Protéger les animaux de compagnie en cas de disparition des propriétaires.
Plus de la moitié des foyers belges sont concernés par la présence d’animaux, selon la Belgian Petfood Association. La commune de Berchem-Sainte-Agathe met gratuitement à disposition des autocollants « Sauvez mes animaux » pour informer les services de secours de la présence d’animaux dans les habitations.
Quand une maison est sur le point de s’effondrer, la peur et l’attachement peuvent provoquer des comportements contradictoires. « On a déjà assisté à des sauvetages complètement fous, avec des personnes qui essaient de sauver leur chien ou leur chat lors d’un incendie. Elles prennent des risques, même si l’animal se trouve dans une pièce inaccessible », témoigne Yves Eeckhout, sergent pompier à la zone des secours NAGE, dans la Province de Namur.
À l’inverse, d’autres propriétaires, hospitalisés ou évacués en urgence, laissent leur animal de compagnie enfermé, sans contact ni assistance immédiate. Ces deux réalités – l’animal oublié et l’humain qui refuse d’être secouru – soulèvent un problème pratique et sociétal.
« Si un propriétaire bloque l’évacuation pour récupérer son chien, cela met tout le monde en danger. » Selon la dernière étude de la Belgian Petfood Association, plus de la moitié des foyers belges (58%) sont concernés par cette problématique, ce qui complique souvent les interventions des secours. « Lors d’un incendie, par exemple, chaque minute compte. Si un propriétaire bloque l’évacuation pour récupérer son chien, cela met tous en danger. De même, l’absence d’informations sur un animal à l’intérieur d’un logement peut ralentir les opérations », précise Yves Eeckhout. Il estime qu’un signalement visible et fiable pourrait faire gagner du temps et éviter des sauvetages risqués.
Face à ces enjeux complémentaires, des outils simples se développent dans certaines communes. À Berchem-Sainte-Agathe, par exemple, la commune met gratuitement à disposition des autocollants « Sauvez mes animaux » pour informer les services de secours de la présence d’animaux dans un domicile. Ceux-ci peuvent être placés à l’entrée pour faciliter l’intervention des pompiers en cas d’urgence, comme l’indique le site de la commune.
Une initiative similaire est mise en place à Schaerbeek, où le Service Bien-Être Animal a récemment lancé deux outils gratuits pour améliorer la prise en charge des animaux en situation d’urgence : un autocollant « Animaux seuls chez moi » à apposer sur la porte ou la fenêtre du domicile, et une carte d’urgence à garder sur soi, indiquant le nombre et le type d’animaux ainsi que leurs besoins spécifiques et les contacts à informer.
À Ganshoren, bien qu’il n’y ait pas d’autocollant, une carte d’urgence similaire est proposée. Didier Egerickx, responsable de la cellule Bien‑être animal de la commune, explique que « la création de cette carte fait suite à un incendie survenu dans de grands immeubles. Nous avons été confrontés à des situations où des animaux étaient laissés seuls. Nous avons pensé que ce dispositif pourrait aider. » Ces outils permettent de fournir rapidement aux secours des informations nécessaires pour décider d’une intervention, prévenir un refuge ou alerter un proche.
Cependant, des freins logistiques demeurent. Yves Eeckhout avertit : « Il ne faut pas se leurrer. Ce n’est pas toujours un petit chat mignon que l’on retrouve derrière une porte. Avoir un autocollant ou une carte d’urgence, c’est une chose, mais encore faut-il que la logistique suive. » Pour lui, la priorité demeure la sécurité humaine : « Les secouristes doivent avant tout garantir la sécurité des personnes. Bien que le signalement puisse éviter des recherches inutiles, il ne résout pas les défis pratiques sur le terrain. »
Il se souvient d’un cas où un berger allemand se trouvait dans un garage pendant qu’une fuite d’eau menaçait d’inonder le bâtiment : « À cause des chiens, il était impossible d’entrer, ce qui a nécessité l’intervention d’une brigade canine. » Ce type d’incident illustre bien la nécessité d’adapter les moyens déployés.
Yves Eeckhout insiste sur la nécessité de moyens concrets pour faire fonctionner ces dispositifs locaux. « C’est une noble cause, mais pour être efficaces et pouvoir être généralisés, il faut du matériel et une coordination claire. » À Ganshoren, Didier Egerickx souligne que « si les intervenants (pompiers, ambulanciers, police, etc.) sont bien informés, cet outil sera très efficace. Chaque année, de nombreux animaux domestiques meurent en raison de l’absence ou de la disparition de leur maître. Ici, la zone de police et les services de secours locaux sont informés de cette initiative : s’ils trouvent la carte, ils savent qu’ils peuvent agir et contacter les personnes nécessaires. » Il recommande de la placer au même endroit que sa carte d’identité.
Le Centre de crise national rappelle qu’ « une inondation, un incendie, une panne d’électricité ou une fuite de gaz peuvent survenir à tout moment » et conseille de « préparer non seulement la famille, mais aussi les animaux de compagnie, sans attendre la catastrophe ». Pour ce faire, il est suggéré de « faire vacciner votre animal, de tenir son carnet de santé à jour et de vérifier son identification (puce ou tatouage). Enregistrez le numéro de votre vétérinaire dans vos contacts importants et préparez un kit d’urgence pour l’animal, comprenant une laisse, un peu de nourriture, de l’eau et des récipients, ses médicaments, son carnet de vaccination, une couverture, un jouet et du matériel pour les déjections. »
Le Centre souligne également l’importance de penser au logement et au transport en cas d’évacuation : « Certains centres d’accueil n’acceptent pas tous les animaux, identifiez donc à l’avance une solution chez des proches ou des amis. » Protéger les animaux de compagnie en situation d’urgence est aussi une manière de protéger les personnes : cela aide à éviter les retards d’évacuation, limite le stress familial et assure un traitement digne des animaux qui font aujourd’hui partie de plus de la moitié des foyers belges.

