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Madagascar : 22 morts lors des manifestations, démission du gouvernement demandée

Le Haut-Commissariat indique que « les manifestations pacifiques » ont commencé dans la capitale Antananarivo le 25 septembre, mais « les forces de sécurité sont intervenues avec une force non nécessaire, lançant des gaz lacrymogènes, et frappant et arrêtant des manifestants ». Le président malgache a annoncé lundi renvoyer tout son gouvernement lors d’une allocution télévisée tenue après des jours de manifestations au cours desquelles au moins 22 personnes ont été tuées, d’après l’ONU.

« Des manifestants et des passants ont été tués par des membres des forces de sécurité, tandis que d’autres ont perdu la vie lors des violences et des pillages généralisés qui ont suivi, commis par des individus et des gangs sans lien avec les manifestants« , a déclaré le Haut-Commissariat dans un communiqué.

Le Haut-Commissaire a également exprimé sa « tristesse face aux pertes en vies humaines et aux atteintes aux personnes survenues durant les manifestations« . Il appelle les autorités malgaches à réaliser « des enquêtes rapides, approfondies, indépendantes et transparentes » sur ces violences et à traduire en justice les personnes reconnues coupables.

De nouvelles manifestations ont eu lieu lundi dans plusieurs villes de Madagascar, y compris la capitale Antananarivo, où les forces de l’ordre ont recouru à des grenades lacrymogènes face à une foule jeune demandant la démission du président Andry Rajoelina. Les revendications vont au-delà du mécontentement concernant les coupures d’eau et d’électricité.

Les forces de sécurité ont agi avec une force non nécessaire

Le Haut-Commissariat a précisé que « les manifestations pacifiques » avaient commencé à Antananarivo le 25 septembre, mais que « les forces de sécurité ont agi avec une force non nécessaire, lançant des gaz lacrymogènes, frappant et arrêtant des manifestants« . Certains agents auraient également utilisé des balles réelles, selon l’ONU.

« Le droit international relatif aux droits humains est très strict concernant l’utilisation des armes à feu ; elles ne doivent être employées par les agents des forces de l’ordre que si cela est strictement nécessaire pour protéger des vies ou prévenir des blessures graves résultant d’une menace imminente« , a souligné Volker Türk. Il exhorte également les autorités à garantir « le respect des droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique ».

Le président annonce le renvoi de tout son gouvernement

Le président malgache a annoncé lundi le renvoi de tout son gouvernement lors d’une allocution télévisée, après plusieurs jours de manifestations au cours desquelles, selon l’ONU, au moins 22 personnes ont été tuées.

« Conformément à l’article 54 de la Constitution, j’ai décidé de mettre fin aux fonctions du Premier ministre et du gouvernement« , a déclaré le président Andry Rajoelina à la télévision nationale.

La Belgique déconseille les voyages

La Belgique déconseille les voyages non essentiels à Madagascar, a annoncé lundi le SPF Affaires étrangères.

« Des manifestations violentes ont eu lieu le 25 septembre à Antananarivo, et de nouvelles manifestations ainsi que des pillages pourraient se produire dans plusieurs villes. Un couvre-feu nocturne a été instauré. Les vols sont perturbés. Il est fortement recommandé d’éviter les manifestations et de suivre les instructions des autorités locales ainsi que les derniers développements via les médias locaux« , a indiqué le SPF.

Depuis son indépendance en 1960, l’île de l’océan Indien a fréquemment été le théâtre d’émeutes populaires contre les gouvernements en place. Ces tensions ont conduit au départ de l’ex-président Marc Ravalomanana en 2009.

Des milliers de manifestants, mobilisés depuis jeudi par le biais des réseaux sociaux au sein d’un mouvement nommé Gen Z, ont envahi lundi les rues de la capitale, faisant entendre des revendications qui vont au-delà du mécontentement face aux coupures d’eau et d’électricité.

L’AFP n’était pas en mesure de fournir un bilan des victimes lié aux manifestations, aux pillages ou à l’intervention des forces de l’ordre. Des images publiées vendredi sur les réseaux sociaux ont montré au moins une personne tuée à Diego Suarez (nord), le corps d’un manifestant portant un linceul étant porté par la foule.