Belgique

Plus de 6000 étudiants francophones non finançables veulent se réinscrire en 2025-2026.

Au total, pour les cinq universités francophones, 6141 étudiants non finançables ont demandé à se réinscrire pour l’année 2025-2026. Selon des chiffres communiqués par la ministre de l’Enseignement supérieur, Elisabeth Degryse, 7654 étudiants de hautes écoles et 102 étudiants d’écoles supérieures des arts étaient également dans ce cas.


Dans l’enseignement supérieur, le retour du décret Paysage dans sa « version Glatigny » dès la rentrée 2025-2026 suscite de vives inquiétudes. Les étudiants, en particulier ceux de la FEF, craignent que beaucoup d’entre eux ne puissent pas continuer leurs études en raison de l’inaccessibilité financière. Ce décret impose en effet des conditions strictes de finançabilité, touchant au nombre de crédits à valider et aux années autorisées pour obtenir un diplôme de bachelier ou de master. La dernière version du décret a durci ces exigences.

Il restait à déterminer combien d’étudiants seraient non finançables à l’issue de l’année académique 2024-2025, combien envisageraient une réinscription et combien de recours seraient acceptés. Notre rédaction a eu accès aux chiffres fournis par le Conseil des rectrices et recteurs francophones.

### 6141 étudiants non finançables ont demandé à se réinscrire : les trois-quarts ont pu le faire

Au total, cinq universités francophones – ULiège, UCLouvain, ULB, UMons et UNamur – ont enregistré 6141 demandes de réinscription pour l’année 2025-2026 de la part d’étudiants ne répondant pas aux critères de finançabilité du décret Paysage.

Parmi ces 6141 étudiants, 4514 souhaitaient s’inscrire en bachelier, tandis que 1627 visaient une inscription en master.

Ces étudiants ont eu la possibilité de faire des recours, et une majorité a effectivement déclenché cette procédure. Ainsi, 4202 bacheliers et 1583 étudiants en master ont introduit un recours.

Pour ce qui est des étudiants en bachelier, 2777, soit 66 % de ceux qui ont fait appel, ont obtenu gain de cause et se sont réinscrits. Cependant, 243 d’entre eux, dont le recours a également été accepté, ne se sont pas réinscrits. Par ailleurs, 28 % des recours, soit 1182 étudiants, ont été rejetés.

Concernant les étudiants en master, 1282 d’entre eux, soit près de 81 % des 1583 ayant introduit un recours, ont reçu une réponse favorable et ont été réinscrits, tandis que 84, dont le recours a aussi été accepté, ne se sont pas réinscrits. Au total, 13,7 % des recours en master ont été recalés, ce qui représente 217 étudiants.

Il est à noter que, tant en bachelier qu’en master, un certain nombre d’étudiants non finançables n’ont pas introduit de recours, comptabilisant 312 en bachelier et 44 en master.

### Plus d’étudiants non finançables qu’avant ?

Comparer ces données avec celles des années précédentes s’avère complexe. Les chiffres fournis par le CReF doivent être interprétés prudemment, du fait que chaque université adopte sa propre méthode de comptage. De plus, le CReF souligne que les comparaisons d’une année à l’autre sont délicates, car les règles de finançabilité évoluent. Le décret voté en mai 2024, soutenu par une majorité alternative PS-Ecolo-PTB, a permis d’assouplir les conditions de finançabilité, augmentant de ce fait le nombre d’étudiants éligibles.

Une comparaison avec l’année 2022-2023 est donc plus pertinente. À la fin de l’année académique 2024-2025, 6,96 % des étudiants en bachelier non finançables ont demandé à se réinscrire, contre 4,88 % à la fin de l’année académique 2022-2023.

Pour les étudiants en master, 3,40 % des non finançables avaient demandé à se réinscrire à l’issue de l’année académique 2022-2023, tandis que ce chiffre est passé à 4,40 % après l’année 2024-2025.

En revanche, le pourcentage d’étudiants dont le recours a été accepté est supérieur à l’issue de l’année académique 2024-2025 par rapport à l’année 2022-2023. Entre autres, 66,09 % des bacheliers ayant introduit un recours cette année ont eu gain de cause, contre 52,43 % en 2022-2023.

Cela indique que les universités ont consenti à accueillir davantage d’étudiants sur leurs fonds propres, sans recourir au financement de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

### Et dans les hautes écoles et écoles supérieures d’art ?

Les 6141 étudiants non finançables ayant sollicité une réinscription dans les universités francophones s’ajoutent à ceux des hautes écoles et des écoles supérieures d’art.

D’après des chiffres communiqués par la ministre de l’Enseignement supérieur et Ministre-présidente, Elisabeth Degryse (Engagés), au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles le 1er décembre, 7654 étudiants de hautes écoles et 102 d’écoles supérieures d’art se trouvaient dans cette situation. Dans ces hautes écoles, 47 % des dossiers ont été acceptés.

Au total, près de 14 000 étudiants des universités et des hautes écoles ont été jugés non finançables à l’issue de l’année académique 2024-2025.