Belgique

Procès des attentats à Bruxelles: « Les victimes n’étaient pas au mauvais endroit au mauvais moment, les terroristes oui »

Karina Ponnet, 64 ans, a perdu son mari Nic Coopman (57 asns) ce jour-là, fauché par la seconde explosion à Brussels Airport alors qu’il devait prendre l’avion pour des raisons professionnelles. Dans un témoignage empli d’émotion mais surtout de tendresse envers son époux, celle qui ne veut pas qu’on la qualifie de « veuve » est revenue sur les jours et semaines ayant suivi le 22 mars, et sur « la grande tristesse » qui l’habite depuis lors.

Dès le 22 mars au soir, dans l’attente de nouvelles de son mari, Karina commence à écrire un livre destiné à son conjoint, pour lui raconter comment elle a traversé ces événements. Un ouvrage qu’elle arrêtera finalement après 209 pages.

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La sexagénaire apprend la mort de son mari à Brussels Airport le 25 mars. « J’aurais tant voulu le voir ce 22 mars, peu importe son état, afin de pouvoir le revoir au moins une fois avant qu’il ne décède », confie-t-elle dans son témoignage.

« J’aurais voulu vieillir avec lui et être là pour le soigner s’il était malade. J’aurais tellement voulu m’occuper de lui s’il avait perdu ses deux jambes ou ses bras. Mais c’est peut-être égoïste de ma part, car je ne sais pas comment Nic l’aurait pris », ajoute-t-elle.

Karina Ponnet n’a pas procédé à l’identification formelle de son mari. « J’ai voulu retenir le sourire de Nic tel qu’il était, un bel homme plein d’humour, de positivité, de bonnes intentions dans la vie. »

Le soir du 25 mars, elle écrit alors la nécrologie de son ex-partenaire de vie. « Tu étais au mauvais endroit au mauvais moment. Repose-toi maintenant. Tu as été plus que courageux. (…) Merci pour ton sourire, ta gentillesse inépuisable. (…) Je suis reconnaissante de t’avoir connu. Je suis reconnaissante d’avoir pu vivre avec toi. »

Devant la cour, elle est cependant revenue sur ces pensées. »Nic et toutes les autres victimes ne se trouvaient pas au mauvais endroit au mauvais moment. Ce sont les terroristes qui n’avaient pas le droit d’être là, certainement pas avec les intentions qu’ils avaient », a souligné celle qui n’attend désormais qu’une seule chose: que les journées passent au plus vite et qu’elle se retrouve devant la télévision le soir chez elle, entourée de ses chats.

Une épreuve de vie dont la douleur et la difficulté ont été renforcées par les funérailles « chaotiques » de la victime, a encore raconté Karina Ponnet. Le directeur des pompes funèbres lui avait expliqué que son mari ne pouvait pas être incinéré comme il le souhaitait car il s’agissait d’un meurtre et que le corps devait pouvoir être examiné plus tard. La semaine suivante, un vendredi 1er avril, la veille du jour où l’homme devait être inhumé, le responsable des pompes funèbres l’a cependant appelée pour lui signifier que son mari avait été incinéré sans que la famille n’ait été prévenue.

« Le lendemain, aux funérailles, je n’ai vu qu’une urne et n’ai pas senti que cela avait quelque chose à voir avec Nic. Mais j’ai appris à laisser ça derrière moi. Ce qui est arrivé est arrivé », dit-elle, fataliste.

La Gantoise, qui a pu apaiser sa colère avec le temps, n’attend désormais qu’une seule chose: que les journées passent au plus vite et qu’elle se retrouve devant la télévision le soir chez elle, entourée de ses chats. « Nic me manque encore à chaque seconde du jour et de la nuit », regrette-t-elle.

Chacune de ces journées, Karina Ponnet s’efforce toutefois – et parvient, souligne-t-elle – de toujours accomplir quelque chose qui rendrait fier son mari. « Notre amour est éternel », conclut-elle.