L’OTAN et ses alliés ne préparent pas la guerre contre les drones.
Il fait -3 degrés ce jour-là dans le nord de l’Allemagne. « Le filament plastique utilisé pour fabriquer le corps du drone coûte environ 5 à 6 dollars. »
Il fait -3 degrés ce jour-là dans le nord de l’Allemagne. Les techniciens et militaires étrangers ressentent le froid, le vent et une certaine anxiété. Ils n’ont pas encore la certitude de pouvoir voler, mais leurs drones sont déjà opérationnels, prêts à être présentés avec leurs spécificités, évaluées par des membres de l’Alliance de l’OTAN.
À environ cent kilomètres d’Hambourg, la base militaire de Putlos accueille plusieurs entreprises spécialisées dans les nouvelles technologies liées aux drones, avec pour but d’attirer l’attention de pays étrangers et de signer de futurs contrats. « L’armée américaine avait plus de 200 demandes. Nous avons sélectionné 12 entreprises pour venir ici en Allemagne. Cinq d’entre elles seront retenues, recevant 350.000 dollars et la possibilité de signer avec d’autres pays de l’Alliance et au-delà. C’est un bénéfice mutuel. Nous leur offrons les moyens de croître et nous renforçons nos capacités de protection« , déclare Chris Hill, colonel dans l’armée américaine.
### Les drones ? « Un énorme problème »
L’OTAN est convaincue que les drones joueront un rôle clé dans les guerres futures. Le colonel Chris Hill ajoute : « Les drones représentent un énorme problème parce qu’ils constituent une nouvelle manière de combattre. Il y a dix ans, nous n’avions pas à nous inquiéter des drones sur le champ de bataille. Mais nous avons tous compris que cela fait désormais partie intégrante de la guerre. »
Pour intercepter les drones dans l’espace aérien allemand, plusieurs moyens sont utilisés : filet d’interception, tirs au fusil ou radars de détection. Un drone, mesurant plus d’un mètre de diamètre, est au sol. « Le drone active son radar pour déterminer la position et la vitesse du drone ennemi« , explique Kevin Andrew, responsable de Fortem Technologies.
Une fois décollé, le drone utilise son radar intégré. Il chasse alors le drone ennemi et l’intercepte avec un filet. Ce modèle de drone est réutilisable, coûtant seulement 300 euros par interception. « Notre drone chasseur coûte bien moins cher qu’un missile« , se réjouit Kevin Andrew.
### Filet, radars et fusils
Joseph Duggan, fusil en main, est positionné avec ses collègues à quelques mètres de distance. Ils sont venus de New-York dans l’espoir de convaincre de futurs acheteurs. « Nous croyons en notre technologie. Certaines de nos solutions sont déjà déployées sur le champ de bataille. Nous voulons tous continuer à progresser, et cela nécessite de telles démonstrations aériennes« , précise l’ingénieur mécanique de ZeroMark. « Il vous suffit d’appuyer sur le bouton latéral avant de tirer. Le système orientera automatiquement le canon vers la cible en tenant compte de la trajectoire balistique. »
### Une rapidité de production sans précédent
Sous une tente réchauffée, plusieurs personnes travaillent avec une bobine de plastique autour d’une imprimante 3D. Ils fabriquent leurs propres drones en quelques heures seulement. « Le filament plastique utilisé pour le corps du drone coûte environ 5 à 6 dollars. Avec l’ajout des autres composants, le prix total avoisine les 500 dollars« , se félicite le sergent américain Darren Jackson. « Une petite carte SD avec toutes les consignes et l’imprimante se charge de créer la base du drone. Nous assemblons ensuite les câbles électriques et c’est presque terminé. »
### Une solution pour la Belgique ?
Ces dernières semaines, la Belgique a été survolée à plusieurs reprises par des drones. Les pays de l’OTAN sont confrontés à une augmentation des activités hostiles de drones le long du flanc Est, entraînant l’intérêt de plusieurs pays pour les radars présentés sur la base militaire. Parmi les cinq lauréats du jour se trouve Matthew Kling et son radar portable : « Ce radar détecte, suit et catégorise les drones jusqu’à un kilomètre, y compris les petits groupes de drones.« , précise Matthew Kling, vice-Président de MatrixSpace.
Cette technologie pourrait intéresser des membres de l’OTAN comme la Belgique. « Ce radar protège les sites sensibles tels que les stades, les prisons, les entrepôts, les centres de données, les bases militaires, les bâtiments gouvernementaux et les aéroports« , ajoute M. Kling.
Les drones deviennent de plus en plus fréquents en Europe et causent des dommages plus importants dans les conflits. L’OTAN et ses alliés en ont conscience et doivent massivement investir pour faire face rapidement à ces nouvelles menaces dans l’espace aérien.

