Paul Magnette : « Trouver 10 milliards d’euros n’est pas compliqué »
Le président du PS, Paul Magnette, a déclaré comprendre « qu’il y ait une colère profonde » des citoyens en raison des mesures du gouvernement, ajoutant que les pensionnés, les travailleurs, les malades, et d’autres groupes y perdront. Paul Magnette a indiqué que pour trouver 10 milliards d’euros, il propose de faire contribuer les grandes fortunes, ce qui rapporterait 6 milliards, et de lutter contre la fraude fiscale, évaluée à 30 milliards.
A quelques jours de la grève prévue par les syndicats du lundi 24 au mercredi 26 novembre, Paul Magnette, président du PS, a exprimé sa compréhension face à la « colère profonde » des citoyens, soulignant que les mesures gouvernementales « touchent absolument tout le monde ». Il a cité des groupes comme les pensionnés, les travailleurs, les malades, les enseignants, le personnel soignant et les étudiants, affirmant qu’ils seraient tous affectés. « Ce n’est pas nous qui organisons les grèves et on ne prétend pas le faire à la place des syndicats, mais on est aux côtés des travailleurs », a déclaré Magnette.
**Le PS veut « relever les salaires »**
Le sujet des augmentations salariales est crucial pour le PS. Quelles alternatives les socialistes peuvent-ils proposer face aux mesures de l’Arizona ? « Il faut d’abord qu’ils arrêtent de faire tomber des pluies de nouvelles taxes sur les citoyens… via le fédéral, via les régions… parce que c’est ça qui aggrave évidemment la situation pour les citoyens », a exclamé Paul Magnette.
Il a ensuite insisté sur la nécessité de « relever les salaires », affirmant qu’ils « n’ont plus augmenté depuis une dizaine d’années, depuis le gouvernement Michel, le saut d’index et le blocage des salaires ». Il a précisé qu’à l’exception du dernier saut d’index en 2015, les salaires des travailleurs belges ont été indexés selon l’inflation. Cependant, il a noté que « le taux de profit des entreprises est nettement supérieur à la moyenne européenne », et que le problème réside dans « la part de richesse qui ne revient pas aux travailleurs ».
Magnette a ajouté que relever les salaires serait bénéfique pour les travailleurs, l’économie et le budget. Pourquoi les socialistes n’ont-ils pas agi plus tôt ? « Nous avons augmenté le salaire minimum de 400 euros… on a renforcé les budgets de la santé », a-t-il rétorqué. Si les socialistes n’ont pas fait plus, c’est en raison d’un « blocage des salaires voulu par le MR », qui menace l’indexation automatique des salaires à chaque fois qu’une discussion est engagée.
**S’inspirer du modèle espagnol**
Paul Magnette a recommandé de s’inspirer de l’Espagne, dirigée par des socialistes, qui adopte une approche opposée à celle du gouvernement De Wever, à savoir relever les pensions minimales, augmenter les salaires et taxer les grandes fortunes. Quant à la menace que cela pourrait poser aux entreprises dans un contexte de concurrence internationale, Magnette n’est pas inquiet, citant les bénéfices des entreprises belges, qui s’élèvent à 163 milliards d’euros, selon la Banque Nationale. Il propose d’augmenter les salaires de 1% par an jusqu’à la fin de la législature, avec des réformes fiscales pour soutenir les bas et moyens salaires, cela ne fragiliserait pas les entreprises, selon lui.
Magnette a mis en garde contre les mesures de l’Arizona, qui, selon lui, réduiraient le pouvoir d’achat des citoyens et nuiraient au commerce local. « Tout cet argent-là qui ne sera pas dépensé… c’est tout notre commerce local, ce sont les indépendants, ce sont les PME qui sont les premières victimes », a-t-il martelé.
**Où trouver 10 milliards ?**
Pour générer 10 milliards d’euros, Magnette déclare que c’est « pas tellement compliqué ». Il a proposé une loi pour imposer les grandes fortunes, ce qui pourrait rapporter 6 milliards. Il souligne que des efforts sont demandés aux travailleurs, aux enseignants, aux étudiants, mais pas aux grandes fortunes ni aux multinationales qui ne payent pas leur juste part.
« Si vous luttez sérieusement contre la fraude fiscale, on peut aller chercher 3 milliards… », a-t-il ajouté, tout en faisant appel à de plus grandes contributions des entreprises les plus profitables. Selon lui, l’augmentation des salaires rapporterait également des milliards. « On ne peut pas demander tous les efforts aux travailleurs et aux pensionnés », a conclu Paul Magnette.
** »Il faut lutter contre toutes les formes de fraude »**
Récemment, plusieurs cas de fraude ont fait surface, dont celui d’une infirmière flamande ayant gonflé ses revenus. « Je comprends très bien le travailleur… qui trouve ça insupportable », a réagi Magnette, notant que le coût de la fraude sociale s’élève à « à peu près 3 milliards et demi ».
Il a également mentionné la fraude fiscale, estimée à 30 milliards, qui est bien plus conséquente que la fraude sociale. Cette dernière, selon lui, est surtout le fait de grandes entreprises qui échappent aux impôts par des montages fiscaux.
**Le gouvernement De Wever en échec ? : « nous serons prêts à revenir aux responsabilités »**
Actuellement, le gouvernement De Wever est à l’œuvre pour boucler son budget avant Noël, après avoir déjà repoussé les délais. Paul Magnette a exprimé ses doutes sur l’avancement des travaux budgétaires, se montrant inquiet face à l’absence de nouvelles réunions.
Le PS se tient-t-il prêt à prendre sa chance si le gouvernement échoue ? « J’attends de voir ce qu’ils vont faire… Nous serons prêts à revenir aux responsabilités », a-t-il assuré.
**A quand un gouvernement à Bruxelles ? « Si on a besoin de nous, il faut nous écouter »**
Depuis les élections du 9 juin 2024, la Région Bruxelles-Capitale attend toujours un nouveau gouvernement. Paul Magnette a indiqué que le PS est prêt à discuter, mais exige que ses préoccupations soient également entendues, notamment sur la crise du logement. « Il faut un gouvernement bruxellois d’urgence », a-t-il insisté, requérant que les légitimes attentes des Bruxellois soient prises en compte.

