Belgique

Passage de 20 à 22 heures de cours : des licenciements redoutés par les profs

La Fédération Wallonie-Bruxelles a présenté son budget 2026 la semaine dernière, avec l’objectif de réaliser 250 millions d’euros d’économies, dont 86,7 millions d’euros dans le secteur de l’enseignement. À partir de la rentrée 2026-2027, l’ensemble des professeurs du secondaire supérieur presteront 22 heures par semaine au lieu de 20.


La Fédération Wallonie-Bruxelles a dévoilé son budget pour 2026 la semaine passée. Pour réaliser 250 millions d’euros d’économies, la Fédération a été contrainte d’opérer des coupes dans tous les secteurs, y compris l’enseignement.

Dans ce domaine, 86,7 millions d’euros devront être économisés l’année prochaine. Parmi les mesures prises, on note l’harmonisation du temps de travail des enseignants du secondaire inférieur avec celui des enseignants du secondaire supérieur.

« Que l’on arrête d’aller chercher l’argent auprès des enseignants en les faisant bosser deux heures de plus ! », a réagi Raoul Hedebouw, président du PTB, lors du débat des chefs de parti « QR le débat ». À partir de la rentrée 2026-2027, tous les enseignants du secondaire supérieur travailleront 22 heures par semaine au lieu de 20. « C’est 10% de travail en plus non rémunéré », a insisté Raoul Hedebouw.

Sur le terrain, cette annonce soulève des mécontentements. Un collectif de près de 500 enseignants a formé une chaîne humaine à Liège ce vendredi. « 25 copies de correction d’un quart d’heure, c’est 6h30 de correction », a expliqué Anne-Françoise Gavray, professeure de français et d’espagnol, au micro de Marc Mélon. « Si vous faites une interro par semaine dans une classe, c’est 6h30 de correction. Faites ça avec une classe supplémentaire, et voyez ce que ça donne. »

« Un grand nombre de jeunes collègues vont perdre leur emploi. Et ça, on ne le dit pas », a déclaré Enza Laera, professeure d’histoire, soulignant que l’augmentation de la charge de travail n’est pas la seule préoccupation.

Un jeune professeur a mis en avant, dans un message à l’équipe de « QR le débat », que chaque école reçoit un « NTPP », soit un « nombre total de périodes professeurs ». « C’est le quota d’heure à répartir entre les enseignants selon le nombre d’élèves de l’année précédente. Si chaque enseignant donne deux périodes de plus, il n’y aura tout simplement plus assez de périodes dans ce NTPP pour garder tout le monde. »

Jean-Claude Lemaître, secrétaire général de l’APPEL, confirme que cette mesure affectera énormément l’emploi enseignant. « Imaginons qu’une école ait 120 heures de mathématiques. Actuellement, elles sont divisées en 20 et réparties sur 6 professeurs. Mais si on divise ces heures en 22, le sixième professeur n’aura plus un horaire complet. Un même volume d’heure de cours nécessitera moins de professeurs, et ceux en situation précaire en subiront les conséquences. »

Du côté du cabinet de la ministre de l’Éducation, Valérie Glatigny, on projette un discours optimiste. « Il n’y aura pas de licenciements ou perte d’emploi, on parle plutôt de non-remplacement. Avec les DPPR, les départs à la pension et les diverses réductions de temps de travail, ce sont 2170 ETP de postes d’enseignants qui s’ouvrent chaque année dans le secondaire supérieur. Il y a suffisamment de départs pour ne devoir licencier personne, y compris chez les non-nommés », précise le cabinet.

Pour accompagner ces changements, une exemption a été décidée : la charge de travail des jeunes professeurs (première année de carrière) et des enseignants de plus de 60 ans sera réduite de deux périodes face-classe. Cette mesure devrait bénéficier à environ 10% des enseignants concernés par l’augmentation de la charge horaire.

Les enseignants de 50 à 59 ans ne bénéficient cependant pas de cet allègement, mais peuvent ajuster leur charge via les aménagements existants.

« Cet allègement de deux heures ne vaut que pour la première année », déplore Jean-Claude Lemaître. « L’année suivante, les jeunes devront prester 22 heures, ça ne change rien au problème initial. »

Les syndicats CGSP-Enseignement et CSC-Enseignement ont déjà annoncé qu’ils ne laisseraient pas faire ces changements. Une journée de grève pourrait être organisée le 10 novembre prochain.