Belgique

Rentrée dans le supérieur : UCLouvain met l’accent sur l’intelligence artificielle et l’absentéisme

La pandémie de Covid et l’évolution des technologies ont accentué l’absentéisme parmi les étudiants, selon l’UCLouvain. L’université va expérimenter de nouvelles façons d’enseigner, avec dix auditoires réaménagés pour la rentrée, afin de favoriser l’interactivité.


Des étudiants absents aux cours, peu importe la cause, ont toujours existé. Toutefois, la pandémie de Covid et les avancées technologiques ont amplifié ce phénomène, selon l’UCLouvain. De nombreux étudiants estiment pouvoir s’en sortir sans assistance.

« Ça peut se comprendre, » déclare Françoise Smets, rectrice de l’UCLouvain. « Dans les cours magistraux, l’étudiant ne trouve peut-être plus vraiment quelque chose qui lui est utile. Il peut avoir accès à l’information d’une autre manière. L’accès total et complet à l’ensemble des connaissances et l’arrivée de l’intelligence artificielle expliquent cette augmentation de l’absentéisme. »

Néanmoins, assister aux cours en présentiel, entouré d’autres étudiants, apporte une réelle valeur ajoutée. « Apprendre reste essentiel et on le fait souvent mieux ensemble, » poursuit Françoise Smets. « Permettre aux étudiants d’avoir aussi cet aspect de sociabilisation et de collaboration lorsqu’ils viennent en cours, en dehors de l’apprentissage, est également essentiel à nos yeux. Et s’ils ne viennent pas, nous ne pouvons pas réaliser cela. »

Pour inciter les étudiants à revenir en cours, l’université va expérimenter de nouvelles méthodes d’enseignement plus interactives. Dix auditoires ont été réaménagés pour la rentrée, ce qui constitue un début. « On change le mobilier, on met des chaises à roulettes et des grandes tables à partager, on installe des panneaux où tout le monde peut inscrire ses idées. L’aménagement des locaux et la sélection du mobilier peuvent ainsi favoriser cette interaction et des cours plus dynamiques. »

Les enseignants s’adaptent également. De nombreux programmes ont été modifiés afin que les étudiants ne soient plus passifs dans les salles, mais deviennent de véritables acteurs de leur formation.

Un autre défi pour l’UCLouvain est l’utilisation croissante de l’intelligence artificielle. L’université souhaite s’assurer que les étudiants et le personnel l’utilisent de manière éthique et responsable. « Nous allons lancer un outil qui a été développé à l’UCLouvain, pour toute la communauté et particulièrement pour nos étudiants, » annonce la rectrice. « Ce sera un outil de qualité, accessible gratuitement, basé sur un moteur d’intelligence artificielle européen garantissant la propriété intellectuelle des données qu’il contient. Il permettra par exemple aux étudiants d’avoir un tuteur pour les aider dans leurs études, ce qu’ils ont beaucoup fait lors des sessions précédentes. Cet outil sensibilisera également aux impacts énergétiques, avec un compteur intégré, et rappellera les limites de l’intelligence artificielle. »

Cependant, bien que l’intelligence artificielle soit un outil prometteur, elle ne peut pas tout accomplir dans le parcours universitaire d’un étudiant. « Il est plus que jamais nécessaire de leur enseigner à garder un esprit critique, à remettre en question, à savoir où chercher de bonnes sources, à travailler ensemble et à résoudre des problèmes complexes. Pour cela, l’intelligence humaine sera toujours indispensable. »

Enfin, l’intelligence artificielle offre également une occasion de faire évoluer les méthodes d’enseignement et les compétences que les étudiants doivent acquérir, ainsi que la manière dont elles sont évaluées. « Se contenter de remettre un travail écrit ne permet plus d’évaluer correctement si des compétences ont été acquises, » précise Françoise Smets. « Il faudra une défense orale ou, au minimum, que les étudiants décrivent comment ils ont utilisé l’intelligence artificielle pour produire le travail et le regard critique qu’ils ont porté sur cette utilisation. »