Spotify Wrapped et Strava : recherche d’authenticité en vogue
Spotify Wrapped est un récapitulatif des écoutes personnelles qui revient chaque fin d’année chez les utilisateurs de cette plateforme de streaming. Chacun et chacune reçoit un top 50 personnalisé, généré automatiquement et sur-mesure.
Une typographie noire sur fond blanc qui classe les albums, les chansons, les artistes… écoutés par chacun et chacune au cours d’une année : le Spotify Wrapped, un récapitulatif des écoutes personnelles, revient désormais, comme une vieille rengaine, chaque fin d’année chez les utilisateurs de cette plateforme de streaming. Chacun et chacune reçoit un top 50 personnalisé, généré automatiquement et sur-mesure.
L’efficacité de ce gadget marketing a été discutée de manière approfondie. Il a été souligné que les majors du streaming manquent d’éthique, notamment en ce qui concerne l’argent qu’elles n’investissent pas auprès des artistes, comment elles privilégient les grands noms, laissant les petits artistes dans l’oubli.
**Spotify et Strava, des applications qui mesurent le réel et nous mettent à nu**
Cependant, au cœur des tendances qui ont occupé les réseaux sociaux cette semaine, une belle chose a émergé. Une chose difficile à qualifier, tantôt formidable, tantôt inquiétante : cet exercice constitue une mise à nu, un moment d’authenticité. En effet, cette plateforme révèle ce que nous écoutons réellement, avec toutes nos passions coupables et nos obsessions recenser automatiquement tout au long de l’année.
Il est communément admis qu’en ce qui concerne la machine, il n’y a pas de place pour le mensonge, ni pour de petits arrangements avec la réalité. Ainsi, on peut notamment affirmer : « c’est la vérité ».
Ce principe explique également le succès de Strava, l’application qui suit et partage nos activités : minutes de course, kilomètres parcourus, chaleurs dépensées… Dans les applications sportives, comme dans le Spotify Wrapped, il existe cette même volonté de partager la réalité de nos corps : la musique qui nous fait vibrer et les battements de notre cœur pendant l’effort.
Malgré l’aspect marketing omniprésent, il en ressort un véritable partage d’intimité et d’authenticité. À une époque où nous avons appris à poster des fragments de vies filtrés et retouchés, cette démarche permet de révéler quelque chose de soi, sans mensonge. Être vrai. Une authenticité garantie par les données.
**Une quête d’authenticité pour une société qui plonge dans la solitude**
C’est là que je ne sais plus si cela est magnifique ou préoccupant. En effet, il semblerait que nous avions là une métrique de l’intimité : nos émotions décomposées en statistiques, nos efforts analysés en bytes.
Dans ce cadre, nous, êtres humains, intermédiés par des machines, sommes désespérément en quête d’authenticité, tout en ayant du mal à savoir comment la partager de manière analogique. La solitude représente une des grandes souffrances de notre époque. Elle traduit l’absence de partage d’intimité. Ainsi, il demeure incertain de savoir si nous devons tendre la main vers les machines (malgré leurs imperfections) ou au contraire refuser et résister, même au risque de manquer quelque chose.

