Belgique

Scylla et le Belgian National Orchestra : le cœur face à la puissance

Scylla a plus de 20 ans de carrière dans le rap et a rempli le Palais 12 l’année dernière. Pour la première fois en Belgique, l’orchestre national s’essaie au rap avec une performance de Scylla accompagnée de 80 musiciens.


Scylla, rappeur établi depuis plus de 20 ans, présente ses textes avec passion. Il s’est produit en freestyle et live, sans filet, et a collaboré avec le pianiste Sofiane Pamart. À quelques heures de sa première scène, il affirme : « J’avais besoin d’un nouveau défi », alors qu’il se prépare à jouer avec 80 musiciens de l’orchestre national belge.

Il y a un an, il a rempli le Palais 12 et s’est demandé quelle serait la prochaine étape. Cette réflexion l’a conduit à intégrer un orchestre symphonique pour interpréter ses textes.

Récemment, Scylla a trouvé un nouvel élan avec le format piano-voix en duo avec Sofiane Pamart. Sur les albums « Pleine lune » et « Pleine lune 2 », ses paroles prennent toute leur dimension. Ainsi, l’idée de travailler avec un orchestre de 80 musiciens est apparue comme une évolution naturelle.

Il s’agit d’une première en Belgique pour l’orchestre national, qui aborde le rap. Scylla décrit cela comme une rencontre « entre deux mondes diamétralement opposés ».

Il a fallu imaginer un nouveau format pour associer ses textes à des partitions musicales. Ce défi a été relevé par deux arrangeurs, Nico Schoeters et Ward Opsteyn, qui ont plongé dans les paroles de Scylla pour créer une orchestration complète. Ils ont déterminé les placements des instruments et cherché à équilibrer la puissance de l’orchestre avec la voix de Scylla, dans un respect mutuel.

Ce projet a nécessité près d’un an de collaboration. Une fois les partitions écrites, le défi suivant consistait à jouer avec 80 musiciens, un format très différent du duo habituel avec un piano.

Dans le rap, la précision du rythme est primordiale. En musique classique, bien que tout soit noté, le son possède une certaine liberté. Un tempo noté à 80 BPM peut en réalité fluctuer légèrement, ce qui est inacceptable dans le rap. La maîtrise du rythme doit être parfaite pour permettre à l’artiste de se mouvoir sans effort.

Le chef d’orchestre Dirk Brossé a joué un rôle clé en orchestrant l’harmonie entre l’orchestre et Scylla, garantissant le tempo et la précision, tout en étant le point de repère pour le rappeur sur scène.

Scylla et Dirk forment un duo central sur cette scène, unissant puissance et sensibilité. Les paroles de Scylla, à la fois profondes et délicates, mettent en lumière la force de l’orchestre, tandis que celui-ci soutient l’émotion et la sensibilité des textes. Pour Dirk, ces textes sont même « romantiques ».

Cette synergie a créé une musique organique, libérée comme jamais. Scylla exprime que cela « vient chercher d’autres émotions, ça amplifie des émotions ».

Cette fusion entre deux univers a une signification particulière, révélant la place croissante du rap dans le paysage musical : « c’est significatif du fait que le rap a pris une place que personne aurait crue qu’un jour il allait prendre ».

Cette vision n’était pas nouvelle pour Scylla et Isha, qui l’avaient déjà exprimée il y a sept ans dans leur morceau « Clope sur la lune » : « le rap nous a sauvé la vie, il mérite d’être au Bozar ». Aujourd’hui, cette étape est devenue réalité.