 15 ans.

Récemment, un entretien téléphonique a ravivé les spéculations : le président chinois Xi Jinping a informé l’Américain Donald Trump que le retour de l’île à la Chine était une composante essentielle de l’ordre international d’après-guerre. En d’autres termes, les relations ne se calmeront que lorsque Taïwan redeviendra la 32e province chinoise.

Que vient faire le Japon dans cette affaire ? Bien que plus éloigné de Taïwan que la Chine, le Japon, grand voisin du Nord, s’inquiète de la perspective que la Chine prenne possession de Taiwan.

Cette préoccupation n’est pas nouvelle. Il y a 500 ans, des pirates japonais avaient déjà attaqué Taïwan pour en faire une base pour leurs expéditions.

Aujourd’hui, l’implication du Japon concerne des enjeux géographiques et politiques. Géographiquement, la nouvelle Première ministre japonaise a déclaré récemment que si la Chine bloquait le trafic maritime dans le détroit de Taïwan – se trouvant entre le continent et l’île – le Japon pourrait intervenir militairement avec le soutien des États-Unis.

Politique, ensuite, la Première ministre japonaise Sanae Takaichi, hautement nationaliste, ne reconnaît pas les atrocités commises par le Japon envers la Chine. Or, les crimes contre l’humanité perpétrés par les troupes japonaises sont légendaires. Il n’y a pas que Tintin, dans Le Lotus bleu, qui le décrit.

Face à ces menaces, la Chine a riposté sans ménagement. Un consul général chinois a déclaré qu’il fallait « couper les sales têtes » des dirigeants japonais, selon le journal Le Soir. Au-delà des paroles, les touristes chinois sont appelés à ne pas se rendre à Tokyo, les lignes aériennes sont réduites et des films japonais ont été retirés de la programmation.

D’autres menaces suivent, comme un éventuel arrêt des exportations de terres rares. En somme, lorsque nationalistes et impérialistes commencent à s’affronter, il devient difficile de désamorcer les tensions.

D’ailleurs, cette nuit, le Japon a fait décoller ses avions après avoir déclaré avoir « détecté un drone chinois ». Le président taïwanais n’est pas en reste et a annoncé ce mercredi une hausse de son budget militaire, affirmant vouloir rendre Taïwan « imprenable ».

La réponse de la diplomatie chinoise est venue presque immédiatement : « Les tentatives de résister à la réunification ne réussiront pas. »

Un point qui n’est pas final.