Belgique

Noël sans leurs parents : soirée festive pour enfants en institution

Sept enfants passent le réveillon éloigné de leurs parents en raison de situations familiales instables ou dangereuses. En Fédération Wallonie Bruxelles, environ 1000 enfants attendent une place d’accueil.


Sept enfants, récemment arrivés dans un service d’observation et d’orientation, passent le réveillon éloignés de leurs parents en raison de situations familiales instables ou dangereuses. Dans un moment traditionnellement associé à la famille, cette soirée de Noël revêt pour eux une signification particulièrement chargée de manque et d’espoir mêlés. Pour chasser la tristesse, les éducateurs misent sur la musique, la danse et le jeu, tentant d’apporter un peu de gaieté dans le quotidien de ces jeunes.

Une sortie au restaurant est même organisée, où chacun peut choisir son plat préféré, et le Père Noël ne les oublie pas, apportant des cadeaux qui suscitent un enthousiasme débordant.

Des parcours déjà marqués par la rupture

À seulement 10 ans, une fillette, Sephora, raconte avoir déjà vécu dans cinq centres d’accueil différents, symbole d’une instabilité qui laisse des traces profondes. Elle explique, avec des mots d’enfant, que ses parents « ne font pas des bonnes choses », une manière pudique d’évoquer les violences, négligences ou dysfonctionnements qui ont justifié son placement.

Un autre enfant confie sa tristesse lorsqu’il voit, à l’école, ses camarades entourés de leurs parents alors que lui vit « dans un centre ». Malgré les difficultés vécues, la majorité formulent le même vœu pour Noël : retrouver leurs parents, retourner vivre en famille. Face à ces blessures, les éducateurs se présentent comme des figures référentes sur lesquelles les enfants s’attachent rapidement, parce que ce sont eux qui prennent soin d’eux au quotidien. Leur travail consiste avant tout à écouter, rassurer et rappeler que « tout s’arrangera pour le mieux », en misant sur le temps pour apaiser les angoisses et permettre à chacun d’évoluer.

Une éducatrice explique que ces jeunes finissent, avec l’accompagnement, par obtenir des réponses à leurs questions et par progresser dans leur parcours. L’objectif du service est de décider, après quelques mois d’observation, de ce qui sera le mieux pour chaque enfant, qu’il s’agisse d’un retour en famille, d’un placement durable ou d’une autre solution d’hébergement. Derrière cette parenthèse joyeuse au restaurant, la réalité du secteur apparaît en filigrane : une éducatrice rappelle qu’en Fédération Wallonie Bruxelles, environ 1000 enfants attendent une place d’accueil. Faute de solution, certains restent à l’hôpital ou dans des familles défaillantes, alors que les services spécialisés sont déjà saturés.

Au terme de la soirée, les enfants repartent avec des sourires, des cadeaux et le souvenir d’un repas « très très bon » et « très très chouette » partagé ensemble. Pour quelques heures, le quotidien lourd s’est transformé en moment de fête, tel que devrait l’être la vie de chaque enfant, loin des préoccupations d’adultes.

Mais derrière ces instants de joie, demeurent les mêmes vœux et les mêmes questions sur leur avenir familial. Ce réveillon en institution rappelle, dans sa simplicité, le défi de garantir à tous les enfants une enfance protégée, stable et un peu plus légère.