Nouveau moment de tensions au sein de l’Arizona : voici les principaux points de blocage
Des rencontres bilatérales entre Bart De Wever et les présidents de parti ont lieu ce lundi après-midi. Un changement de la méthode de travail de Bart De Wever pourrait avoir lieu dans les prochains jours. Si sa mission est prolongée par le Roi ce mardi. De gros points de blocage, de fond comme de forme, subsistent.
- Publié le 09-12-2024 à 14h44
- Mis à jour le 09-12-2024 à 15h29
Nouveau moment de tension au sein des négociateurs de l’Arizona. Alors qu’une séance plénière était initialement prévue ce lundi après-midi avec les présidents de parti pour avaliser, notamment, le cadre budgétaire, le formateur – et par ailleurs président de la N-VA – Bart De Wever a dû changer son fusil d’épaule. Il a programmé de simples réunions bilatérales d’une demi-heure pour tenter de ramener un peu de calme dans les négociations.
Mais à quoi donc est dû ce nouveau moment de tension – un de plus, diront certains – qui fait à nouveau craindre une rupture entre les négociateurs ? Les raisons sont multiples.
1. La méthode Bart De Wever
Initialement, le formateur entendait engranger quelques avancées dans des chapitres moins sensibles pour insuffler une tendance positive avant d’aborder les gros dossiers, singulièrement la super note socio-économique. Les travaux ont bien avancé sur l’immigration, la sécurité, la mobilité et l’énergie, notamment, même s’il reste encore quelques nœuds. Bart De Wever entendait aussi boucler un cadre budgétaire, dans lequel serait fixé l’effort à réaliser – à savoir 22 à 23 milliards d’euros dont 16 à 17 milliards d’économies et le solde pour financer des politiques nouvelles (surtout pour la défense). Raté. Vooruit, notamment, refuse assez légitimement d’avaliser un cadre budgétaire dans lequel certaines mesures contenues dans la super note ne sont pas assez précisément évaluées. C’est d’autant plus vrai que toutes les données budgétaires transmises par le Bureau du Plan ou la BNB ne semblent pas communiquées par la N-VA aux autres partis. Cette rétention d’informations agace un peu…
2. L’énervement croissant de Georges-Louis Bouchez
Si le président du Mouvement réformateur, plutôt calme jusqu’en milieu de semaine, est de nouveau agité, c’est notamment parce que le kern sur les soins de santé (budget de l’Inami), qui acte une norme de croissance de 2,5 %, a été annulé ce lundi. La Vivaldi d’Alexander De Croo, en affaires courantes, a une nouvelle fois refilé la patate chaude à l’Arizona. Le président du MR a donc déjà l’impression de devoir faire des concessions alors que le futur exécutif n’est pas encore formé. Le raisonnement est audible. Si le MR – « qui a tendance à prendre pour acquis ce qui se trouve dans la super note, alors que cela n’a jamais été négocié ensemble« , nous dit une source – est remonté, c’est aussi parce que le dossier fiscal reste sensible. Certes, le paquet « épaules les plus larges », pour un peu plus de 2 milliards d’euros, qui intègre la taxation des plus-values, a fait l’objet d’un consensus. Mais Vooruit veut des garanties plus claires… On sait que la fiscalité crispe Conner Rousseau et Georges-Louis Bouchez.
3. Le positionnement de Conner Rousseau
Très « mordant » depuis quelques jours, le président de Vooruit veut en effet des garanties sur la fiscalité. Mais pas seulement. Il en veut sur les pensions aussi. C’est que les économies projetées pour 3 à 3,5 milliards d’euros ne sont pas anodines. Il souhaite donc des précisions chiffrées, notamment sur les audits réalisés sur les mesures « pensions ».
4. Le CD&V, lui aussi, n’est pas en reste
On le sait, son dada, c’est la réforme fiscale. Pensez, le ministre des Finances Vincent Van Peteghem (CD&V) y a travaillé pendant plus de deux ans sous la précédente législature, un peu seul dans son coin au début. Le parti de Sammy Mahdi veut une réforme d’ampleur. Mais cela semble compliqué, et pas seulement pour des impératifs budgétaires. Il se murmure même que si Bart De Wever se sent capable de faire s’accorder MR et Vooruit, l’équation se complique singulièrement avec le CD&V.
Alors, stop ou encore ?
Le « stop » n’est pas à exclure, mais ce n’est vraiment pas la piste privilégiée par les négociateurs. Le communiqué envoyé à la mi-journée par le MR, très volontariste, va dans ce sens. Par contre, l’hypothèse d’un nouveau changement de méthode de Bart De Wever – trouver un accord sur la super note socioéconomique avant d’en dégager un sur le cadre budgétaire – semble reprendre vigueur ; l’issue des bilatérales cet après-midi devrait donner de la consistance à cette hypothèse. Sans cela, l’entrevue de Bart De Wever avec le Roi risque de tourner court.