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Quels trésors ne sont pas présentés au nouveau Grand Musée Égyptien ?

La barque funéraire du pharaon Khéops, longue de 42 mètres et pesant 20 tonnes, a été découverte en pièces détachées en 1954 et reconstituée en 10 ans. Le trésor de Toutankhamon, comprenant près de 5400 objets, sera montré pour la première fois depuis sa découverte par Howard Carter en 1922, à partir du mardi 4 novembre.

La grande barque solaire de Khéops

© Olaf Tausch, CC BY 3.0, via Wikimedia Commons

Dans un bâtiment distinct du reste du complexe repose un immense bateau en bois, la barque funéraire du pharaon Khéops. Découverte en pièces détachées en 1954 lors de travaux près de la Grande Pyramide, sa reconstitution a pris 10 ans. Mesurant 42 mètres de long et pesant 20 tonnes, elle est exposée dans un bâtiment légèrement trop petit pour elle depuis les années 1970.

Il n’est pas certain de la fonction exacte de cette barque gigantesque. La théorie la plus généralement acceptée est qu’il s’agit d’un bateau utilisé lors des funérailles du pharaon Khéops, mort au 26e siècle avant notre ère. Toutefois, elle n’aurait pas nécessairement navigué sur le Nil ; elle aurait probablement eu une fonction symbolique, servant à transporter l’âme du pharaon vers l’au-delà.

La tombe de la reine Hétep-Hérès

Le trône de la reine Hétep-Hérès. © De Agostini via Getty Images – DEA / A. DAGLI ORTI

Hétep-Hérès Ire fut l’épouse du pharaon Snéfrou et la mère de Khéops. En 1925, des archéologues découvrirent sa tombe dissimulée au pied de la pyramide de son fils. Celle-ci semble presque intacte, il ne manque que les bijoux en or et surtout la momie de la reine.

Les égyptologues estiment que ce lieu ne correspond pas à sa sépulture d’origine, qui aurait dû être située près de son mari à Dhachour. Cependant, la sépulture fut visitée par des pilleurs peu de temps après les funérailles, qui emportèrent la momie. Khéops fit alors déplacer ce qui restait du trésor près de son futur tombeau.

Le mobilier funéraire de la reine est exceptionnel de par son ancienneté. Aucune autre chambre royale aussi antique n’a été découverte dans un tel état de conservation. Outre le sarcophage de la momie disparue, le trésor de la tombe d’Hétep-Hérès comprend des sièges recouverts de feuilles d’or, une chaise à porteur en parfait état, un lit doré et une boîte contenant les quatre vases canopes, qui devaient accueillir les organes retirés de la momie. On n’a jamais retrouvé de boîte canope de ce type aussi ancienne, ce qui a conduit les archéologues à penser qu’Hétep-Hérès aurait pu être la première Égyptienne à se faire momifier de cette manière.

Le colosse de Ramsès II

Le colosse de Ramsès II installé dans le grand hall du GEM en 2019. © BELGA/AFP

Ramsès II a laissé un grand nombre de statues et sculptures à son effigie. Les colosses à son image sont nombreux et imposants. Celui exposé dans le grand hall du GEM mesure 11 mètres de haut et pèse 80 tonnes. Entièrement sculpté dans le granit d’Assouan, il est dans un état de conservation exceptionnel. De part et d’autre de ses jambes, on peut voir des représentations de deux de ses enfants, parmi la centaine qu’il a engendrée.

Célébrant le souverain mythique qui régna durant 66 ans sur l’Égypte, le colosse était initialement installé à Memphis, la capitale du royaume. Il se trouvait à l’entrée du temple du dieu Ptah, où il protégeait le sanctuaire. Il était vénéré comme une divinité, avec des offrandes et des cérémonies célébrées à ses pieds.

Le transport du colosse en 2018.

Le colosse a été retrouvé au 19e siècle, enterré et brisé en six morceaux. Dans les années 1950, il a été installé en pleine rue, devant la gare du Caire, où il a été menacé par la pollution pendant des décennies. En 2018, il a été amené dans les bâtiments en construction du GEM et est maintenant bien protégé, accueillant les visiteurs du musée à leur arrivée, offrant un face-à-face impressionnant pour commencer la découverte des lieux.

