Belgique

L’Italie a accueilli plus d’immigrés depuis Giorgia Meloni.

Début octobre, le gouvernement italien a fixé par décret le nombre d’étrangers non européens autorisés à travailler légalement dans la péninsule pour la période 2026-2028, soit 497.550 personnes au total, réparties sur ces trois années (164.850 en 2026, autant en 2027 et 166.850 en 2028). Dans son rapport sur les indicateurs démographiques publié le 31 mars dernier, l’institut italien de statistiques Istat met également en évidence le vieillissement de la population et la baisse continue de la natalité « dont les effets sont atténués par une dynamique migratoire positive ».


Début octobre, le gouvernement italien a fixé par décret le nombre d’étrangers non européens autorisés à travailler légalement dans le pays pour la période 2026-2028, totalisant 497.550 personnes, réparties sur ces trois années (164.850 en 2026, autant en 2027 et 166.850 en 2028). Ce décret, surnommé decreto flussi en italien, détermine chaque année les quotas d’entrée des travailleurs non saisonniers, saisonniers et des indépendants.

Ces quotas pourraient surprendre venant d’un gouvernement qui a fait de la lutte contre l’immigration l’un de ses principaux axes lors de la campagne pour les élections législatives anticipées de 2022. En trois ans, il est évident que l’immigration a même augmenté sous la présidence de Giorgia Meloni, dirigeante d’extrême droite dont le parti, Fratelli d’Italia, a des origines fascistes.

« Dans la tête des décideurs, il s’agit de personnes différentes de celles qui arrivent par bateau de manière irrégulière », analyse Andrea Rea, sociologue de l’immigration et professeur émérite à l’ULB. Cela reflète bien la volonté du gouvernement italien de promouvoir une immigration choisie.

Plusieurs journaux italiens, dont le quotidien conservateur Il Foglio, ont mis en lumière ce constat concernant l’immigration, en citant d’autres données, notamment le nombre de premiers permis de séjour délivrés. Le gouvernement Meloni a ainsi accordé chaque année « 368.000 premiers permis de séjour, contre 306.000 pour l’exécutif précédent de Mario Draghi, et 239.000 et 176.000 pour les deux gouvernements dirigés par Giuseppe Conte entre juin 2018 et février 2021. »

L’Office européen de statistiques Eurostat, en collaboration avec l’office italien Istat, fournit des données similaires : 346.000 premiers permis de séjour ont été délivrés en 2024, 389.542 en 2023, 337.788 en 2022 alors qu’ils étaient seulement 274.095 en 2021.

« O n veut des bras mais on oublie qu’il y a aussi des personnes derrière. On est vraiment dans une logique très instrumentale », indique Andrea Rea.

Ces données posent-elles la question de savoir si Giorgia Meloni a trahi ses promesses de campagne ? Elles illustrent au minimum un grand décalage entre ses déclarations et la réalité, voire un « paradoxe » selon Andrea Rea : « Il y a un discours de fermeté sur l’immigration et dans le même temps une logique liée au vieillissement de la population et à la pénurie de main-d’œuvre ». Le sociologue précise que « l’on veut des bras mais on oublie qu’il y a aussi des personnes derrière. On est vraiment dans une logique très instrumentale ».

« Il n’y a pas de discours qui valorise la contribution des étrangers », conclut Andrea Rea.

En d’autres termes, il existe un discours ferme de refus de l’immigration tout en reconnaissant le besoin d’immigrés pour faire fonctionner l’économie, notamment dans des secteurs tels que l’horticulture ou le tourisme, essentiels pour l’Italie. Ce besoin d’immigration n’est cependant pas clairement exprimé. « Il n’y a pas de discours qui valorise la contribution des étrangers », résume le sociologue de l’ULB.

Dans son rapport sur les indicateurs démographiques publié le 31 mars dernier, l’institut italien de statistiques Istat souligne également, chiffres à l’appui, le vieillissement de la population et la baisse continue de la natalité « dont les effets sont atténués par une dynamique migratoire positive ». Le niveau de fécondité atteint son plus bas niveau jamais enregistré en Italie et le déclin démographique se poursuit sans interruption depuis 2014.

Le rapport d’Istat sur les indicateurs démographiques mentionne également d’autres faits intéressants comme l’augmentation des départs de citoyens italiens, un nouveau record d’acquisition de la nationalité italienne et, « malgré ce dernier processus », une hausse significative de la population résidente étrangère (5,4 millions d’étrangers sur près de 59 millions d’habitants).