Que vont devenir les bijoux volés au Louvre ?
Voler un bijou n’est jamais un geste anodin, et trois hypothèses se dessinent concernant le vol des bijoux au Louvre : demander une rançon, fournir un collectionneur privé obsessionnel, ou essayer de revendre les bijoux. Les chances de retrouver des œuvres d’art volées tournent autour de 5 à 10 % selon Jan-Piet Callens, ancien enquêteur de la cellule œuvres d’art et antiquité de la police fédérale de Bruxelles.
Trois hypothèses principales
Le vol d’un bijou n’est jamais un acte anodin. Derrière le bruit des vitrines brisées, il y a toujours une motivation. Parfois, il s’agit du profit, d’autres fois de la passion. Au Louvre, les voleurs des parures impériales ont probablement agi selon une logique précise. Trois hypothèses émergent :
- Demander une rançon.
- Approvisionner un collectionneur privé obsédé.
- Tenter de revendre les bijoux.
La troisième hypothèse semble la plus plausible dans le cas du vol des huit bijoux du musée du Louvre, car les objets dérobés sont des bijoux anciens très reconnaissables. Jean-Norbert Salit, expert en joaillerie ancienne chez Antenor Auction, explique : « D’une part, les saphirs, même s’ils sont de Ceylan, sont des pierres excessivement rares sur le marché parce qu’elles sont très plates. D’autre part, les diamants volés sont uniques. Dans tous les bijoux d’histoire de France, ceux-ci sont liés aux collections de Louis XIV car ils sont liés à des diamants de Golconde, commercialisés vers 1630-1650. Et après 1720, il n’y a plus de mines Golconde. On parle de ces diamants dits de Golconde car le type Golconde a une typologie. Ils n’ont pas d’azote. Et ce défaut d’azote dans la chaîne nucléaire fait qu’il réagit totalement différemment à certaines lumières, il coule. Ce qui fait que Louis XIV était un collectionneur éminent de pierres précieuses. Il est impossible que ces bijoux apparaissent tels quels dans des ventes publiques, chez de grands antiquaires ou négociants de pierres précieuses. »
Cependant, les pièces démontées valent souvent beaucoup moins que l’objet entier. C’est le cas, par exemple, du grand corsage en forme d’arc de l’impératrice Eugénie, composé de 2438 diamants. Le Louvre l’avait acheté à un collectionneur privé américain en 2008 pour 6,72 millions d’euros, mais les diamants ne sont pas d’une qualité exceptionnelle individuellement.
Les bijoux volés sont systématiquement répertoriés dans les bases de données de la police, d’Interpol ou dans des bases privées, ce qui rend presque impossible la revente du butin tel quel.
Les malfaiteurs peuvent essayer de transformer leur butin en refondant les matières comme l’or ou en retravaillant les pierres pour remettre le tout sur le marché sous une nouvelle forme. Jan-Piet Callens, ancien enquêteur de la cellule œuvres d’art et antiquité de la police fédérale de Bruxelles, confirme qu’il est alors beaucoup plus facile de revendre son butin sous cette forme que n’importe quel autre objet d’art volé, comme un tableau, un vase ou une pièce en argenterie.
Les chances de retrouver des œuvres d’art volées se situent entre 5 et 10 %, selon Jan-Piet Callens, ancien enquêteur de la cellule œuvres d’art et antiquité de la police fédérale de Bruxelles.
Plus de cellule d’enquêteurs spécialisés en Belgique
À l’inverse de la France ou de l’Italie, la Belgique n’a plus de cellule spécialisée dans la lutte contre le trafic de biens culturels. Pourtant, Anvers, capitale européenne du diamant, est la cible favorite du grand banditisme français. Le quartier des diamantaires est rempli de caméras de surveillance et une unité spéciale de la police locale y est installée. Ses membres collaborent avec des enquêteurs du monde entier.
Les professionnels du secteur informent régulièrement les autorités en cas de doutes, comme le confirme Olivia Roussev, directrice de la salle de vente Antenor Auction : « Avec notre expérience, on sent quand la provenance d’un objet est douteuse. Particulièrement quand les objets ont une provenance royale ou aristocratique, mais qu’il n’existe aucune affiliation avec le vendeur, nous aurons un doute et nous le signalerons aux autorités. »
Vol des bijoux au Louvre / La sécurité du musée en question
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