Belgique

Procès des attentats à Bruxelles : « J’ai un sentiment de culpabilité d’être resté vivant »

Il a alors été projeté par le souffle de l’explosion vers l’extérieur du terminal. Un souffle qui a fait de multiples victimes avant d’arriver à lui. Depuis lors, il est « très difficile » pour Pierre-Yves Desaive « d’accepter de rester vivant ». « J’ai un sentiment de culpabilité d’avoir été si proche de la deuxième bombe et d’être resté vivant », explique-t-il. « Les personnes autour de moi se sont prises la charge, le contenu des bombes. »

Dans un premier temps, le quinquagénaire se sentait « complètement illégitime » à faire partie du groupe des victimes. Il a alors essayé de se rendre utile à d’autres « vraies » victimes, en leur prêtant sa voix et en étant présent pour elles dans les médias. « Le sentiment de culpabilité, du survivant, c’est ça », résume-t-il.

Procès des attentats de Bruxelles : l’Etat belge condamné

Interrogé par la présidente de la cour sur les conséquences qu’ont encore ces attentats sur lui, Pierre-Yves Desaive a répondu qu’il avait essayé et essaye encore d’en faire quelque chose de constructif, plutôt que de se refermer sur lui-même. « C’est ce que j’ai essayé de faire, soit en parlant dans les médias, soit en venant témoigner ici. J’ai beaucoup hésité. »

Dans son témoignage, il a confié se souvenir particulièrement du moment où, après la deuxième explosion et alors qu’il se trouve au sol, il a enjoint des enfants terrorisés à se mettre au sol. Il redoutait l’explosion d’une troisième bombe sur le parking. « C’est l’image la plus difficile », dit-il, ajoutant espérer pouvoir revoir un jour ces deux enfants et leurs parents.

Dans la foulée des attentats, l’homme a développé un stress post-traumatique. Il pense en permanence à ce 22 mars 2016. Le seul moment où il parvient à se vider la tête, c’est lorsqu’il donne cours de karaté à des enfants, raconte-t-il. Une incapacité permanente de 8% a été diagnostiquée chez lui et le quinquagénaire n’a plus d’emploi, étant retourné travailler trop rapidement après les attentats, selon son analyse.

Procès des attentats de Bruxelles: la force de l’amour et du pardon chez le basketteur Sébastien Bellin

Il traverse parfois des moments de panique, a eu des idées suicidaires, a sollicité à deux reprises son hospitalisation aux urgences psychiatriques (en 2016 et lors du dernier réveillon de Nouvel An), et a développé une peur des transports en commun et une extrême vigilance.

Quant à la fille du témoin, elle avait 6 ans à l’époque des faits et 13 ans aujourd’hui. « Pour le moment, elle en souffre beaucoup », regrette-t-il. « Elle voit un psychologue et a des crises de larmes, d’angoisse. »