Belgique

Que faire de sa batterie de vélo avant un concert, un cinéma ou un spectacle ?

La plupart des salles de concert, comme Forest National et l’AB, interdisent d’entrer avec des batteries électriques, tandis que d’autres, comme le théâtre Varia et le Botanique, permettent le dépôt de batteries à l’intérieur. Le directeur du Cirque royal, Denis Gérardy, estime que la solution idéale serait d’avoir des casiers adaptés aux batteries, mais cela reste un défi en raison des exigences de sécurité strictes.

Retirer la batterie d’un vélo électrique, c’est une double parade contre le vol

Vous assistez à un concert ce soir ! Profitant d’une météo agréable et souhaitant éviter les embouteillages, vous décidez de prendre votre vélo. C’est une bonne idée, même avec un vélo à assistance électrique, cela vous permet de vous dégourdir les jambes. Cependant, une inquiétude surgit : votre vélo et surtout sa batterie sont-ils en sécurité ? La batterie, étant la pièce la plus précieuse de votre vélo, reste vulnérable malgré un bon système de verrouillage. Même avec plusieurs cadenas, il suffit d’un tournevis habile pour la dérober. Que faire alors ? Annuler votre sortie ? Ce n’est pas une option acceptable pour vous.

Les associations de défense des cyclistes recommandent de retirer la batterie et de l’emporter avec soi, afin d’éviter le vol et de dissuader les cambrioleurs. Sans sa batterie, un vélo électrique perd de sa valeur, ce qui réduit l’intérêt pour les voleurs. Mais que faire de cette batterie pendant le concert ? C’est là que la situation se complique.

Toutes les salles ne sont pas sensibles à la mobilité douce, surtout électrifiée

Pour un concert à Forest National, vous pourrez laisser votre vélo dans les racks à l’entrée, mais il est interdit d’entrer avec la batterie. « C’est formellement interdit« , déclare l’agent d’accueil, « question de sécurité. Imaginez qu’elle prenne feu et enflamme les autres batteries ! » La seule option est de laisser votre vélo avec sa batterie, de bien l’attacher, et de compter sur votre chance. « En général, il n’y a pas de problèmes ici. Des policiers patrouillent toujours les jours de concert. Il faut vraiment être audacieux pour tenter un vol ici.« 

Dans une autre salle, l’AB en centre-ville, il est également interdit d’entrer avec la batterie. Le site indique que « des parkings vélos sécurisés existent aux stations Bourse et De Brouckère, accessibles sans abonnement, et les 4 premières heures sont gratuites. » L’Ancienne Belgique offre aussi un espace limité pour les vélos pliants et des casiers pour les effets personnels, mais pas pour les batteries électriques.

Au Forum à Liège, il n’y a rien prévu pour les vélos. Les cyclistes doivent se contenter des arceaux dans la rue ou des parkings publics. Toutefois, la préposée mentionne qu’il y a peu de demandes, surtout depuis le lancement du tram.

La rumeur disait que Bozar acceptait les batteries au vestiaire. Après vérification, il s’avère que c’est une interdiction stricte concernant les batteries. Cependant, comme à l’AB, les vélos pliants sont bienvenus. Pour les autres, le site recommande de se rendre vers les parkings publics.

Certains lieux sont plus accueillants et acceptent même les batteries au vestiaire

Le théâtre Varia à Schaerbeek se distingue par son accessibilité pour les cyclistes. Les visiteurs peuvent y stationner leur vélo dans une cour intérieure du Studio, où des arceaux sont prévus, sans avoir à retirer la batterie, le portail étant verrouillé durant le spectacle.

Peu d’établissements disposent de tels espaces privés en ville, bien que certains fassent un effort pour accueillir les cyclistes en permettant le dépôt des batteries à l’intérieur. Au Botanique, par exemple, les visiteurs peuvent attacher leur vélo dans l’un des racks disponibles en rue ou au parc, et déposer leur batterie à l’accueil. Il y a aussi des casiers pour sécuriser les effets personnels, mais ceux-ci ne sont pas adaptés pour de grandes batteries.

Au Palais 12, situé sur le plateau du Heysel, la situation est encore meilleure, avec 150 places pour vélos, bien que ces racks soient sous-utilisés, environ 10%. Les cyclistes sont les bienvenus car des casiers gratuits sont disponibles à l’intérieur pour y laisser leur batterie, à condition qu’elle puisse y entrer.

