Belgique

« Sur mon passeport, je n’ai pas de nom »: comment faut-il appeler les princes et princesses de Belgique ?

Tentons de lever le flou qui entoure cette question. Depuis 1830, l’usage a parfois voulu, à tort, que le titre “de Belgique” soit employé dans certains documents officiels, en guise de patronyme. Mais le nom des membres de la famille royale belge est bel et bien de Saxe-Cobourg, tandis que “de Belgique” est leur titre.

En 2015, un arrêté royal a tenté de mettre fin à la confusion. Lorsque les documents d’identité des membres de la famille royale expirent, ceux-ci doivent être actualisés de manière à désormais faire apparaitre “de Saxe-Cobourg” comme nom de famille, et non pas “de Belgique”.

Cela a amené à des situations assez inattendues.

Laurent “van” Saksen-Coburg

En janvier, le prince Laurent s’est dit “fâché” de s’être vu affublé, sur sa nouvelle carte d’identité, du nom “van SaksenCoburg” au lieu de von Sachsen-Coburg, le nom historique de la famille. “Je veux garder mon vrai nom et cela me semble normal que je n’accepte pas qu’on change le mien. Nous sommes des ‘von’, avait déclaré le prince dans Sudinfo, rappelant l’ascendance germanique de sa famille.

En pratique, cet état de fait découle d’une décision de la commune flamande de Tervueren, où réside le prince Laurent. L’officier de l’État civil a ainsi décidé d’attribuer au fils du roi Albert II le patronyme van Saksen-Coburg.

Car le nom des membres de la famille royale, et c’est une particularité issue de la constitution belge qui existe dans nos trois langues nationales, est “de Saxe-Cobourg”, “van Saksen-Coburg” ou “von Sachsen-Coburg”.

En théorie, c’est l’un de ces noms qui doit nécessairement apparaître sur leur carte d’identité. En quelle langue ? C’est l’état civil de la commune concernée qui la détermine. Si le prince Laurent avait résidé à Wavre, son nom aurait probablement été de Saxe-Cobourg, et de von Sachsen-Coburg s’il avait été domicilié à Eupen.

Ainsi, c’est sous le nom “de Saxe-Cobourg” que la princesse Elisabeth est inscrite à l’université d’Oxford, et non pas de Belgique. Le prince Gabriel est quant à lui inscrit à l’école militaire sous le nom “van Saxen-Coburg”.

L’arrêt de la cour d’appel de Bruxelles qui, en 2020, a octroyé officiellement à Delphine le titre de princesse de Belgique, n’a laissé aucun doute à ce sujet. Ainsi, Delphine a pris le nom de son père, de Saxe-Cobourg-Gotha, alors qu’elle était née Boël.

Le cas du passeport de la princesse Esmeralda, qui réside à Londres, a davantage l’allure d’une confusion de l’ambassade de Belgique à Londres, qui délivre les passeports. C’est bien le nom Esmaralda de Saxe-Cobourg qui aurait dû être employé.

”Personne ne m’a jamais dit que je devais renoncer à m’appeler “de Belgique”, a-t-elle encore assuré à La Libre. À raison.

Limiter la prolifération des princes et princesses

Car si l’arrêté royal de 2015 avait pour objectif de limiter la prolifération des titres de princes et de princesses de Belgique octroyés à des membres issus des branches collatérales de la famille, il a été jugé souhaitable que ceux qui disposent déjà du titre le “gardent”.

La nouvelle règle consiste à limiter l’octroi du titre de prince ou de princesse aux descendants en ligne directe – jusqu’au deuxième degré – du roi, du prince héritier ou de la princesse héritière du trône. Leur prénom est précédé du prédicat “Son Altesse Royale”.

Cela signifie que les enfants et les petits-enfants de la princesse Elisabeth seront princes ou princesses, mais que, s’agissant du prince Gabriel, du prince Emmanuel et de la princesse Eléonore, seuls leurs enfants seront encore princes, pas leurs petits-enfants, pas plus que les petits-enfants de la princesse Astrid ou du prince Laurent.

La princesse héritière, Elisabeth, peut aussi y prétendre mais il a été décidé de ne pas en faire la demande tant que la fille du roi sera aux études.