Santé mentale des jeunes : indicateurs alarmants, risque d’épidémie.
Les indicateurs concernant la santé mentale des jeunes sont alarmants, selon le Délégué général aux droits de l’enfant, Solayman Laqdim, qui évoque « une épidémie de santé mentale » dans son rapport annuel remis au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Sophie Maes souligne que « en fonction des études, on atteint entre 25% et 50% de troubles anxieux dépressifs chez les 13 à 25 ans ».
« Les indicateurs sont alarmants, je pense qu’on n’est pas loin d’une épidémie de santé mentale ». Ainsi s’exprime le Délégué général aux droits de l’enfant, qui résume les observations de son rapport annuel remis au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. La souffrance psychologique chez les jeunes est le sujet principal mis en avant par Solayman Laqdim cette année, une manière d’attirer l’attention sur des signaux alarmants.
Sophie Maes, pédopsychiatre, corrobore ces propos, déclarant que le terme « épidémie » convient parfaitement à la situation, car « en fonction des études, on atteint entre 25% et 50% de troubles anxieux dépressifs chez les 13 à 25 ans ». Elle précise qu’aujourd’hui, avoir des troubles anxieux dépressifs est presque devenu la norme chez les adolescents et les jeunes majeurs.
Pour la pédopsychiatre, ce phénomène est en partie dû à la difficulté qu’ont les jeunes à se projeter dans l’avenir et à maintenir l’espoir dans une société de plus en plus anxiogène, confrontée à de multiples crises, qu’elles soient sanitaires, économiques ou climatiques. Les crises sont cependant intemporelles, d’autres générations en ont également connu. Sophie Maes explique que plusieurs facteurs se cumulent : « On évolue dans une société qui est de plus en plus individualiste, plus matérialiste, plus dirigée par la loi du plus fort, il y a une manière de déconstruire les solidarités qui préexistaient. […] Notre société est malade et ce sont les enfants et les adolescents qui en portent les symptômes aujourd’hui ».
Une des solutions qu’elle propose pour améliorer la santé mentale des jeunes est de recréer cette solidarité. Elle souligne que les adolescents ont véritablement besoin les uns des autres pour se construire et pour penser. Ce constat est renforcé par ses observations pendant la crise sanitaire du Covid-19, où des jeunes isolés ne parvenaient pas à exprimer leur mal-être, mais ont réussi à verbaliser leurs émotions après quelques jours passés ensemble.
Sophie Maes souligne également que les adolescents n’ont pas la même capacité que les adultes à comprendre les origines de leur souffrance et se confient souvent moins à leurs parents qu’auparavant. La solidarité et le collectif sont donc essentiels pour eux. « Les adolescents ont tendance à se confier plutôt les uns aux autres et ils ont un appareil à penser qui est groupal. Voilà une population qui est beaucoup plus sensible au collectif et je pense que nous en avons cruellement besoin dans notre société ».
Reconstruire des liens et de la solidarité est ainsi vital pour les adolescents, et bénéfiques pour l’ensemble de la société.
► Écoutez ci-dessus l’intégralité de cette interview dans le podcast Les Clés ou directement sur Auvio.

