Belgique

Port du casque obligatoire et immatriculation des trottinettes : la proposition de Crucke est-elle bénéfique ?

Le ministre fédéral de la Mobilité, Jean-Luc Crucke, envisage de rendre obligatoire le port du casque pour les utilisateurs de trottinettes électriques et annonce une avancée sur ce dossier « dans les premiers mois de l’année prochaine ». L’Institut Vias a été chargé d’examiner la faisabilité d’une obligation du port du casque et l’imposition d’une immatriculation pour les trottinettes.

Casque, immatriculation : quelles pistes suit le ministre ?

Dans les interviews accordées aux journaux La DH et De Morgen, le ministre fédéral de la Mobilité, Jean-Luc Crucke, a évoqué son intention de rendre le port du casque obligatoire pour les utilisateurs de trottinettes électriques.

Lors d’un entretien avec la RTBF, il a détaillé ses projets. Pourquoi envisager une obligation de porter un casque ? « Regardez le nombre d’accidents et surtout l’augmentation faramineuse de ce nombre d’accidents qu’on a avec des trottinettes électriques« , a déclaré Jean-Luc Crucke, affirmant que légiférer à ce sujet relève du « bon sens ». Il a également souligné la « gravité des blessures » tant pour les utilisateurs de trottinettes que pour les personnes percutées lors d’accidents.

Pour le ministre, des mesures doivent être prises. « Quand je vois la gravité des dommages corporels à la tête de certains, c’est la sécurité sociale qui paye tout ça« , a-t-il indiqué pour justifier sa proposition. Jean-Luc Crucke a annoncé une avancée concrète sur ce dossier « dans les premiers mois de l’année prochaine« .

En outre, le ministre envisage également d’imposer une plaque d’immatriculation pour les trottinettes, afin de faciliter l’identification des usagers en cas d’infraction au code de la route. Pourquoi cela ? « Aujourd’hui, vous avez un accident avec une trottinette, c’est l’anonymat« , a expliqué le ministre. « Quand vous roulez avec votre véhicule, on vous identifie directement. Ici, nous avons affaire à des engins qui ont une vitesse très élevée. Il n’y a aucune raison que l’anonymat prenne le pas sur la responsabilité« , a ajouté Jean-Luc Crucke.

L’Institut Vias a été mandaté pour étudier la question du port du casque : que se passe-t-il dans d’autres pays ? De même pour l’immatriculation des trottinettes : est-ce faisable ? Les réponses à ces questions ne sont pas encore disponibles.

L’Institut Vias en faveur du casque obligatoire

Avec l’essor des trottinettes électriques, différents organismes, tels que des instituts de sécurité routière ou des départements universitaires, ont examiné la question de la sécurité des usagers.

En Belgique, il y a cinq ans, l’Institut Vias avait déjà souligné l’ »importance vitale » du casque pour les utilisateurs de trottinettes, notant qu’à l’époque, la plupart des personnes admises aux urgences après un accident n’en portaient généralement pas.

En 2025, alors que les statistiques montrent une augmentation significative des accidents impliquant des utilisateurs de trottinettes par rapport à 2024, l’Institut Vias recommande de rendre le port du casque obligatoire. « Dans le cas des trottinettes électriques, nous prônons l’utilisation du casque, idéalement avec protection du menton, car les données montrent qu’en cas d’accident, 60% des lésions touchent la tête« , a déclaré Shirley Delannoy, chercheuse à l’Institut Vias.

D’autres mesures, telles que l’interdiction d’importation de trottinettes pouvant dépasser 25 km/h, l’homologation de dispositifs mesurant la vitesse maximale de ces engins, le port d’une veste de sécurité la nuit et l’application de normes techniques plus strictes, font également partie des recommandations de Vias. Shirley Delannoy a insisté sur les « comportements dangereux » de certains utilisateurs, comme « le non-port d’équipements de protection« , ainsi que le non-respect des limitations et de la réglementation concernant le nombre de personnes autorisées sur une trottinette.

Le casque sur une trottinette, ça changerait quoi ?

Lors d’une chute de trottinette, le port du casque peut protéger, dans certains cas, d’un impact direct avec le sol. © Photo : DEKRA Accident Research

Cette étude, réalisée par Dekra Accident Research, visait à évaluer les risques de blessures au crâne et au cerveau en cas de chute d’une trottinette électrique. Des simulations ont été menées, avec ou sans casque, pendant lesquelles un conducteur de trottinette roulant à 20 km/h heurtait un obstacle. Les résultats montrent que le port d’un casque réduit la gravité des blessures en amortissant l’impact sur la tête, mais ne prévient pas nécessairement les lésions cérébrales, notamment lorsque l’accident entraîne une rotation de la tête.

Des mesures applicables ?

Comme mentionné, l’Institut Vias a été chargé par le ministre Crucke d’examiner la faisabilité d’une obligation de port du casque pour les utilisateurs de trottinettes ainsi que l’imposition d’une immatriculation. Pour la mesure du casque obligatoire, comment cette obligation sera-t-elle appliquée pour les utilisateurs de trottinettes en libre-service ? Chaque utilisateur devra-t-il avoir son propre casque ou un casque sera-t-il inclus dans la location de la trottinette ?

« Souvent, la plupart des personnes qui vont utiliser les trottinettes, c’est en sortant du train ou en sortant du bus« , a expliqué Shirley Delannoy, de Vias. «  Elles n’ont pas nécessairement envie d’avoir leur casque accroché à leur bras pendant tout leur trajet« , a-t-elle ajouté. Une option envisagée par Vias pourrait être de se tourner vers des casques pliables récemment mis sur le marché. « L’Institut Vias étudie la faisabilité de ces casques, notamment en termes de protection. ESt-ce qu’ils sont certifiés, est-ce qu’ils protègent correctement la tête ?« , a résumé Shirley Delannoy, concernant les nombreuses questions encore sans réponse.

Pour ce qui est des plaques d’immatriculation, Vias doit également étudier leur faisabilité. Comment cette mesure sera-t-elle mise en place ? « L’Institut Vias est plus prudent, car il y a clairement un problème de faisabilité en ce qui concerne la taille de la plaque en rapport avec l’engin« , a précisé Shirley Delannoy.

Et surtout, qui sera responsable de contrôler le respect de ces éventuelles obligations ? Comment et avec quels moyens ? Toutes ces questions devront également trouver des réponses.