Russie : en 2026, la population supportera plus le coût de la guerre en Ukraine.
La guerre en Ukraine absorbe 40% des dépenses publiques russes. Pour 2026, les dépenses de défense et de sécurité restent stables à environ 8 % du PIB, contre à peine 2 % en moyenne pour l’Union européenne.
La guerre en Ukraine accapare 40 % des dépenses publiques russes. Les revenus tirés des hydrocarbures sont en déclin, notamment à cause des sanctions. Ainsi, les fonds nécessaires doivent être recherchés dans les poches des citoyens. L’année dernière, une augmentation des impôts avait déjà été mise en place, avec une réforme de l’impôt sur le revenu, mais cette année, la pression fiscale sur les entreprises et les particuliers se renforce.
Pour la première fois depuis plusieurs années, la Russie va augmenter l’un de ses impôts les plus sensibles l’année prochaine. Le ministère des Finances a annoncé une hausse de la TVA de 20 à 22 %, applicable à partir du 1er janvier 2026. De plus, le gouvernement a décidé de réduire le seuil de chiffre d’affaires à partir duquel les petites entreprises seront soumises à la TVA, le faisant passer de 60 millions à 10 millions de roubles. Concrètement, cela signifie que des milliers de petites sociétés de services, auparavant exonérées, devront maintenant reverser la taxe à l’État.
### La Russie cherche à combler un déficit budgétaire en forte détérioration
L’économie russe, qui avait initialement bénéficié des commandes militaires et des subventions publiques, entre désormais dans une phase de ralentissement.
La croissance ne devrait pas dépasser 1 % cette année, alors qu’elle avait été supérieure à 4 % en 2024. Les revenus générés par le pétrole et le gaz sont également en diminution à cause des sanctions et de la chute des prix du brut. Dans ce contexte, Moscou ne peut plus compter sur sa rente énergétique, ce qui rend nécessaire de puiser dans les ressources des contribuables. Il convient de rappeler que la Russie n’a plus accès aux marchés financiers internationaux pour financer ses emprunts.
Le budget 2026 repose sur des hypothèses délicates : un prix du baril fixé à 70 dollars, largement au-dessus des prévisions internationales, et un déficit projeté à 1,6 % du PIB, ce que nombre d’économistes estiment peu crédible. Jusqu’à présent, le déficit était en partie compensé par le fonds souverain russe. Cependant, ce fonds s’assèche alors que les réserves servent à financer la guerre. Pour 2026, les dépenses de défense et de sécurité devraient rester à un niveau élevé, environ 8 % du PIB, contre à peine 2 % en moyenne pour l’Union européenne.
Étant donné qu’une partie du budget est classifiée, il est difficile de savoir précisément où va l’argent. Certaines dépenses, supportées par les régions, ne figureront pas dans les comptes, mais des spécialistes estiment que la défense représente près de 40 % des dépenses de l’État russe.
### Pour financer la guerre en Ukraine, les Russes vont désormais payer
Ces augmentations d’impôts signifient une rupture avec le dogme du Kremlin selon lequel la guerre n’affecterait pas la vie quotidienne des Russes.
La hausse générale des prix semble inéluctable en Russie : les économistes estiment qu’elle pourrait atteindre entre 10 et 20 % selon les catégories de biens. Dans un pays déjà marqué par une inflation proche de 10 %, la situation pourrait encore amoindrir le pouvoir d’achat et freiner la consommation intérieure.
Pendant longtemps, le Kremlin a voulu faire croire que la guerre n’impacterait pas la vie quotidienne, promettant de protéger les citoyens des coûts du conflit. Cela appartient désormais au passé. Les augmentations d’impôts et la stagnation des salaires frappent durement les classes moyennes urbaines, qui avaient été courtisées pour leur loyauté politique.
Dans le même temps, les bénéficiaires de l’économie de guerre — les soldats, les familles de militaires, l’industrie de l’armement — sont largement favorisés. Le budget russe de 2026 témoigne de cette redistribution : un transfert de richesses vers l’appareil militaire au détriment du secteur civil. En dehors de l’armement, l’économie stagne.

