Privatisation partielle de Belfius : l’État doit-il bénéficier du transfert de patrimoine ?
En Belgique, les banques privées s’adressent à des personnes qui ont au moins 250.000 euros à investir, en ne prenant pas en compte le patrimoine immobilier. D’après le cabinet de conseil Capgemini, d’ici 2035, la moitié des millionnaires belges transféreront leur patrimoine à leurs héritiers.
La banque privée est une institution financière destinée aux clients les plus riches, spécialisée dans la gestion de patrimoines importants, offrant un suivi juridique et fiscal personnalisé.
**Les banques privées : un service pour les placements des gros patrimoines belges**
En Belgique, ces services s’adressent aux personnes disposant d’au moins 250.000 euros à investir, excluant les biens immobiliers. Il s’agit d’argent disponible pour des placements bancaires. Ce segment est en croissance en Belgique, où les ménages sont en général plutôt riches. Selon la Banque nationale, fin 2022, le patrimoine net total des ménages belges était estimé à 2800 milliards d’euros, soit une richesse moyenne de 555.000 euros par ménage, des résultats largement supérieurs à ceux de la zone euro ainsi qu’aux pays voisins comme l’Allemagne, la France et les Pays-Bas. La moitié de ce patrimoine est constitué de biens immobiliers.
Si les ménages belges affichent une richesse relative, celle-ci est néanmoins très inégalement répartie, et cette disparité ne se réduit pas depuis le début du 21e siècle. En effet, le 1% des Belges les plus riches détient autant que les 75% les moins riches. Les héritages et donations jouent un rôle considérable dans cette dynamique.
**Des milliards de milliards vont être transmis d’une génération à une autre**
Au cours des 10 à 20 prochaines années, un transfert de richesses colossal est prévu dans le monde occidental, atteignant 83.000 milliards de dollars, ce qui constitue le plus grand transfert de fortune de l’histoire financière mondiale. Les baby-boomers, nés après la Seconde Guerre mondiale, approchent de la fin de vie, entraînant un changement de main de leur patrimoine, fortement accru par la hausse des prix de l’immobilier et des actifs financiers au cours des dernières décennies.
D’après le cabinet de conseil Capgemini, d’ici 2035, la moitié des millionnaires belges prévoient de transmettre leur patrimoine à leurs héritiers. Ce nouvel héritage sera dirigé vers un public plus jeune et plus féminin, qui semble plus sensible à la création de richesse en fonction des avancées technologiques et des évolutions sociétales. Souvent âgés de quarante à cinquante ans, ces individus sont actuellement courtisés activement par les banques.
Ce moment est donc crucial pour l’industrie financière.
**Ce grand transfert, une opportunité ?**
L’héritage devient à nouveau un facteur clé dans la constitution de la richesse dans les pays industrialisés, comparable à ce que l’on pouvait observer au 19e siècle. Le magazine britannique The Economist a évoqué une « héritocratie » récemment, ce qui contribue à creuser encore davantage les inégalités.
Alors que les États européens cherchent à rassembler des dizaines de milliards pour réduire leurs déficits budgétaires, financer la transition écologique et le réarmement, de nombreux économistes, comme les Français Thomas Piketty ou Gabriel Zucman, estiment qu’un impôt sur la fortune pourrait être justifié.
Selon les études de Zucman, un impôt de 2% sur les 1.800 foyers fiscaux en France dont le patrimoine dépasse 100 millions d’euros pourrait rapporter 20 milliards d’euros chaque année. En Belgique, des discussions existent sur la taxation des patrimoines, bien qu’il n’existe pas encore de cadastre des fortunes, ce qui n’empêche pas d’en faire des estimations.
L’UCLouvain a évalué, en 2024, que cette taxation pourrait rapporter environ dix milliards d’euros en appliquant un taux de 1% sur les patrimoines à partir d’un million d’euros, 2% à partir de 2 millions d’euros et 3% au-delà, tout en exemptant la maison familiale jusqu’à un million d’euros par ménage.
Cependant, ce débat continue d’opposer partisans d’une plus grande justice fiscale aux craintes d’un exil fiscal des patrimoines.