L’obélisque de Tanis

L’obélisque de Tanis accueille les visiteurs du GEM. © 2024, dpa (www.dpa.de)

Haut de près de 16 mètres, l’obélisque de Tanis date également du règne de Ramsès II, qui en fit ériger dix sur le site de Tanis, dans le delta du Nil. Cet obélisque est le plus haut parmi l’ensemble. Ses hiéroglyphes rendent hommage au roi et mentionnent son nom de naissance, celui qu’il abandonna en montant sur le trône.

Pesant 87 tonnes, l’obélisque est situé à l’extérieur du musée, sur une place de 30 000 m², devant l’entrée principale. C’est le premier objet visible par les visiteurs à leur arrivée sur le site. Cet obélisque est unique en son genre en Égypte, car il est « suspendu » : il est en effet placé sur une plateforme soutenue par quatre piliers massifs, reposant sur un vaste socle en béton, ce qui donne l’illusion qu’il flotte dans les airs. Une prouesse technique moderne pour magnifier une prouesse architecturale ancienne.

Le trésor de Toutankhamon

Le sarcophage de Toutankhamon lors de restaurations en 2019. © BELGA/AFP

C’est l pièce maîtresse du musée. Pour la première fois depuis sa découverte par Howard Carter et son équipe en 1922, l’intégralité du trésor de Toutankhamon est enfin exposée au monde après des années de restauration. Près de 5400 objets ont été retrouvés dans un tombeau quasiment intact, où reposait le jeune pharaon depuis des millénaires.

Toutankhamon, fils du pharaon « hérétique » Akénaton, est mort aux environs de ses 20 ans, vraisemblablement de maladie. C’est surtout sa découverte incroyable, la plus importante jamais faite en Égypte, qui fera la une et fera entrer son nom dans l’histoire. À son ouverture, la tombe contenait encore tout son mobilier funéraire. Jamais une telle découverte n’avait été réalisée.

Parmi ces objets de incroyable richesse, on trouve le sarcophage en or, qui contient toujours la momie du jeune roi (toujours conservée dans la tombe aujourd’hui), son char de guerre, son trône, et bien sûr, son légendaire masque funéraire, probablement l’un des objets les plus célèbres au monde.

Fait d’or et de lapis-lazuli, Toutankhamon y est représenté à l’image des dieux Osiris et Ré, parmi les plus importants du panthéon égyptien. Lorsque Carter ouvrit les 7 chapelles et les 7 cercueils contenant la momie, le masque était toujours sur ses épaules. On peut imaginer la stupéfaction de l’archéologue britannique à la découverte de cette splendeur sans pareil.

À partir de mardi 4 novembre, jour anniversaire de la découverte de la tombe, les visiteurs du monde entier pourront ressentir cette même émotion en admirant les trésors du mythique pharaon, rassemblés dans 3 galeries dédiées.

Les trésors absents

Le buste de Néfertiti, la pierre de Rosette et le zodiac de Denderah sont toujours réclamés par l’Egypte pour intégrer le GEM. © AFP – BELGA

L’ouverture du GEM a également été l’occasion pour l’Égypte de réaffirmer ses revendications concernant le retour de trois de ses artefacts archéologiques majeurs, souvent considérés comme les grands absents de cette inauguration.

Parmi ces demandes de restitution et différentes pétitions, la célèbre pierre de Rosette, exposée au British Museum de Londres, dont les inscriptions ont permis à Jean-François Champollion de décoder les hiéroglyphes il y a deux siècles. Il y a aussi le buste de Néfertiti, une représentation iconique de la reine légendaire, conservée au Neues Museum de Berlin. Enfin, le magnifique zodiaque de Denderah, actuellement exposé au Louvre, un plafond sculpté représentant la voûte céleste et les constellations, datant du règne de Cléopâtre.

Les représentants britanniques, allemands et français n’ont pas manqué de prêter attention aux doléances égyptiennes lors de la cérémonie d’ouverture.

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Le Caire : La Grand Musée égyptien à la gloire des pharaons

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