Belgique

Les violences envers femmes et enfants explosent durant les fêtes.

La mort d’une jeune belge en France sous les coups de son compagnon rappelle que les périodes des fêtes sont des moments compliqués pour les femmes et les enfants victimes de violences. En Australie, dans l’état de Victoria l’an dernier, plus de 8000 faits de violences ont été signalés pendant le mois de décembre.


La mort tragique d’une jeune Belge en France, tuée par son compagnon, souligne que les fêtes de fin d’année sont des moments particulièrement délicats pour les femmes et les enfants victimes de violences. Ces victimes se retrouvent souvent face à leur bourreau, « toutes les périodes où les gens se retrouvent ensemble, confinés, un peu plus isolés que d’habitude sont dangereuses », déclare Josiane Coruzzi, directrice de l’ASBL Solidarité Femmes à La Louvière et coordinatrice de la Ligne d’appel. « En cette période, il y a aussi plus d’alcool qui circule. Et on le sait, l’alcool est souvent un révélateur et quelque chose qui va exacerber les violences déjà existantes », ajoute-t-elle.

Les principales causes de ces violences pendant les fêtes incluent la consommation d’alcool, la pression émotionnelle, les difficultés financières et les conflits familiaux. De nombreux services de première ligne en sont conscients : si les fêtes peuvent générer de la joie, elles amplifient aussi les tensions au sein des foyers. Pour ceux vivant déjà une relation difficile ou dangereuse, cette période accroît souvent le risque de violences. En Australie, l’État de Victoria a enregistré l’an dernier plus de 8 000 cas de violences signalés durant le mois de décembre.

« Les victimes sont coincées avec leur agresseur », met en avant Josiane Coruzzi. Comme pendant le confinement lié à la crise du Covid, les vacances changent la dynamique familiale : « Les victimes et les auteurs sont tout le temps ensemble, ils sont isolés ensemble », explique-t-elle, ajoutant que cela ne se produirait pas dans la vie quotidienne où les individus travaillent ou les enfants vont à l’école, permettant ainsi à la victime de trouver un répit.

Depuis peu, la Ligne d’écoute d’urgence au 0800/30 030 reçoit un nombre important d’appels : « C’est souvent le cas après la campagne que nous lançons fin novembre, mais à l’approche des fêtes, nous constatons un pic important. » Actuellement, les chiffres officiels manquent, mais une étude de l’OMS a révélé en novembre dernier que près d’une femme sur cinq en Belgique a été victime de violences de la part de son partenaire.

Les enfants sont également en danger. « Parce que la famille étant réunie, les enfants font du bruit, bougent, jouent », analyse la spécialiste. Les enfants peuvent être utilisés par le partenaire dominant comme prétexte pour exacerbation de la violence, car ils sont présents et souvent eux aussi deviennent victimes.

Quels conseils peuvent être donnés aux victimes ? D’abord, si possible, de se protéger : « Moi je dirais aux femmes, protégez-vous un maximum », recommande Josiane Coruzzi. Elle suggère de trouver des lieux où aller et des personnes à contacter. Pour celles qui ne peuvent pas partir, elle conseille d’utiliser des stratégies de désescalade, car cela pourrait être parfois la seule solution pour éviter une agression.

Elle souligne également à quel point il est difficile pour de nombreuses femmes de quitter une relation violente : « C’est parfois difficile de s’en aller. C’est vrai que c’est facile pour nous de conseiller de s’en aller, mais il faut savoir que c’est compliqué pour les victimes de partir. Parfois, c’est physiquement impossible. Et pour aller où ? Déposer plainte ne garantit pas que vous serez protégée, donc ce n’est pas évident. Je pense que le mieux c’est d’être en contact avec des services spécialisés. »

Il est rappelé que la ligne d’urgence est le 0800 30 030 et que pour les enfants souhaitant parler, ils peuvent composer le 103. Un chat est également disponible sur le site www.103ecoute.be. En cas d’urgence absolue, le numéro reste le même, le 112.