Rwanda : un État policier redoutable en plein championnats du monde de cyclisme
Paul Kagame dirige le Rwanda d’une main de fer et promeut son pays au détriment des droits de l’Homme, de la démocratie et des libertés fondamentales. Victoire Ingabire, principale opposante du pays, a été interdite de se présenter aux élections de 2024 et a déjà passé 8 ans en prison.
Selon Benoît Feyt, « Paul Kagame dirige ce pays d’une main de fer et à travers la promotion de son pays, c’est évidemment la promotion de son régime qu’il fait… Un régime qui n’est pas reluisant en matière de droit de l’Homme, de démocratie et de libertés fondamentales. »
Derrière la façade de réussite du Rwanda se cache la réalité d’un État policier dirigé par Paul Kagame. Aujourd’hui, le Rwanda a instauré une gestion environnementale remarquablement efficace, et le pays, en particulier sa capitale, se présente comme très propre. La sécurité semble également être bien en place. Le Rwanda devient de plus en plus attractif sur le plan économique, avec Kigali se classant comme la deuxième ville de conférence sur le continent africain. Un aéroport est en construction près de la capitale, visant à devenir un hub régional. Le Rwanda, traditionnellement agricole, oriente maintenant son économie vers le tourisme et les infrastructures sportives.
Cette réussite est mise en avant par le président rwandais Paul Kagame, notamment à travers des compétitions cyclistes. Cependant, cette image d’une nation prospère masque une réalité plus sombre : arrestations de journalistes, résultats électoraux douteux et disparitions mystérieuses d’opposants. « Il y a évidemment tous les opposants politiques et notamment les principaux qui sont interdits de participer aux élections. Ils sont systématiquement emprisonnés, » déclare le journaliste Benoît Feyt. « On pense ici à Victoire Ingabire qui est la principale opposante du pays et qui a été interdite de se présenter aux élections récemment en 2024 mais également les élections précédentes, elle a passé 8 ans en prison […] elle est encore en prison à l’heure où nous parlons. »
De plus, les bénéfices de la croissance économique vantés par le Rwanda ne sont pas répartis équitablement. Ainsi, tandis que la capitale Kigali en profite largement, la pauvreté reste très présente dans les campagnes. « De toute évidence il ne s’agit pas d’une démocratie au sens où nous l’entendons en général […] Au minimum il s’agit d’un régime autoritaire et d’un État policier avec une ultrasurveillance des citoyens entre eux, avec des espions un peu partout. Les gens sont même utilisés par le régime pour de la délation, » explique Benoît Feyt.
Un Rwanda dangereux, particulièrement pour les journalistes. En janvier 2023, le journaliste rwandais John Williams Ntwali a perdu la vie dans un accident de moto-taxi à Kigali. Cet homme avait mené de nombreuses enquêtes sur les abus des droits humains et la répression des opposants au régime de Paul Kagame. Avant sa mort, il avait exprimé ses craintes pour sa sécurité. Les autorités rwandaises ont qualifié sa mort d’accident, mais le manque de transparence dans les enquêtes laisse planer des doutes.
Il est également impossible pour un journaliste étranger d’interroger des opposants au régime sans passer par des canaux non surveillés ou se rencontrer dans des lieux discrets. Récemment, le journaliste de VRT Stijn Vercruysse a été empêché de se rendre au Rwanda pour couvrir les championnats du monde de cyclisme. Il affirme : « Je pense que c’est parce que j’étais à Bukavu en février, au moment où les rebelles de M23 sont entrés dans la ville et j’ai donné beaucoup d’explications disant que le régime Rwandais a soutenu le M23 et est responsable des crimes de guerres qui ont été amenés là-bas. »
Cet exemple illustre les limites du soft power à travers le sport dans le contexte rwandais.

