Nouvelle étape dans le dossier épineux du RER : Linkebeek retire son veto… et accepte la suppression de la gare de Linkebeek
Un tournant décisif dans le dossier épineux du RER bruxellois : Linkebeek accepte de retirer son recours pour éviter l’élargissement à quatre voies sur une partie de son territoire. Une décision arrachée lors d’un vote mouvementé, où la majorité s’est retrouvée en minorité. Pourtant, le projet, déjà maintes fois retardé, n’est pas au bout de ses peines et ne devrait pas voir le jour avant 2033.
- Publié le 03-04-2025 à 23h39

Après des années de blocage, une étape cruciale a été franchie dans l’interminable saga du RER bruxellois. Dans les cartons depuis les années 60, ce dossier maudit de la politique belge consiste, pour rappel, en l’amélioration de la desserte ferroviaire de Bruxelles et sa périphérie. Mais, pour avoir plus de trains, il faut un système à quatre voies afin que les trains rapides puissent dépasser les trains locaux.
Pour la partie « nord » du RER, à savoir les lignes vers les villes flamandes, les travaux sont considérés comme achevés. Mais c’est sur les lignes vers la Wallonie que le projet a connu quantité de retards et déconfitures. La ligne vers Ottignies ne sera achevée que fin 2026. Pour la ligne L124, qui vient de Charleroi en passant par Nivelles, Waterloo et Linkebeek, ce sera « au plus tôt » 2033. En cause notamment : le blocage de Linkebeek. Depuis des années, les autorités locales s’opposent à la mise à quatre voies, évoquant des effets dévastateurs sur l’environnement et le paysage.


En février, La DH apprenait qu’une solution de compromis avait été mise sur la table par Infrabel. L’organisme ferroviaire acceptait de ne mettre à quatre voies qu’une partie du tronçon linkebeekois. Le tronçon le plus problématique aux yeux de la commune (au niveau de la rue du Kleindal) pourrait alors rester à deux voies. Mais avec des conséquences, et notamment la potentielle suppression de la gare de Linkebeek, qui « fusionnera » avec celle de Moensberg.


« Privilégier les intérêts particuliers et non le bien commun »
Un vote a eu lieu en ce début de semaine. La majorité des membres du conseil communal a donné son accord de principe pour ce compromis. Mais la séance a été pour le moins rocambolesque. La majorité a perdu, sur ce point, sa majorité. Deux conseillers de la liste du bourgmestre Yves Ghequiere (opposé au compromis), qui avait accordé une liberté de vote « en âme et conscience » à ses élus, ont suivi la position de la liste de Damien Thiéry (favorable au compromis).
« Je suis contre la proposition mais je respecte l’avis du conseil communal. C’est la démocratie« , nous indique le mayeur. « L’addition est très salée. Éliminer la gare de Linkebeek, fortement empruntée, est en contradiction avec l’esprit du RER. Je comprends que des riverains soient soulagés mais il y aura toujours des incertitudes car Infrabel peut, en fonction de la situation après les travaux, décider de quand même mettre à quatre voies. On ne fait que gagner du temps. »
guillement « Éliminer la gare de Linkebeek, fortement empruntée, est en contradiction avec l’esprit du RER.
« Je suis déçu et gêné », abonde l’échevin Cédric Letier, déplorant la suppression de la gare et la réduction de la desserte depuis Charleroi. « La liste 1630LKB (NDLR : de l’opposition menée par Damien Thiéry) a privilégié les intérêts particuliers et non le bien commun. »
« C’est juste du bon sens »
Du côté de ceux qui acceptent le compromis, le son de cloche est tout autre. « Je ne sais pas si, dans ce genre de dossier, on peut parler d’une quelconque victoire. C’est juste du bon sens« , pointe Damien Thiéry, échevin d’opposition (particularité propre aux communes bruxelloises à facilités). Selon lui, cette alternative est la seule option pour éviter une mise à quatre voies totale. « Est-ce que c’est un compromis idéal pour tout le monde ? Non, c’est pour cela que c’est un ‘compromis’. Il faut le RER. Nous ne pouvons pas être toujours la dernière commune à bloquer. » Quant à la suppression de la halte linkebeekoise ? L’échevin d’opposition rappelle la proximité immédiate de la gare de Moensberg, qui bénéficiera d’un meilleur accès cyclo-piéton, et de Holleken, qui aura une fréquence augmentée.
Rappelons que la gare de Linkebeek est en effet située proche de deux autres gares : Uccle-Moensberg (un kilomètre) et Holleken (deux kilomètres). Des trois gares, c’est Linkebeek qui, de loin, attire le plus de voyageurs (plus de 1 200 par jour de semaine).
Rien n’est encore fait
Les autorités communales retirant désormais leur veto, est-ce la fin du sempiternel blocage linkebeekois ? Pas si sûr… Si la commune fait tomber son recours, reste à voir si les riverains feront de même. Condition indispensable pour exécuter ce compromis. Au total, trois recours bloquent le projet : celui désormais caduc de la commune et deux citoyens.
Du côté d’Infrabel, pas de commentaire sur le fond du dossier et le détail du compromis sur la table. L’agence rappelle qu' » aucune décision n’a encore été prise à ce stade ». « Nous poursuivons donc les échanges afin de trouver un compromis acceptable pour toutes les parties. »
Reste ensuite à voir si l’annonce de la suppression de la gare de Linkebeek ne fera pas jaillir de nouvelles procédures d’opposition…

