Médias de proximité : des chaînes aux réalités très distinctes
La ministre des médias en Fédération Wallonie-Bruxelles, Jacqueline Galant, prévoit une large réforme des médias de proximité, notamment de leur financement, qui repose en partie sur des fonds publics et des revenus publicitaires. Selon Valentine Lissoir, directrice de Canal Zoom et Bouké Média, « il faut rendre les médias de proximité moins fragiles » en raison de l’instabilité des financements venant des communes.
La ministre des Médias de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Jacqueline Galant, prévoit une réforme importante concernant les médias de proximité, y compris leur financement. Actuellement, les 12 chaînes de télévision locales fonctionnent selon un modèle hybride. Elles sont constituées sous forme d’ASBL et génèrent des revenus publicitaires, mais reposent en grande partie sur des financements publics, qui proviennent de la FWB. Ce modèle est le résultat de l’histoire de ces chaînes, établies par des collectifs citoyens à une époque où l’audiovisuel était un monopole d’État.
### Une multiplicité de réalités
Les médias de proximité sont souvent considérés comme un ensemble homogène, mais ils englobent en réalité des situations très variées. Certains bénéficient d’aides financières de la part des municipalités qu’ils desservent ou de revenus publicitaires conséquents. D’autres, à l’inverse, fonctionnent avec des budgets très limités. « Il y a en tout cas beaucoup de difficultés à établir une espèce de cohérence entre tout le monde, » déclare Bernard Cools. « La production numérique, par exemple, est extrêmement variable d’un média à l’autre. De même, les résultats financiers diffèrent; certains médias sont structurellement déficitaires, tandis que d’autres présentent une gestion plutôt exemplaire. Ainsi, fonctionnellement, c’est extrêmement hétérogène. »
Valentine Lissoir, directrice de Canal Zoom et Bouké Média, souligne que les missions exigées des médias de proximité par le CSA sont identiques, indépendamment de leur fonctionnement et de leur mode de financement. Les médias de proximité doivent en effet se conformer à un cahier des charges, similaire au contrat de gestion de la RTBF. Chaque chaîne est donc tenue de diffuser un certain nombre de contenus, notamment éducatifs ou respectant des critères de diversité. Certaines antennes doivent ainsi produire une quantité plus importante de contenus avec des budgets réduits.
### Quels autres financements que la FWB ?
En réduisant les fonds publics alloués aux médias locaux, Jacqueline Galant incite ces ASBL à trouver de nouvelles sources de financement. Cependant, le marché publicitaire est en difficulté. Les chaînes nationales, déjà en concurrence avec les GAFAM, peinent à maintenir leur viabilité. « Nous sommes déjà toutes en quête de marchés privés. Nous diversifions nos activités à travers des cellules de production internes, mais ce n’est pas simple. C’est un marché saturé, » s’inquiète Valentine Lissoir.
Se tourner vers d’autres acteurs publics ne constitue pas non plus une solution durable, rappelle Valentine Lissoir. « Il faut rendre les médias de proximité moins fragiles. Une fois qu’une relation de subvention ou de partenariat est établie avec une commune, cela peut jouer contre nous, notamment parce que nous traitons souvent des histoires politiques locales. Parfois, cela peut entraîner la perte soudaine d’une subvention communale. Cela s’est produit l’année dernière. »
Il est donc nécessaire de réinventer l’ensemble du modèle financier des médias de proximité.
► Pour en savoir plus sur cette réforme, écoutez l’entièreté du podcast des Clés.

