Belgique

Plafonnement de l’indexation des salaires : économies pour l’État.

Une personne qui gagne 5000 € brut ne recevra plus 2% de ces 5000 € (100€), mais 2% de 4000 €, soit 80€. « La modification de l’indexation automatique des salaires » serait surtout « une tempête dans un verre d’eau ».

En pratique, cela signifie qu’une personne touchant 5000 € brut ne recevra plus 2% de ces 5000 € (100 €), mais 2% de 4000 €, soit 80 €.
Mais pourquoi ce mécanisme permet-il à l’État de réaliser des économies ?
Selon l’économiste Etienne de Callataÿ, « Il y a plusieurs dimensions« . En effet, « les gens auraient payé des cotisations sociales et des impôts » sur le salaire indexé. « Et dans ce qu’il leur serait resté, ils auraient consommé et donc, payé de la TVA« . Toutefois, il convient de considérer d’autres éléments. Tout d’abord, l’État est également employeur ; l’indexation qu’il ne versera pas à ses employés (policiers, magistrats, etc.) sera donc économisée.
Par ailleurs, un mécanisme permet à l’État de récupérer la moitié de l’indexation que l’employeur du secteur privé n’aura pas versée à l’employé. « Imaginons qu’une personne touche 5000 € brut. Avec l’indexation de 2%, cette personne aurait dû voir son salaire augmenter de 100 €« . Or, avec les nouvelles règles, cette augmentation ne serait que de 80 €. « Que se passe-t-il alors avec la différence de 20 € ? Le gouvernement a annoncé que l’employeur garderait la moitié pour lui ou pour ses actionnaires, et verserait l’autre moitié à l’État. » « On pourrait supposer que les entreprises réaliseront plus de bénéfices, mais les profits des entreprises sont taxés, donc il y aura également un petit retour pour l’État de ce côté-là« , précise-t-il.
Ce processus a déjà été observé, par exemple dans les années 80. « A cette époque, le saut d’index du gouvernement Martens-Gol n’était pas en faveur de l’employeur mais avait pour but de refinancer le budget« , rappelle l’économiste. « Au lieu de verser les 2% d’indexation aux travailleurs, l’employeur devait les payer à la sécurité sociale, donc à l’État. » « En 2015, sous le gouvernement de Charles Michel, le saut d’index profitait à l’employeur puisqu’il pouvait garder les 2% d’indexation. Le gouvernement De Wever opte pour un mix« .
Une question demeure pour ceux qui ont deux postes à temps partiel. « Imaginons qu’une personne gagne 3000 € brut d’un côté et 2000 € brut de l’autre, comment calcule-t-on cela ? » s’interroge Etienne de Callataÿ. Soit on considère le revenu total, soit les revenus séparés. « Nous ne connaissons pas encore les détails pratiques, mais il se peut qu’une personne cumulant deux mi-temps gagne plus qu’un salarié à temps plein.

La modification de l’indexation automatique des salaires et une tempête dans un verre d’eau

Etienne de Callataÿ, économiste

Selon l’économiste, « la modification de l’indexation automatique des salaires » serait principalement « une tempête dans un verre d’eau« . En effet, « il existe depuis 1996 une norme salariale« , précise-t-il. « C’est une norme qui limite la hausse des salaires en termes nominaux par rapport à ce qui est observé en moyenne en France, en Allemagne et aux Pays-Bas. » En d’autres termes, les salaires ne peuvent pas être augmentés au-delà de ce qui se fait à l’étranger pour protéger la compétitivité. « Avec la mesure du gouvernement De Wever, la masse salariale augmentera moins que ce qu’elle aurait dû. Donc, imaginons qu’au lieu d’augmenter de 2%, avec une indexation de 2%, un saut d’index partiel ferait que la masse salariale n’augmente que de 1,5% tandis qu’en France, en Allemagne et aux Pays-Bas, les salaires augmenteraient de 3%. Sans la nouvelle mesure du gouvernement fédéral, la marge dans l’accord interprofessionnel serait de 1%. Or ici, elle est de 1,5%« , calcule-t-il. « Le saut d’index n’aura d’impact que pour les individus, puisqu’ils ne sont pas tous logés à la même enseigne. Il pourrait y avoir un effet de redistribution. Mais sur le plan économique, on peut penser que tant que cette norme salariale existe, les travailleurs recevront l’augmentation que touchent en moyenne les Français, Allemands et Hollandais. La seule différence est qu’ils ne la percevront pas sous la forme automatique de l’indexation. Si les salaires augmentent de 6% à l’étranger, ils augmenteront aussi de 6% chez nous, que l’indexation soit de 6% ou non ne change rien, car cette norme contraignante empêche d’augmenter plus que ce qui se passe à l’étranger.« .