Belgique

« Quand les élèves arriveront sur un chantier, ils n’auront jamais posé de brique »: l’inquiétude d’une école qualifiante face au tronc commun

Issue du Pacte pour un Enseignement d’excellence, la réforme du tronc commun vise à offrir une formation commune à tous les élèves jusqu’en 3e secondaire. En conséquence, l’organisation de l’enseignement qualifiant sera donc modifiée et la 3e servira plutôt d’année de transition et d’orientation. Même si le tronc commun n’arrivera en 3e secondaire qu’à la rentrée 2028, les écoles qualifiantes font déjà part de leurs craintes quant à son impact sur la filière. Reportage dans l’une d’entre elles, à Charleroi.

Enseignement technique Aumoniers du Travail Charleroi
Les professeurs du collège technique des Aumôniers du Travail de Charleroi en sont sûrs : la réforme du tronc commun entraînera une baisse de la qualité de l’enseignement. ©Jean Luc Flemal

« Bienvenue aux Aumôniers du Travail de Charleroi« , lance Philippe Charlier, Président du pouvoir organisateur du Collège. « Ici, nous avons 1250 élèves pour environ 120 professeurs. C’est une école centenaire« , explique-t-il fièrement. Mais, très vite, son assurance laissera la place à un ton plus inquiet. Et pour cause, avec l’arrivée prochaine du tronc commun en 3e secondaire, Philippe Charlier craint que ses futurs élèves ne puissent plus découvrir leur futur métier aussi tôt qu’aujourd’hui. « En apprenant les gestes techniques, ils retrouvent de la motivation, ils s’accrochent à l’école« , défend-il. « La 3e professionnelle sert vraiment à leur donner goût au métier qu’ils vont exercer, pour qu’ils soient sûrs d’eux au moment de prendre une décision. Aujourd’hui, des élèves qui ne veulent plus de l’école arrivent ici et se disent ‘Je fais de la mécanique, de la soudure ou de la construction, et j’y prends goût parce que je me sens utile à quelque chose.«