Belgique

Première en Belgique : stockage des déchets nucléaires pour l’éternité

Le 18 septembre 2023, la construction du premier site de stockage définitif de déchets radioactifs en Belgique a commencé et devrait durer cinq ans. Environ 50.000 fûts de déchets de faible activité sont entassés depuis les années 80 dans le bâtiment actuel, qui a une durée de vie d’environ 100 ans.

Le site de Belgoprocess, situé à Dessel dans le nord de la Belgique, se distingue par sa sécurité, son organisation méticuleuse et son caractère mystérieux. Récemment, une visite exceptionnelle a eu lieu afin de marquer le début de la construction d’un premier site de stockage définitif pour les déchets radioactifs de faible intensité. À ce sujet, le terme « définitif » revêt une importance particulière.

Avant d’aborder cette construction, examinons où et comment sont actuellement entreposés les déchets nucléaires de faible intensité.

Les fûts pèsent environ une tonne chacun. Ils sont superposés et monitorés ici depuis les années 80. © Kristien Mertens / NIRAS

Au cours de la visite, nous avons pu observer à travers de lourdes fenêtres un grand bâtiment rempli de fûts noirs ornés du symbole de radioactivité. Il y en a une quantité impressionnante : 50.000 fûts, empilés depuis les années 80, suite à l’interdiction de l’immersion des déchets radioactifs en mer. Ces fûts contiennent des déchets de faible activité. « Au contact, ils émettent environ deux fois moins de rayonnements qu’un scanner médical« , précise Sigrid Eeckhout, porte-parole de l’ONDRAF, l’organisme chargé de la gestion des déchets radioactifs en Belgique.

Les déchets faiblement radioactifs sont composés de filtres, de combinaisons, de masques et de pièces métalliques, entre autres. « Ils ont une durée de vie courte, ce qui signifie que leur radioactivité décroît avec le temps et que leur radioactivité sera quasiment nulle après 300 ans« , ajoute-t-elle.

Sigrid Eeckhout est porte-parole de l’ONDRAF, l’organisme responsable de la gestion des déchets radioactifs en Belgique. © Kristien Mertens / Niras

Le défi réside dans le stockage de ces déchets pour au moins 300 ans, ce qui nécessite une infrastructure conçue pour une longue durée. « Le bâtiment actuel a une durée de vie d’environ 100 ans. Il est impératif de trouver une solution définitive, un lieu de stockage sûr pour l’Homme et l’environnement« , indique Sigrid Eeckhout.

Cette obligation découle d’une directive européenne qui impose la mise en place d’une gestion sûre et permanente des déchets radioactifs. En Belgique, cette transformation se concrétise enfin cette année avec le lancement de la construction du premier site de stockage définitif, prévu à partir du 18 septembre pour une durée de cinq ans. Quel sera l’aspect de ce bâtiment et comment seront stockés les fûts évoqués ? La visite se poursuit pour clarifier ces points.

Voici à quoi devrait ressembler le premier site de stockage définitif de déchets radioactifs en Belgique. © ONDRAF

Face à un grand terrain vague, nous découvrons le site de construction du futur stockage en surface. Deux bâtiments seront édifiés pour y abriter des bunkers en béton. « Ce sera la destination finale pour les déchets de faible et moyenne activité à vie courte« , affirme Sigrid Eeckhout.

On prévoit que ces bâtiments soient remplis dans environ 50 ans, incluant les déchets issus du démantèlement des réacteurs nucléaires. « Une fois remplis, ils seront scellés et la toiture en acier sera remplacée par une couverture permanente d’une épaisseur de 5 mètres. » Cette couverture permettra à la structure de conserver son intégrité pendant plusieurs siècles. Des plantes pourront croître sur la couche biologique supérieure. « À terme, cela ressemblera à une colline verdoyante dans le paysage« , ajoute-t-elle. En ce qui concerne les déchets confinés, ils seront surveillés pendant 300 ans et ensuite… « le site doit rester intact« , conclut la porte-parole de l’ONDRAF.

Une fois scellés, les bâtiments seront recouverts d’une épaisse couche sur laquelle les plantes pourront pousser. © ONDRAF

La visite se poursuit dans un vaste entrepôt où de grandes machines sont prêtes à être utilisées. « Vous allez observer ici le parcours des fûts de déchets avant leur entreposage dans les nouveaux bâtiments« , nous indiquons. En effet, les fûts de déchets ne seront pas simplement déposés dans les grands bunkers de béton. Ils passeront par un processus entièrement mécanisé.

Sans entrer dans des détails trop techniques, il est important de retenir que les fûts seront d’abord regroupés dans d’énormes blocs en béton. Ces blocs seront ensuite remplis de mortier et scellés. Après un temps de séchage, ces blocs, pesant jusqu’à 20 tonnes chacun, seront transportés vers leur lieu de stockage final.

Les fûts de déchets seront déposés dans ces grands blocs de béton, qui seront eux-mêmes remplis de mortier, scellés et stockés indéfiniment. © Kristien Mertens / Niras

Et ensuite ?

La visite atteint sa fin. Beaucoup d’informations ont été partagées, et de nombreuses questions demeurent. Comment assurer la gestion et le suivi d’un site pendant plusieurs siècles ? « C’est tout le défi de ce projet« , répond Sigrid Eeckhout. L’enjeu est d’assurer que les générations futures aient accès à toutes les informations nécessaires pour maintenir le suivi. Des solutions potentielles sont actuellement explorées dans une exposition temporaire à Tabloo, un centre de découverte sur les déchets radioactifs.

Une autre interrogation s’impose : comment sera organisée la gestion des déchets nucléaires de haute activité, qui présentent des enjeux plus complexes et émettent des radiations durant des centaines de milliers d’années ? « Ils seront enfouis dans un stockage en profondeur, c’est la décision du gouvernement belge. Mais la question se pose : comment y parviendrons-nous ? Nous travaillons actuellement sur cette problématique« , précise la porte-parole.

Ce défi est considérable… En attendant, rendez-vous dans cinq ans pour l’inauguration de cette première solution de stockage définitif.