Belgique

Plus de la moitié des enfants qui quittent un service résidentiel d’aide à la jeunesse retournent dans leur famille

L’aide aux enfants en danger doit devenir « une grande cause nationale »

Les listes d’attente pour décrocher une place dans une structure d’hébergement sont longues.

Chaque année, plus de 42 000 enfants sont pris en charge par le secteur spécialisé. Sans compter les actions de prévention des services d’action en milieu ouvert (AMO), les Maisons de l’adolescent (Mado)… Plus de 21 000 enfants sont, au quotidien, sous l’aile de l’Aide à la jeunesse. Certains doivent être retirés de leur foyer, parce que leur(s) parent(s) présente (nt) des problèmes de troubles mentaux, de dépression ou d’assuétudes, se montrent violents ou incapables de gérer leurs gamins. D’autres gamins restent dans leur milieu de vie, mais avec un suivi.

3 400 jeunes hébergés, au moins un jour, en 2022

Mais que deviennent ces enfants et ces jeunes qui ont été pris en charge par l’Aide à la jeunesse ? À la demande de Valérie Glatigny (MR), ministre en charge en Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB), l’administration a fait un zoom sur 2022.

Premier constat : l’an dernier, 3 400 mineurs ont été hébergés, au moins un jour, dans un “service résidentiel général” (SRG). La FWB compte plus de 120 SRG chargés d’organiser un accueil collectif en milieu de vie, éventuellement suivi d’un accompagnement du retour en famille ou d’une mise en autonomie.

Les chiffres montrent qu’un quart des jeunes (880) ont quitté cet hébergement en cours d’année. Plus de la moitié d’entre eux (509 jeunes) ont réintégré leur famille, parfois avec l’accompagnement du SRG ou l’intervention d’un autre service ; 23 d’entre eux bénéficient d’un internat scolaire.

Mise en autonomie

Vingt pour cent des jeunes qui ont quitté leur service résidentiel l’ont fait dans le cadre d’une mise en autonomie. Cela représente 174 grands adolescents qui approchaient de la majorité. Ils ont été accompagnés dans leur passage à l’âge adulte : pour trouver un kot, faire les démarches avec le CPAS, chercher une formation ou un job étudiant…

Les autres mineurs sortis de SRG en 2022 ont été pris en charge par une famille d’accueil (71 jeunes, soit 8 %), réorientés vers un service résidentiel plus adapté à leur situation de handicap (48 jeunes, soit 5 %) ou admis en Institution publique de protection de la jeunesse (IPPJ) après avoir commis un fait qualifié infraction (16 jeunes, soit 2 %).

On observe donc que quand ces jeunes quittent le circuit de l’aide à la jeunesse, dans plus d’un cas sur deux, c’est pour retourner dans leur famille.

Longtemps. Trop longtemps…

Mais si on prend les chiffres à l’envers, on constate que trois quarts des enfants placés dans un service résidentiel n’en sortent pas au cours de l’année. Certains y restent longtemps. Trop longtemps. Pourquoi ? La ministre Glatigny a initié une étude pour comprendre les causes précises du maintien au sein des services de l’aide à la jeunesse. Cette évaluation aidera à objectiver les besoins à long terme et à définir les mesures structurelles qui sont nécessaires. Mais il faudra élargir le point de vue. Parce que le secteur de l’aide à la jeunesse subit de plein fouet les conséquences de problèmes vécus par l’aide générale (lutte contre la pauvreté, lutte contre le décrochage scolaire, soutien aux jeunes porteurs de handicap, services de santé mentale…). Ce qui surcharge un secteur qui devrait constituer le dernier filet de sécurité pour les jeunes en danger et en difficulté.

”L’étude devra notamment identifier ce que chaque niveau de pouvoir peut faire en amont des situations où les services d’aide et de protection de la jeunesse et les magistrats n’ont d’autres choix que de procéder à des placements de l’enfant”, commente Valérie Glatigny. Qui rappelle la philosophie et l’objectif de l’Aide à la jeunesse : “Le maintien d’un lien entre l’enfant et ses parents, chaque fois que l’intérêt supérieur de l’enfant le permet, demeure essentiel”.