“Membres fantômes” et « carabistouilles”: à Bruxelles, une guerre intestine déchire les libéraux flamands

Cette semaine, alors que Bruzz a révélé les soupçons de “membres fantômes” qui auraient été inscrits à la section bruxelloise du parti, ces querelles ont franchi un nouveau seuil. Au point de remonter au bureau national de l’Open VLD ce lundi, et au président Egbert Lachaert, qui a pris l’affaire en main.

Car la section bruxelloise du parti du Premier ministre, Alexander De Croo, devait élire un nouveau comité et un nouveau président. Cette élection, qui ne se passe pas dans la plus grande sérénité, a pris quelque retard…

En juillet, Freddy Neyts, l’actuel président, a déposé une plainte auprès de la commission statutaire nationale (organe interne de l’Open VLD). Dans un courrier envoyé au parti, que La Libre a pu consulter, il demande une enquête sur l’inscription de “81 nouveaux membres” dans la section locale.

Une liste de nouveaux membres aurait été fournie par d’autres membres du conseil d’administration de la section Open VLD de la Ville de Bruxelles. Dont Frederik Ceulemans, lequel est pressenti comme futur candidat à la présidence de la section. “Les règles ont été suivies, comme décidé par le comité statutaire”, se borne à commenter l’intéressé.

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Quarante-trois nouveaux membres ne vivent pas à Bruxelles

Toujours dans son courrier, Freddy Neyts dit trouver suspect que le paiement de la cotisation d’une cinquantaine de membres a été effectué en dernière minute, et émane de seulement cinq numéros de compte, appartenant à des membres de la section régionale du parti. Il note également que, sur une liste de 81 nouveaux noms, “43 ne vivent pas à Bruxelles”.

Selon certains membres de la section, la manœuvre a pour but d’influencer l’élection interne de la section bruxelloise pour contrer Els Ampe, qui est loin de faire l’unanimité. En d’autres termes, il s’agirait d’une forme d’OPA orchestrée par des membres concurrents, visant à récupérer le leadership à la Ville de Bruxelles et un siège de député.

La commission statutaire s’est, dans un premier temps, contentée de biffer une petite dizaine de noms de la liste des nouveaux membres. Les autres inscriptions ont été jugées conformes aux statuts, qui n’imposent pas de résider dans la section dont on est membre. Cela n’a pas suffi à Freddy Neyts qui, en octobre, a pris un avocat et lancé une procédure en appel. Elle n’a pas encore été tranchée.

Au parti, chacun se tait dans toutes les langues. Un mot d’ordre général a semble-t-il été donné. Il faut qualifier l’affaire “d’histoire interne, qui se règle en interne”, comme le fait la section bruxelloise de l’Open VLD, de même que le porte-parole national du parti, tandis que d’autres regrettent que “des carabistouilles” aient été racontées.

Egbert Lachaert a pris lui-même l’affaire en main pour éviter que la situation ne dégénère encore davantage.

”La section bruxelloise est mise sous tutelle. C’est grave quand même. Le président avait donné une chance à la section, il y a un mois. Mais ses membres ne sont pas parvenus à se mettre d’accord”, pointe un ténor bruxellois de l’Open VLD.

L’élection pour la section locale doit en théorie avoir lieu avant la fin du mois de mars, alors que l’appel de Freddy Neyts n’est pas tranché. En substance, cela signifie que certains des membres jugés “fantômes” par l’actuel président de l’Open VLD bruxellois pourraient avoir la possibilité de voter.

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Le clan d’Els Ampe contre celui de Sven Gatz

En filigrane, c’est le leadership des libéraux flamands sur Bruxelles qui est en jeu, entre les poids lourds que sont Els Ampe, qui incarne l’aile droite, et Sven Gatz, Guy Vanhengel, et l’étoile montante Frederik Ceulemans, qualifiés de “linksliberalen” (libéraux de gauche).

Ces derniers semblent davantage soutenus au sommet du parti, qui souhaiterait reprendre la main sur Bruxelles.

Els Ampe, avec 3 851 voix de préférence, peut toutefois se targuer d’avoir obtenu le plus haut score de la Région bruxelloise au Parlement flamand.

En dépit de son poids électoral, la députée flamande, proche de Freddy Neyts, est loin de faire l’unanimité. Elle apparaît marginalisée au sommet du parti et au niveau de la régionale Bruxelloise, où certains déclarent vouloir un vent nouveau.

Une plainte pour faire exclure Els Ampe

En 2021, la section bruxelloise de l’Open VLD a même déposé une plainte pour réclamer son exclusion du parti, après la diffusion par la députée d’images en direct d’une lockdown party, durant le Covid, où elle s’en était vivement prise aux policiers et au bourgmestre d’Ixelles, qui tentaient de faire évacuer les lieux.

”Son score a blessé l’ego de certains de ses confrères masculins de la même circonscription régionale”, glisse une source libérale flamande.

Certains évoquent, pour la remplacer comme chef de file locale et régionale, le nom de Frederik Ceulemans, porte-parole du groupe au Parlement bruxellois et proche de Sven Gatz.

Frederik De Gucht, le fils de l’ancien ministre des Affaires étrangères, proche du président Lachaert, est quant à lui pressenti pour présider la section bruxelloise.

Une certitude : Els Ampe n’est pas prête à lui céder la place. Et l’affaire n’est pas terminée.