Réforme des primes et prêts rénovation : la Wallonie respectera-t-elle le calendrier ?
La ministre wallonne du Logement et de l’Energie, Cécile Neven, a présenté ce vendredi la réforme du gouvernement wallon en matière de rénovation du bâti, qui interdit le remplacement des chaudières au mazout à partir du 1er janvier 2031. Actuellement, 40% des ménages wallons se chauffent encore au mazout et le gouvernement souhaite privilégier les chaudières Biomasse à bois ou à pellets ou les pompes à chaleur, avec des coûts estimés entre 10.000 et 15.000 euros minimum.
La ministre wallonne du Logement et de l’Énergie, Cécile Neven, a présenté ce vendredi la réforme du gouvernement wallon concernant la rénovation des bâtiments. Cette vision « intégrée », selon le communiqué, combine soutien financier, calendrier de rénovation et dispositif d’accompagnement. Les 120 primes actuellement dispersées sont remplacées par des prêts à taux préférentiels (Renopack et Rénoprêt). Les certificats PEB classés F et G disparaîtront dans 10 ans, et tous les bâtiments résidentiels ou non devront afficher au minimum un label E. De plus, les chaudières au mazout ou au charbon seront interdites : à partir du 1er janvier 2031, il sera interdit de remplacer une telle chaudière, quel que soit le type de bâtiment.
Cette feuille de route claire a été saluée par les acteurs du secteur, notamment Embuild Wallonie (la Fédération de la construction), qui met en avant la prévisibilité qu’elle offre aux propriétaires ainsi qu’aux professionnels de la construction et de la rénovation. Toutefois, le calendrier et les délais jugés très courts suscitent le scepticisme face à l’ampleur des tâches qui s’annoncent.
Les grandes lignes de la réforme sont établies, mais Hugues Kempeneers, directeur général d’Embuild Wallonie, souhaite connaître davantage de détails. « Le mécanisme est intéressant. Mais maintenant, la question qui se pose, c’est : pour qui, pour faire quoi et pour combien ? On a vraiment besoin d’avoir des éclaircissements rapidement, car le 1er octobre 2026, c’est dans neuf mois. »
Il souligne que, pour atteindre les objectifs de PEB A en 2050, il faudra rénover 20 logements par heure jusqu’en 2050. « 50 % des habitations en Wallonie ont été construites avant la 2e guerre mondiale. Si on veut atteindre les objectifs de PEB A en 2050, on doit rénover 20 logements toutes les heures jusqu’en 2050 ! » rappelle-t-il.
Kempeneers ajoute que cette feuille de route est nécessaire car ceux qui achèteront un bien en 2028 auront cinq ans pour améliorer sa performance énergétique. « Les balises sont là, y compris pour les logements existants. » Cela devrait également compenser la hausse des prix des passoires énergétiques, selon lui. Il précise que « maintenant que les ménages savent qu’ils devront effectuer des travaux dans les PEB F et G qu’ils achètent, cela aura un impact sur le prix d’achat. »
Concernant la transition énergétique, au moins 40 % des ménages wallons se chauffent encore au mazout. La réforme vise à accélérer ce changement. À partir du 1er janvier 2026, il sera interdit d’installer des chaudières au mazout ou au charbon dans les nouveaux bâtiments. Dès le 1er janvier 2027, il sera également interdit de remplacer une chaudière au mazout dans les bâtiments profondément rénovés. Et à partir du 1er janvier 2031, cette interdiction s’appliquera à tous les bâtiments.
Le gouvernement encourage l’utilisation de chaudières à biomasse ou à pellets, ou encore de pompes à chaleur, avec des coûts de travaux estimés entre 10.000 et 15.000 euros minimum.
Hugues Kempeneers met en avant l’urgence des délais : « 2031, c’est demain. Donc, il va falloir absolument se mettre autour de la table pour accompagner le secteur qui devra se former à de nouvelles techniques. » Il interroge également la réglementation concernant les remplacements de chaudières : « Si une chaudière tombe en panne mais qu’il faut juste remplacer le brûleur, est-ce que ça, c’est autorisé ? »
Un autre défi majeur pour le secteur de la construction réside dans la disponibilité de la main-d’œuvre. « Aujourd’hui, nous cherchons encore 5 à 6000 personnes dans le secteur,” souligne-t-il. De plus, 96 % des entreprises opérant dans ce domaine comptent moins de dix employés, ce qui limite leur capacité à répondre à la demande croissante.
La rénovation du parc locatif en Wallonie représente également un enjeu. Le Rassemblement wallon pour le droit à l’habitat (RWDH) accueille plutôt bien la réforme, tout en ayant quelques réserves quant au timing. « On attendait d’être encore consulté par la ministre et le gouvernement donc on s’étonne de l’annonce de ce vendredi. Mais il faut reconnaître que cela envoie un message positif envers les propriétaires, et donc, par ricochet, aux locataires, » précise Arnaud Bilande, coordinateur au sein du RWDH.
Il souligne l’importance de cette réforme pour améliorer la qualité des logements, en particulier dans des villes où une grande part des habitations est louée. « Dans une ville comme Charleroi par exemple, 50 % des logements sont occupés par des locataires, et certains biens sont à la limite de l’insalubrité. Cette réforme va donc dans le bon sens, car elle imposera aux bailleurs de rénover. » Toutefois, il insiste sur la nécessité d’un dispositif d’encadrement des loyers, sinon le risque d’une flambée des prix est réel.

