Moldavie : bureaux de vote ouverts pour des élections législatives tendues
Chaque camp accuse l’autre de manipulation et de tentative d’intimidation lors de ce scrutin au résultat incertain. En 2021, la participation nationale avait atteint 52,3% et le Parti Action et Solidarité (PAS) l’avait emporté avec 52,8% des voix contre 27,2% pour le Bloc des socialistes et communistes (BESC) d’Igor Dodon.
Signe de l’importance de ce scrutin aux résultats incertains, chaque camp accuse l’autre de manipulation et de tentative d’intimidation.
Selon Igor Botan, directeur du centre de réflexion moldave Adept, la Moldavie n’a « jamais vu un tel niveau (d’ingérence étrangère) dans une campagne électorale » depuis son indépendance proclamée en 1991. Ces allégations sont rejetées par la Russie, qui prétend que les autorités moldaves diffusent une rhétorique anti-russe.
L’ancien président prorusse Igor Dodon (2016-2020) a déclaré vendredi assister à « l’agonie d’un gouvernement (…) en état de panique ». Dans une vidéo, il a incité les Moldaves à aller « voter en masse ». Dans un entretien avec l’AFP, il a exprimé son souhait de poursuivre « les négociations avec l’Union européenne (UE) ». « Mais nous rétablirons également les relations avec la Fédération de Russie », a-t-il ajouté, précisant qu’il s’attaquerait d’abord à la situation socio-économique du pays, l’un des plus pauvres d’Europe.
Cette situation a conduit de nombreux Moldaves à émigrer : plus d’un million d’entre eux vivent à l’étranger tandis qu’environ 2,4 millions sont restés au pays. Les voix de la diaspora sont particulièrement recherchées : l’an dernier, elles ont grandement contribué à la réélection de Maia Sandu à la présidentielle. En 2024, 300.000 d’entre elles ont voté.
En plus de la participation de la diaspora, celle de la région séparatiste de Transdniestrie, favorable à la Russie, sera scrutée de près.
Coincée entre l’Ukraine – envahie par la Russie – et la Roumanie – membre de l’Union européenne, la Moldavie est depuis longtemps partagée entre le renforcement de ses liens avec Bruxelles et le maintien de ses relations héritées de l’ère soviétique avec Moscou, dont elle a obtenu son indépendance en 1991. À son crédit, Maia Sandu a réussi à obtenir l’ouverture de discussions officielles pour l’adhésion à l’Union européenne et, surtout, de nombreuses aides financières occidentales. Cependant, la lutte contre la corruption et les réformes judiciaires, qui suscitaient de grandes attentes, sont encore inachevées, entraînant des frustrations et renforçant les partis d’opposition, dont certains ont des liens financiers avec Moscou.
En cas de gouvernement prorusse, la Moldavie pourrait être utilisée contre son voisin ukrainien, comme « un tremplin pour des attaques hybrides contre l’Union européenne », a prévenu Maia Sandu. Le Parti Action et Solidarité (PAS) a également mis en garde contre le danger que les hommes moldaves deviennent « de la chair à canon dans les guerres sanglantes et criminelles » de Vladimir Poutine.
De son côté, son principal opposant, le Bloc patriotique, accuse la rupture des relations avec Moscou d’avoir contribué au ralentissement économique du pays et à l’envolée des prix du gaz. Il prône l’apaisement avec le Kremlin et a promis d’augmenter les retraites sur le plan social.
En 2021, la participation nationale avait atteint 52,3%. Le PAS avait remporté 52,8% des voix contre 27,2% pour le Bloc des socialistes et communistes (BESC) d’Igor Dodon. En cas de résultats très fragmentés, le risque d’instabilité est élevé, avec la possibilité d’alliances temporaires ou d’élections anticipées. « Ce qui serait également très opportun pour les intérêts russes », estime Valeriu Pasha, du groupe de réflexion WatchDog.md. Une vingtaine de partis et candidats indépendants sont en lice pour ce scrutin, qui pourvoira 101 sièges. Les bureaux de vote fermeront à 21h00 (20h00 heure belge). Les analystes interrogés par l’AFP restent prudents quant aux résultats.

