Belgique

Médicaments contre l’acidité : des prix en hausse ingérables pour les patients

Le 1er janvier 2026, le remboursement des inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) passera de la catégorie B à la catégorie Cx, entraînant une augmentation des coûts pour les patients. Selon Frank Vandenbroucke, cette mesure permettra une économie de 53,9 millions d’euros.

Le ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke, a constaté lors de la présentation de son budget 2026 que « nous utilisons trop de médicaments« . Dans une démarche d’économies, il cible notamment une catégorie de médicaments fortement prescrite : les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP), utilisés pour traiter l’excès d’acidité gastrique.

À partir du 1er janvier 2026, le remboursement de ces médicaments sera réduit. Ils passeront de la catégorie de remboursement B à la catégorie Cx (une explication de cette classification se trouve plus bas dans l’article).

Cette mesure, selon Vandenbroucke, devrait permettre d’économiser 53,9 millions d’euros. Il est important de noter que les patients atteints de pathologies graves, comme le syndrome de Barrett, ne seront pas concernés par cette hausse de prix. Cependant, les autres utilisateurs de ces médicaments pourraient mal accueillir cette nouvelle.

1 Belge sur 5 en consomme

Les antiacides ne sont pas choisis au hasard pour cette mesure visant des économies. Selon le communiqué du ministre, « la Belgique fait partie des pays où la consommation d’antiacides est la plus élevée en Europe : au moins 1 Belge sur 5 en prend. […] Entre 2004 et 2017, leur consommation a triplé et continue d’augmenter chaque année. Pire, de nombreuses personnes en utilisent bien plus longtemps que recommandé, ce qui comporte des risques pour la santé.« 

Effectivement, le site de l’INAMI précise que les antiacides « font partie depuis de nombreuses années du top 25 des médicaments les plus coûteux pour l’assurance soins de santé. Leur utilisation a fortement augmenté ces dernières années. Or, les recherches indiquent qu’une grande partie de leur usage dépasse les indications normales, avec des doses élevées non justifiées et une prolongation des traitements.« 

Plus de prévention, moins de prescriptions

Un constat confirmé par des médecins : les antiacides sont largement utilisés alors que des efforts de prévention sont nécessaires. « C’est un médicament qui est très répandu, qui coûte cher« , souligne Audrey Bonnelance, médecin généraliste. « Idéalement, nous devrions informer les patients sur les mesures hygiéno-diététiques à adopter pour éviter le reflux ou les problèmes gastriques. En investissant du temps et de l’argent dans l’information, il est probable que nous aurons moins besoin de prescrire ces médicaments.« 

Antoine Leboeuf, pharmacien, partage également ce constat : « Pour certaines personnes, ces médicaments deviennent un simple confort. Ils les prennent, mais est-ce qu’il y a une évaluation de leur situation clinique ? C’est une question légitime. Ici, nous ne sommes pas médecins, donc nous ne pouvons pas remettre en cause les prescriptions. Cependant, il existe des solutions plus naturelles et des alternatives qui pourraient réduire la consommation excessive des antiacides.« 

Le cabinet de Frank Vandenbroucke a ajouté que « l’augmentation du ticket modérateur sera accompagnée d’une campagne d’information sur l’utilisation correcte des antiacides par les autorités publiques.« 

Jusqu’à maintenant, les antiacides étaient bien remboursés

Quel sera alors l’impact sur le prix de ces médicaments ? Actuellement, les inhibiteurs de la pompe à protons sont classés en catégorie de remboursement B, signifiant qu’ils sont majoritairement remboursés. Par exemple, selon le Centre belge d’information pharmacothérapeutique, voici les coûts actuels pour les patients :

Exemple numéro 1

Le prix public de l’Esomeprazole AB (comprimés 100 x 20 mg) est de 18,18 €. Grâce au remboursement de catégorie B, le patient ne paye que 4,28 €. Pour les bénéficiaires d’intervention majorée, le prix est réduit à 2,57 €.

Loading…

Exemple numéro 2

Le Pantomed (comprimés 56 x 40 mg) est proposé à 19,54 €, mais le patient ne paie que 4,74 € (et 2,84 € pour les bénéficiaires d’intervention majorée).

Loading…

Actuellement, la portion remboursée est importante, mais cela va bientôt changer. Le budget 2026 prévoit le transfert des antiacides de la catégorie B vers la catégorie Cx, entraînant un remboursement partiel seulement pour les patients. Le montant à la charge des patients augmentera donc significativement, mais les détails pour chaque médicament antiacide restent à préciser.