Belgique

Liège : plainte contre X après des policiers blessés en manifestation

Le Conseil Communal a débattu publiquement d’un point qui devait initialement être adopté à huis clos ce jeudi soir. Le bourgmestre Willy Demeyer a justifié le dépôt de plainte contre X par la nécessité d’indemniser la ville pour les 12 policiers blessés lors des faits.


L’ambiance était tendue lors du Conseil Communal de ce jeudi soir. Initialement prévu pour être adopté à huis clos, le point a finalement été discuté en séance publique. Les deux partis d’opposition, PTB et Vert Ardent, n’étaient manifestement pas au courant de ce changement de dernière minute et ont demandé une interruption de cinq minutes avant d’ouvrir le débat pour clarifier la position de leurs groupes.

Sans se prononcer sur la responsabilité des événements de ce jour-là, raison pour laquelle la plainte est déposée contre X, le bourgmestre a néanmoins justifié ce dépôt par deux arguments. Le premier, à caractère politique, vise à empêcher l’instauration d’un sentiment d’impunité en cas de violence à l’égard de la police. « Nous ne pouvons pas laisser penser qu’on peut blesser les policiers liégeois », a insisté Willy Demeyer.

L’autre raison qui pousse à porter plainte est que la ville est l’employeur des 12 policiers blessés. Il s’agit donc d’un accident de travail pour lequel elle doit recevoir une indemnisation. « Je ne sais pas qui est X, et peu m’importe que ce soit X, Y ou Z, mais il faut indemniser la ville de ce qu’elle va débourser », a précisé le bourgmestre.

Les membres de la majorité, PS, MR et Engagés, ont exprimé leur soutien à ce dépôt de plainte. En revanche, l’opposition, PTB et Vert Ardent, s’est abstenue, jugeant qu’il faut « laisser la justice avancer ».

« Il est évident qu’on veut faire la lumière sur toutes les responsabilités », a déclaré la conseillère communale Sofia Touhami. « Mais il y a un outil pour faire ça : c’est la justice. »

Le PTB a néanmoins exprimé ses préoccupations quant à des « forces politiques qui tentent d’instrumentaliser ces faits dans un but autoritaire », en faisant une allusion à ce que le président du MR a déclaré vouloir « dissoudre les antifas ».

La cheffe de groupe MR, Diana Nikolic, a reconnu que certains « comportements de policiers » étaient contestables. « Mais cela n’autorise jamais la violence », a-t-elle ajouté.

Offensée par les accusations du PTB, la conseillère a défendu sa position, déclarant : « On peut contester l’action d’un parti démocratiquement élu et premier parti de Wallonie, mais ça n’autorise jamais qu’on tente d’empêcher des élus de se réunir. Ça fait 19 ans que je siège dans ce conseil communal. Il fut un temps où tous les démocrates auraient défendu ce droit. Ce temps est manifestement révolu », a-t-elle regretté.

Les Engagés ont pour leur part insisté sur l’importance des indemnités que la ville doit obtenir. « Nous ne pouvons pas faire obstacle à ces sommes qui reviendront par les assurances ou par les personnes éventuellement condamnées », a rappelé le conseiller communal Michel de Lamotte, en soulignant la nécessité de « défendre les droits de la ville de Liège et du corps de police ».

Christie Morreale a également pris la parole en faveur des policiers liégeois, affirmant que « Liège a la chance d’avoir une police qui cherche la désescalade et qui garantit les expressions de toutes les sensibilités démocratiques ».

Elle a également rappelé qu’il s’agissait d’une plainte contre X, signifiant selon elle « questionner la responsabilité de tous les acteurs ». La conseillère communale a évoqué les violences des manifestants ainsi que la responsabilité des organisateurs de l’événement : « Quand des avis sont remis par les autorités pour demander des déplacements ou des annulations, et qu’il y a eu refus à plusieurs reprises suite à des demandes de police, cela doit aussi questionner. »

Enfin, Christie Morreale a souligné l’inquiétude des manifestants face à la présence de personnalités issues de l’extrême droite. « C’est notre droit humainement et politiquement de réagir. Il me semble que c’est même notre devoir », a estimé la députée wallonne.

Sur le vote, seuls les deux partis d’opposition ont voté pour s’abstenir. Les écologistes de Vert Ardent ont cependant réaffirmé qu’ils ne manifestent aucune hostilité envers la police, pour laquelle ils déclarent avoir « tout leur respect ».

« Nous interrogeons simplement le fait qu’un respect vis-à-vis de nos policiers aurait impliqué de respecter leur expertise et leurs recommandations en déplaçant l’événement », a insisté la conseillère communale Manon Wuine, faisant référence à la décision des organisateurs de maintenir le rassemblement malgré les conseils défavorables des autorités.

Willy Demeyer a répliqué : « Vous avez le droit de dire qu’il aurait fallu tenir compte de la police, mais il demeure que nous avons un dommage. »

Le bourgmestre a également déploré « une attaque massive sur les réseaux vis-à-vis de la police de Liège émanant de certains milieux antifascistes », indiquant qu’une réponse de la ville à ces accusations était en préparation. « On ne peut pas mettre sa main au feu pour 100% du personnel, mais je peux vous dire qu’il n’y a rien de systémique contrairement à ce qu’on essaie de faire croire. »

Avant de clore le débat, Diana Nikolic a tenu à réaffirmer sa position : « Je ne peux pas laisser le MR, les élus du MR, vos collègues, entendre ces tentatives malhabiles de justification des violences », a-t-elle fustigé, faisant écho aux arguments du PS et de Vert Ardent. « Dans une démocratie, ce ne sont pas les mots de la gauche qui définissent la vérité, ce sont les faits. Le recours à la force pour empêcher des personnes de se réunir, c’est les méthodes des extrémistes que vous prétendez combattre et que vous devriez condamner en tant que démocrates ! »