Nicolas Sarkozy : un parcours de l’Élysée à la prison
Nicolas Sarkozy a été condamné définitivement à cinq ans de prison dans le cadre de l’affaire du financement de sa campagne électorale de 2007, avec la justice suspectant que celle-ci a été financée par Mouammar Kadhafi. Son pourvoi devant la Cour de cassation doit être examiné le 8 octobre.
Nicolas Sarkozy est devenu en décembre le premier ancien président français à purger une peine de prison ferme, après une condamnation définitive pour corruption et trafic d’influence dans l’affaire des « écoutes ». Sa peine avait été adaptée pour qu’il puisse porter un bracelet électronique. Suite au jugement rendu jeudi, il sera le premier président à passer une nuit en détention.
Malgré une dernière décennie marquée par son éloignement des scènes politiques et ses comparutions devant les tribunaux, le simple fait de prononcer son nom lors des meetings de son parti, Les Républicains (LR, ex-UMP), continue de susciter des applaudissements nourris. De plus, ses mémoires connaissent un franc succès en librairie.
Avec un enthousiasme contagieux et une expression verbale énergique, celui que l’on surnomme « Sarko » a su susciter à la fois admiration et antipathie, parfois chez les mêmes personnes, tout au long d’une carrière politique de 40 ans à l’Assemblée nationale, dans plusieurs ministères (Budget 1993-1995, Économie et Finances mars-novembre 2004, Intérieur 2005-2007) et à la tête de l’UMP, devenu LR (entre 2014 et 2016).
Il a accédé à la présidence en 2007. Sa campagne victorieuse est au cœur de l’affaire jugée le 25 septembre 2025, la justice suspectant qu’elle a été financée par l’ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi (1969-2011).
### « Président bling-bling »
Ce « président bling-bling », critiqué pour sa dérive sécuritaire et raciste par certains, est vu par d’autres comme un gestionnaire astucieux de la crise financière de 2008. Il a été battu par le socialiste François Hollande lors de sa quête d’un second mandat en 2012. Après cette défaite, il avait promis qu’on « n’entendrait plus parler de » lui. Cependant, ses démêlés avec la justice et sa vie médiatique, souvent aux côtés de son épouse, l’ancien mannequin et chanteuse franco-italienne Carla Bruni, ainsi que son amour pour la politique, ont contredit cette prédiction.
Sarkozy, se présentant comme une victime de « harcèlement » judiciaire, a accumulé les convocations devant les juges et subit des revers. Sa condamnation définitive dans l’affaire des « écoutes », une affaire de corruption impliquant un magistrat en 2014 qui lui avait fourni des informations sur les enquêtes le visant, est historique : jamais un président français n’avait été condamné à la prison ferme.
Son mentor, Jacques Chirac, président entre 1995 et 2007, avait été condamné avant lui, en 2011, à deux ans de prison avec sursis, dans une affaire d’emplois fictifs à la ville de Paris. Nicolas Sarkozy a également été condamné en appel, en février 2024, à un an de prison, dont six mois ferme, dans l’affaire Bygmalion, concernant le financement de sa campagne présidentielle perdue de 2012.
Son pourvoi devant la Cour de cassation, la plus haute juridiction d’appel de France, sera examiné le 8 octobre.
### « Petit Français de sang-mêlé »
Son ambition irrépressible l’a poussé à retenter sa chance pour l’Élysée en 2017, avant d’être écarté de la course par les militants de son parti, qui ont préféré son ancien Premier ministre, François Fillon. Cet épisode a marqué la fin de ses aspirations politiques pour celui qui se définit comme un « petit Français de sang-mêlé » – d’un père hongrois et d’un grand-père maternel juif grec – parvenu aux plus hautes fonctions de la République.
Il avait été élu en 1983, à 28 ans, à la mairie de Neuilly-sur-Seine, une commune aisée de l’Ouest parisien, qui allait servir de tremplin pour sa carrière politique.
Après un temps d’exclusion au sein de son camp pour avoir soutenu Edouard Balladur contre Jacques Chirac dans la lutte interne à la droite avant la présidentielle de 1995, il devient un acteur incontournable de la campagne de réélection de Jacques Chirac en 2002, avant de défier ce dernier depuis le gouvernement en tant que ministre de l’Intérieur, avant d’accéder à l’Élysée.
Depuis son retrait, il a conservé une influence à droite, où il est considéré par certains comme une référence, rencontrant régulièrement des personnalités lors de rendez-vous informels dans ses bureaux, à proximité du palais de l’Élysée.
Dans un climat d’instabilité politique en France depuis juin 2024, il a reçu Jordan Bardella, le président du parti d’extrême droite Rassemblement national, en juillet.
Fin 2024, il a tenté, en vain, d’utiliser son influence pour empêcher un rival, le centriste François Bayrou, de devenir Premier ministre. Nicolas Sarkozy entretient également des relations cordiales avec le président Emmanuel Macron, qu’il a rencontré à plusieurs reprises, tout en déplorant qu’il « ne l’écoute pas toujours« .
### Extrait du JT (25/09/25) :
Procès Sarkozy-Libye : l’ancien président écope de cinq ans de prison.

