Belgique

Robert Doisneau : 400 clichés au musée de La Boverie, un univers humaniste.

Les près de 400 photos exposées à La Boverie ont été sélectionnées parmi 450.000 clichés, avec la collaboration des filles du photographe, fondatrice de l’Atelier Robert Doisneau. L’exposition « Robert Doisneau. Instants donnés » est à découvrir dès ce 31 octobre jusqu’au 19 avril 2026 à La Boverie à Liège.


Robert Doisneau et son appareil photo formaient un tout. Les près de 400 photos présentées à La Boverie ont été choisies parmi 450 000 clichés, grâce à la collaboration de ses filles, qui ont fondé l’Atelier Robert Doisneau. Annette Doisneau raconte : « L’appareil photo était un cinquième membre de la famille, si vous voulez. Mon père, dès qu’il se levait, avait son Rolleiflex en main. Quand nous partions en vacances, avant de démarrer la voiture, il se retournait en demandant : les filles, est-ce qu’il y a bien sous vos pieds, mon appareil photo ? » Elle ajoute : « Ces 450 000 clichés ne sont pas n’importe quoi. Il y a des pépites ! »

### Sortir Doisneau de l’image d’Epinal

Des œuvres comme « Le violoncelle sous la pluie », « Le cadran scolaire » ou « Le Baiser de l’Hôtel de Ville » sont gravées dans les mémoires. Mais au-delà de ces images emblématiques, connaît-on vraiment son œuvre ? Francine Deroudille, sa fille, déclare : « Cette exposition a été conçue pour ça. On avait envie que vous le connaissiez mieux ! Nous voulions sortir de cette image d’Epinal de l’homme qui photographie les enfants jouant dans la rue ou les amoureux s’embrassant aux terrasses des cafés… Nous souhaitions montrer une partie de son travail essentiellement social. Il a beaucoup travaillé pour la presse de gauche, sur des commandes abordant la société de son temps. Nous voulions mettre en avant des photos très peu, voire pas vues du tout. »

Ainsi, sous le thème « Gravités », l’exposition met en lumière l’expérience de Doisneau en tant que photographe d’entreprise chez Renault dans les années 30. Sa photographie aborde la pauvreté et la dureté du monde du travail, comme celui des mineurs ou des prostituées, tout en conservant un réalisme poétique. Isabelle Benoit, commissaire de l’exposition, explique : « Son matériel de base, c’est la réalité, mais il y apporte un regard poétique. Parfois, la poésie domine la réalité, et d’autres fois, c’est la réalité qui engloutit la poésie. Pourtant, la douceur et la bienveillance de Robert Doisneau demeurent. » Elle précise également son appartenance au courant humaniste, qui regroupe des photographes s’intéressant à l’être humain dans sa simplicité, se positionnant en contrepoint de la photographie de guerre qui glorifie l’héroïsme.

### La parenthèse belge et liégeoise

Robert Doisneau a visité la Belgique six fois entre 1956 et 1970 pour réaliser des reportages. L’exposition intègre des photographies inédites des Gilles de Binche, des canaux de Bruges, ou encore de l’Exposition de 1958. À Paris, il capture l’écrivain liégeois Georges Simenon au Musée Grévin. À Liège, il photographie la Tour cybernétique, œuvre de Nicolas Schöffer, à quelques mètres du musée de La Boverie. Isabelle Benoit raconte : « Ce fut une découverte incroyable pour nous lors de la conception de l’exposition de réaliser que Robert Doisneau avait foulé de ses pieds le parc de La Boverie et photographié cette œuvre, à la demande de l’artiste. »

### Une créativité intacte sous commande

Même sous la contrainte d’une commande, Robert Doisneau préservait sa créativité et sa curiosité. Francine Deroudille conclut : « Il avait une curiosité incroyable pour la personne qu’il avait en face de lui. Il voulait comprendre des métiers différents, des milieux divers. »

« Robert Doisneau. Instants donnés » est une exposition réalisée par un commissariat collectif rassemblant Tempora et l’Atelier Robert Doisneau. Elle est visible dès le 31 octobre jusqu’au 19 avril 2026 à La Boverie à Liège.