Belgique

Qu’est-ce qui pousse les jeunes à s’engager en politique ? “Nous devons être présents pour avoir un impact”

“Les jeunes ne s’intéressent pas à la politique”. C’est une phrase que l’on entend bien trop souvent. Et pourtant, être étudiant et engagé politiquement, c’est possible et bien plus récurrent que ce que l’on pourrait penser. Mouvement des Jeunes Socialistes (MJS), Génération engagée, Jeunes MR, Comac ou encore écolo J, les mouvements de jeunesse des partis francophones permettent aux adolescents et jeunes adultes de s’engager. Et ces “jeunesses des partis” fonctionnent assez bien. A titre d’exemple, le MJS compte pas moins de 2180 membres (en date de janvier 2022).

Des motivations qui divergent

Mais pourquoi certains étudiants désirent-ils se lancer dans l’aventure politique ? Pour y répondre, nous avons sondé certains d’entre eux. Tanguy Delporte est l’actuel co-président de la fédération Luxembourg du Mouvement des Jeunes Socialistes. Il est également délégué à l’action commune du mouvement. C’est en 2017 qu’il annonce à ses parents son envie de rejoindre un parti. Il ressent le besoin de partager son avis sur certains sujets. Il contacte alors le PS, qui l’accueille “à bras ouverts”.

Axel Cambron s’est lui engagé, “non pas par conviction d’avoir une carrière politique, mais pour comprendre notre système”. Il est aujourd’hui co-président de la représentation provinciale namuroise de Génération engagée (anciennement Jeunes CDH).

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Les jeunes sont souvent oubliés et c’est cela qui bloque énormément. Et quoi de mieux que des jeunes pour parler de sujets de jeunes ?

Marie Ileka ne s’est pas non plus engagée par conviction politique mais bien personnelle. En effet, la cause environnementale et l’écologie lui tiennent à cœur. C’est cela qui l’a poussée à rejoindre écolo J (la jeunesse d’Ecolo). Grâce à cela, elle a pu s’informer sur la politique sans pour autant être directement impliquée dans un parti. Aujourd’hui, Marie est membre du comité exécutif chez écolo J.

Pour Cloë Machuelle, Présidente du Comac (mouvement national étudiant du PTB) de Louvain-la-Neuve, c’est l’état actuel du monde qui l’a poussée à s’engager politiquement. De plus, féministe assumée, elle ne voyait pas comment combattre le sexisme via les différents partis politiques francophones dits traditionnels. C’est au sein du Comac qu’elle a trouvé des réponses à ses questions.

Pour terminer ce petit tour de table, Loïc Demarteau s’est lui engagé chez Défi par amour pour sa ville de Namur. Après une belle surprise, il devient conseiller communal à 21 ans. L’important pour lui, c’est de pouvoir donner son avis, construire, proposer des alternatives pour cette ville qu’il affectionne tant. Les questions locales, c’est ce qu’il aime. Aujourd’hui, Loïc a quitté Défi pour le MR.

Un enjeu pour notre démocratie

Bien que leurs motivations divergent, les cinq intervenants s’accordent pour dire qu’il est important que les jeunes soient présents dans la sphère politique, d’une quelconque manière. Tanguy Delporte (MJS) explique que “les jeunes sont souvent oubliés et c’est cela qui bloque énormément. Et quoi de mieux que des jeunes pour parler de sujets de jeunes ? ”. L’objectif pour lui est de faire remonter les demandes des jeunes citoyens vers nos élites politiques. Selon Cloë Machuelle (Comac), “la jeunesse porte en elle l’envie de changement et la conscience que le monde ne va pas bien”. De plus, les problématiques qui concernent les jeunes sont différentes et sont directement liées aux réalités de terrain, d’après elle. “Il est important que les jeunes s’engagent. On a tendance à oublier que les jeunes ont un réel impact sur les décisions politiques” ajoute Axel Cambron (Génération engagée).

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Les jeunesses politiques permettent de confronter directement les idées avec les partis et de donner l’impulsion.

L’enjeu principal pour Marie Ileka (écolo J), ce n’est pas tant de s’engager réellement dans un parti ou dans la jeunesse d’un parti, mais plutôt “d’être conscient des enjeux de la politique”. Elle ne pousse donc pas à s’engager, mais bien à s’informer et à jouer son rôle de jeune citoyen. Enfin, pour Loïc Demarteau (MR), “les jeunesses politiques permettent de confronter directement les idées avec les partis et de donner l’impulsion”. Car, il faut rappeler que même si les jeunesses sont souvent liées à un parti, cela ne signifie pas que les idées y sont identiques. Loïc attire aussi l’attention sur l’importance de s’investir politiquement, à 100 %, dans un parti au moment de la majorité.

On comprend, à travers ces témoignages, l’importance des jeunesses afin de garantir et d’encourager un régime démocratique comme celui de la Belgique.

Dans un an, les élections…

Dans un peu plus d’un an, les Belges seront appelés aux urnes pour les élections européennes, fédérales, et régionales. Pour ces élections, les mouvements de jeunesse des partis se mobilisent, chacun à leur manière. Il est cependant important de “ne pas faire d’amalgame entre les jeunesses et les partis politiques car ce sont deux choses très différentes”, selon Marie Ileka (écolo J). Un avis partagé par Cloë Machuelle (Comac) : “Comac est une jeunesse à part entière avec sa propre direction, ses propres campagnes… Tous nos membres ne sont pas membre du PTB”. Loïc Demarteau (Jeunes MR) insiste sur l’indépendance des jeunesses vis-à-vis des partis politiques. “Certes, elles y sont fortement liées mais chacun peut avoir sa position sur certains sujets divers et variés”.

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Ne pas faire d’amalgame entre les jeunesses et les partis politiques car ce sont deux choses très différentes

Il est cependant très important que des discussions aient lieu entre les jeunesses et les partis afin de rendre compte des réalités impliquant les jeunes. “Les jeunesses nourrissent les programmes des partis”. Pour Marie Ileka, “les jeunes d’écolo J jouent le rôle de tireurs d’alarme, ils interpellent Ecolo concernant des positions, des valeurs sur lesquelles il faudrait mieux s’aligner. Ecolo J amplifie la voix des jeunes”. Tanguy Delporte partage aussi cette idée. Au MJS, on joue d’ailleurs un rôle de “messager”, à l’approche des élections. “On sonde, on part à la rencontre des membres du Mouvement des Jeunes Socialistes afin d’écouter leurs revendications principales, leurs attentes concernant le PS”. Cela permet de créer une union à l’approche des élections de 2024.

Mais même si jeunesses et partis sont différents, certains jeunes désirent parfois se présenter sur les listes, et ainsi tenter une aventure politique différente. Pour eux, certaines jeunesses s’organisent, les soutiennent afin de leur permettre de réussir cette expérience qu’est la campagne politique. “Avec l’équipe provinciale de Namur, on a prévu de préparer la campagne des jeunes désirant se lancer dans l’aventure des élections communales” explique, par exemple, Axel Cambron (Génération engagée).

Certains jeunes s’engagent donc dans des jeunesses de partis, discutent avec les élus, trouvent des solutions, mettent en avant certaines de leurs revendications. Dire que les jeunes ne s’intéressent pas à la politique est donc un peu réducteur.