Belgique

Procès des attentats de Bruxelles: « La bombe à Maelbeek a détruit un wagon mais aussi nos vies », confie une victime

David Dixon, un programmateur IT britannique, travaillait pour Euroclear au moment des faits. Le matin du 22 mars, la victime a pris le train puis le métro pour se rendre sur son lieu de travail. Durant son déplacement, il rassure sa tante, inquiète, qui lui avait envoyé un SMS après avoir entendu parler des explosions à l’aéroport. Il a un même échange de messages avec sa femme vers 8h45. Ce sera leur dernière communication.

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Quelques minutes plus tard, l’homme, qui se trouvait juste à côté du kamikaze dans le métro, décède dans la déflagration. Il faudra cependant plusieurs jours pour avoir la certitude que le Britannique fait bien partie des victimes. Durant ce laps de temps, Henry, alors âgé de 7 ans, est accueilli chez des amis afin d’être « protégé » des mauvaises nouvelles.

Quand la maman finit par récupérer son fils, elle le ramène à leur maison. « Je lui ai alors annoncé la nouvelle et j’ai véritablement détruit son monde », se souvient, avec douleur, Charlotte Sutcliffe. « La bombe à Maelbeek a détruit un wagon mais aussi nos vies. »

Dans la suite de son témoignage, la veuve de David Dixon a évoqué les conséquences de ces attaques sur leur fils ainsi que sur elle-même.

Déjà confronté à quelques problèmes scolaires dès son plus jeune âge, l’enfant est diagnostiqué d’un trouble autistique après la mort de son père. En novembre 2016, on détecte également un syndrome d’Asperger puis, en 2017, des troubles et déficit de l’attention.

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« Henry a commencé l’école avec deux ans de retard par rapport aux enfants de son âge, dans un état de traumatisme profond. Il trouvait que ce qu’on lui demandait de faire à l’école était difficile. J’ai le sentiment que ses chances dans la vie ont été considérablement réduites en raison de ce traumatisme », a raconté sa mère. Selon elle, le traumatisme dont il a souffert a eu un impact énorme sur son degré d’anxiété, l’empêche d’apprendre et de développer des réseaux sociaux autour de lui.

Charlotte Sutcliffe dit avoir le « coeur en miettes » depuis le 22 mars 2016. Gérer les avocats et les dossiers avec les assurances a eu un impact « énorme » sur son état mental et émotionnel. « Il m’a fallu cinq ans pour pouvoir boucler cette procédure et la charge mentale m’a fait me sentir très mal. » En 2020, on lui diagnostique une fatigue chronique. A ses yeux, c’est là une conséquence directe du traumatisme.

« Je sais que nous nous trouvons dans un procès pénal, mais je dois vous dire que si nous avions reçu une réponse attentive et un soutien de l’Etat belge, certaines de ces souffrances auraient pu être atténuées », a-t-elle encore témoigné.

Pendant cinq mois après les attaques, les liens avec les autorités belges étaient pratiquement nuls, a-t-elle dénoncé. Charlotte Sutcliffe ne savait pas comment obtenir de l’aide et un soutien pour son fils et elle. « J’avais un sentiment de crier dans le vide. »

Etant donné le peu de soutien et sa faible connaissance de la manière de gérer les procédures, la veuve dit n’avoir pas eu d’autre choix que de retourner vivre au Royaume-Uni. Elle y créera une association de victimes d’attentats.

Quant à son mari, « il nous manque, nous l’aimons et sa perte nous a détruits. Il est très difficile de voir Henry grandir sans son papa. »

David Dixon, alias « Did », « avait encore tant à vivre. Il a été privé de la vie d’une façon si cruelle que ça nous détruit chaque jour. »

« Les terroristes n’ont pas gagné ce jour-là », a-t-elle toutefois insisté à la fin de son témoignage. « En dépit de mon état, je suis beaucoup plus forte aujourd’hui que je n’aurais pensé pouvoir l’être un jour. »