Belgique

Négociations bruxelloises : une crise profonde en trois podcasts analysée

Bruno Gérard a déclaré au début du mois de septembre que certaines asbl n’avaient toujours pas perçu les subsides liés à la première tranche de crédits provisoires, celle entre janvier et mars. Selon Guillaume Delvaux, il existe un risque de heurter un iceberg, bien que cela ne soit pas garanti.


Pour mieux cerner les raisons, les conséquences et les risques de cette crise interminable, nous avons sollicité plusieurs observateurs et acteurs au cours de ces trois épisodes : Caroline Sägesser, historienne et chercheuse au Centre de recherche et d’information sociopolitiques (CRISP), Johan Baeten, journaliste politique chez Bruzz, Thierry Geerts, CEO de BECI, Bruno Gérard, directeur de Bruxeo, Céline Romainville, Professeure de droit constitutionnel à l’UCLouvain et Guillaume Delvaux, doctorant en droit constitutionnel à l’UCLouvain.

Les conséquences pratiques de cette crise politique

Dans cet épisode, nous avons analysé les conséquences concrètes de l’absence de gouvernement à Bruxelles, en commençant par son impact sur les associations et les entreprises. Bruno Gérard a souligné au début du mois de septembre que « certaines asbl n’ont toujours pas perçu les subsides qui sont liés à la première tranche de crédits provisoires, donc la tranche entre janvier et mars », une situation qui ne semble pas s’améliorer. Les conséquences sont visibles : chômage économique, réduction du temps de travail, licenciements… Certaines asbl craignent même pour leur viabilité future.

Pourtant, selon Thierry Geerts, le gouvernement en affaires courantes, qui exerce temporairement le pouvoir, pourrait faire beaucoup plus : « Quand on est en affaires courantes depuis quinze mois, il faut changer la rhétorique et dire qu’on va gérer à fond, au mieux, tous les jours, et pas uniquement gérer le minimum minimorum, ce qu’ils font pour l’instant. »

► Écoutez ci-dessus l’intégralité de cette interview dans le podcast Les Clés ou directement sur Auvio.

Les raisons du blocage

Le deuxième épisode de cette série sur Bruxelles examine les raisons derrière ce blocage et ses conséquences sur la capitale belge. Caroline Sägesser, historienne, remarque l’incapacité actuelle des politiques à parvenir à des compromis, alors que la Belgique a été reconnue pour sa capacité à négocier par le passé. Elle déclare : « Il faudrait quand même qu’à un moment donné, les protagonistes de cette affaire prennent conscience de l’urgence de la situation et acceptent quelque part de lâcher du lest. Et je suis effectivement extrêmement perplexe devant leur incapacité à faire les concessions nécessaires. »

Caroline Sägesser ajoute que les Bruxellois ne sont pas suffisamment conscients de la gravité de la situation : « Excusez-moi d’être un peu lapidaire voire vulgaire, mais j’ai l’impression que tout le monde s’en fout. » Malgré une perception lointaine de cette crise par les citoyens, ses conséquences sont déjà évidentes.

► Écoutez ci-dessus l’intégralité de cette interview dans le podcast Les Clés ou directement sur Auvio.

Un vrai risque de faillite ?

Dans ce dernier épisode, les inquiétudes financières liées à la région bruxelloise ont été analysées. La banque Belfius a annoncé qu’elle suspendrait, à partir du 1er janvier, la ligne de crédit accordée à la région bruxelloise. Bien que cette ligne de crédit soit rarement utilisée, elle peut s’avérer nécessaire.

Guillaume Delvaux explique : « On va reprendre notre métaphore du bateau. Il y a un risque de heurter un iceberg. Est-ce que ça veut dire qu’on va heurter l’iceberg forcément ? Non, ce n’est pas sûr, mais le risque est là et donc c’est un risque à prendre au sérieux et il faut s’y préparer le plus possible. Et d’ailleurs, la meilleure manière d’éviter cet iceberg, quel que soit au final le niveau du déficit, c’est d’avoir un budget, un gouvernement et une trajectoire pluriannuelle. »

► Écoutez ci-dessus l’intégralité de cette interview dans le podcast Les Clés ou directement sur Auvio.