L’UCLouvain envoie un message d’alerte à ses chercheurs suite à un mail “extrêmement intrusif” de l’administration américaine
Au moins un chercheur de l’UCLouvain a été le destinataire d’un questionnaire envoyé par l’USAID, l’agence américaine pour le développement international. Une démarche qui évoque, pour certains, la campagne de courriels lancée récemment par Elon Musk contre les institutions américaines. L’université belge a immédiatement réagi.
- Publié le 24-03-2025 à 12h02

L’UCLouvain a fait passer un message d’alerte à ses chercheurs ce lundi. Au moins un de ses employés a reçu un questionnaire de la part d’une agence de recherche fédérale américaine. Ce mail avait été envoyé par l’USAID, l’agence pour le développement international.
« Extrêmement intrusif, ce questionnaire comprend par exemple des questions qui ont trait à la politique de vigilance antiterroriste mise en place par l’institution et de surveillance de ses membres à cet égard », peut-on lire dans une communication adressée aux membres de l’IRIS-L, l’Institut de recherche interdisciplinaire Saint-Louis.
La direction du service de recherche pointe « le caractère moralement très contestable des valeurs qui sous-tendent de telles questions ». Elle ajoute que répondre à ce questionnaire présente un danger pour l’UCLouvain dans son ensemble.
Aux chercheurs qui recevraient un tel questionnaire, venant de l’USAID ou d’une autre agence de recherche américaine, il est demandé de « n‘y répondre en aucun cas » et de renvoyer le mail à la direction.
Chasse aux sorcières
L’arrivée du premier mail n’est pas sans rappeler les méthodes employées par Elon Musk, le dirigeant de DOGE, le Département de l’Efficacité gouvernementale. Le milliardaire a fait envoyer des milliers de mails aux fonctionnaires américains en vue de récolter des données. Certaines administrations ont expressément demandé à leurs travailleurs de ne pas y répondre, malgré les menaces que contenaient ces courriels.
Les demandes d’Elon Musk s’inscrivent dans un climat de chasse aux sorcières menée contre le monde scientifique à qui il est maintenant proscrit d’utiliser plusieurs centaines de mots. Ce climat de persécution des chercheurs a d’ailleurs poussé plusieurs universités et des figures politiques – comme Ecolo – à se présenter comme prêts à accueillir les scientifiques menacés d’exclusion.
Préserver notre liberté
C’est ce que rappelle l’UCL. « Compte tenu de la situation politique américaine et de ses répercussions dramatiques sur la recherche, la prorectrice et les présidents d’institut surveillent de près l’impact des mesures prises par l’administration Trump sur nos activités scientifiques ».
L’université pointe une série de risques liés à cette situation politique : accès bloqué à certaines données, fin d’une collaboration scientifique en raison des coupes budgétaires américaines ou de la pression pour abandonner certaines thématiques de recherche, impossibilité pour un collègue américain de quitter le territoire… « Dans ce contexte, il importe de tout faire pour préserver notre liberté de chercher », communique IRIS-L.