Belgique

”On a quand même eu deux cas où des ministres en exercice ont attaqué frontalement des médias, et ça c’est inédit”

La Ligue des droits humains (LDH) publie, ce 16 janvier, son rapport annuel sur l’état des droits humains en Belgique. Pierre-Arnaud Perrouty, directeur de la LDH, et Sibylle Gioe, présidente de la LDH, reviennent sur deux éléments : la présence et la banalisation des discours des extrêmes et les menaces à l’égard de la liberté de la presse.

La Ligue des droits humains s'inquiète pour la liberté de la presse dans une société où les fake news sont de plus en plus répandues.
La Ligue des droits humains s’inquiète pour la liberté de la presse dans une société où les fake news sont de plus en plus répandues. ©Copyright (c) 2021 chalermphon_tiam/Shutterstock. No use without permission.

Est-ce qu’au-delà du discours des partis politiques, ce n’est pas aussi la société qui a évolué ? Comme si la population était moins sensible à ces questions et donc les politiques ne feraient, finalement, que suivre ce mouvement des idées ?

Pierre-Arnaud Perrouty : C’est la théorie de l’œuf ou la poule, mais au fond, c’est surtout une question de perception. Le parallèle qu’on a fait pendant la crise de l’accueil, c’est d’imaginer que le ministre des Pensions dise ‘Désolé, il n’y a plus d’argent pour payer les pensions des hommes seuls. Et même si je suis condamné en justice pour ça, nous n’avons pas les budgets pour payer, donc je ne vais pas respecter cette condamnation. Si nous avions eu ce cas de figure, il y aurait eu des manifestations importantes dans les rues, et à juste titre. Dans la réalité, ce qui s’est passé, c’est qu’une ministre a dit que les hommes seuls qui demandent l’asile ne seront plus accueillis alors que c’est un droit. Et on a vu une réaction minimale, c’est vrai. Donc, oui, on peut se demander si la question mobilise moins. Mais c’est justement l’une des raisons pour lesquelles les droits humains doivent être au-dessus de toutes les législations. Et cela implique une obligation positive pour toutes les personnalités politiques, celle de veiller à ne pas alimenter un discours contraire aux droits humains.