Les casiers représentent une solution idéale, selon Denis Gérardy, directeur du Cirque royal : « Nous recherchons des box adaptés aux batteries électriques, mais les exigences des pompiers sont très strictes. Il faut des casiers métalliques, sécurisés et résistants au feu, ce qui est compliqué, surtout qu’ils doivent aussi accueillir un casque. »

En attendant, le Cirque ne permet pas le dépôt des batteries au vestiaire, mais le permet à l’accueil, au rez-de-chaussée : « L’agent d’accueil garde environ une douzaine de batteries par concert. Sur 2.000 spectateurs, c’est symbolique, mais nous prévoyons une hausse de ce nombre et devons donc trouver une solution. »

Batterie au vestiaire : ce n’est interdit par les pompiers mais déconseillé

Au Théâtre des Galeries, on n’a pas de casiers, mais il est possible de déposer sa batterie au vestiaire. Au National, c’est pareil.

Cette initiative est généreuse, mais respecte-t-elle les normes de sécurité ? Pour le savoir, nous avons contacté Walter Derieuw, porte-parole des pompiers bruxellois, et sa réponse est surprenante : « Il n’y a pas de réglementation spécifique concernant les batteries électriques. Toutefois, lors des visites de prévention pour les permis d’environnement, notre service pourrait recommander une interdiction, mais cette décision doit être validée par l’autorité compétente, souvent le bourgmestre.

Bien qu’il n’y ait pas de règle générale, il existe des conseils à suivre, comme l’explique notre pompier : « Une bonne pratique consiste à entreposer les batteries dans un local isolé, muni de portes coupe-feu, de systèmes de détection d’incendie et de sprinklers. Des armoires compartimentées anti-feu existent également pour leur stockage. Les vestiaires ne sont pas des lieux idéaux car les vêtements peuvent représenter une charge calorifique importante. »

Il y a aussi des lieux culturels sans espace de parking, ni casiers, ni vestiaires ; c’est le cas de nombreux cinémas. Là encore, aucune règle stricte, cela dépend des lieux. Au UGC, on peut entrer avec sa batterie et la glisser sous son siège. À Liège, Les Grignoux conseillent aux cyclistes de se rendre au parking Carré Jonfosse où « la Ville de Liège met à disposition un stationnement gratuit pour votre vélo au parking. Plus de 50 places vélos couvertes et sécurisées sont accessibles 24h/24, 7 jours/7. » Il suffit de s’enregistrer via un lien disponible sur le site.

Avello réclame un meilleur accueil des cyclistes dans les salles de spectacle

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« Si on interdit d’entrer avec une batterie à cause du risque d’incendie, qu’on interdise aussi la recharge de voitures électriques en sous-sol »

Laurence Lewalle, directrice d’Avello, anciennement GRAQ (Groupe d’action des cyclistes au quotidien), déplore la disparité de l’accueil réservé aux cyclistes par les salles de spectacle : « De plus en plus de personnes se rendent aux spectacles avec des moyens de mobilité douce, mais l’accueil n’est pas toujours à la hauteur. Souvent, il y a un manque d’espaces de stationnement pour les vélos à proximité, et lorsqu’il y en a, ils sont rapidement saturés. Ainsi, les cyclistes doivent aller plus loin ou attacher leurs vélos à des structures inadaptées. Nous demandons donc un meilleur accueil, comme des espaces sécurisés pour les vélos et des endroits pour déposer les batteries.

Face à l’argument de la sécurité, elle s’insurge : « On nous oppose régulièrement des questions de sécurité, d’incendie ou de risque de vol. On ne pourrait pas entrer avec une batterie de vélo sous prétexte que cela pourrait prendre feu, mais cela ne pose pas de problème pour les bornes de recharge des voitures électriques dans des parkings fermés.« 

Au nom des cyclistes, Laurence Lewalle exige de meilleures conditions d’accueil et de sécurité : « Chez Avello, nous pensons qu’il est nécessaire d’avoir une réflexion plus large sur l’accueil des cyclistes et sur la lutte contre le vol de vélos. Si nous n’avions pas ce problème de vol, avec une meilleure prévention et une répression plus forte des vols, il ne serait pas nécessaire de toujours rentrer son vélo ou sa batterie dans les salles de spectacle. En attendant, nous interpellons régulièrement les salles de spectacle et les musées pour leur demander d’améliorer l’accueil des personnes empruntant des modes de transport doux. Malheureusement, il reste encore beaucoup à faire car nous manquons d’infrastructures et de réflexes pour accueillir les cyclistes.