Les négociations se décantent à Bruxelles : Elke Van den Brandt reçoit le feu vert de Groen pour “explorer une possible coalition avec la N-VA”

La formatrice néerlandophone a reçu le feu vert de son bureau de parti pour se pencher sur la piste d’une coalition néerlandophone quadripartite Groen/N-VA/Open VLD/Vooruit. Mais des conditions sont posées. Elke Van den Brandt devra composer avec les réticences internes à Groen mais aussi avec le veto du PS contre la N-VA.
- Publié le 18-11-2024 à 12h20
- Mis à jour le 18-11-2024 à 12h46
Après un blocage inédit de plus de 6 mois, les négociations bruxelloises devraient peut-être enfin pouvoir commencer.
Le bureau de Groen s’est prononcé ce lundi matin sur la perspective d’une entrée en négociations dans une coalition néerlandophone quadripartite, composée de Groen, la N-VA, l’Open VLD et Vooruit.
Elke Van den Brandt, formatrice néerlandophone, a reçu le feu vert du bureau de Groen pour « explorer une possible coalition » avec la N-VA. Le bureau de parti a réaffirmé que sa préférence allait au CD&V et que la participation à un gouvernement avec la N-VA n’était possible qu’à des conditions très strictes
« Une coalition miroir francophone était de loin notre préférence », a souligné la coprésidente de Goren Nadia Naji. « Une coalition avec la N-VA est tout sauf évidente pour Groen. Compte tenu de la réalité politique, nous avons demandé à Elke Van den Brandt d’explorer les possibilités, malgré nos grandes divergences de contenu avec la N-VA. »
Elke Van den Brandt n’a toutefois pas reçu carte blanche et les discussions se feront sous conditions.
« Nous posons des conditions strictes à notre programme progressiste, en particulier dans les domaines de la qualité de vie, de la sécurité routière et de l’espace public », reprend Nadia Naji. « Ainsi, pour ne pas bloquer Bruxelles, nous sommes prêts à explorer une possible coalition, mais ces conditions ne sont pas négociables pour nous. La Ministre Van den Brandt soumettra également cette question sensible au Conseil politique de Groen, qui déterminera si des négociations peuvent être entamées. »
Le sacrifice de l’Open VLD
La formation d’un gouvernement bruxellois nécessite en effet de former une majorité dans chaque groupe linguistique. Un axe MR-PS-Engagés s’est dessiné depuis plusieurs mois, tandis que, côté néerlandophone, Elke Van den Brandt n’était toujours pas parvenue à réunir une majorité, en raison d’un fort émiettement des sièges.
Le « sacrifice » de l’Open VLD, révélé jeudi dernier par la Libre, a permis une percée dans les discussions.
Les libéraux flamands ont en effet fait savoir qu’ils acceptaient le poste de commissaire du gouvernement bruxellois, laissant le poste de Secrétaire d’État aux socialistes flamands dans une coalition Groen-N-VA-Vooruit-Open VLD.
Cette ouverture devait permettre de régler la question centrale des portefeuilles, puisqu’il y a quatre partis néerlandophones pour trois postes au gouvernement bruxellois.
« L’Open Vld a fait le geste pour dire ‘Nous sommes prêts à le faire avec des conditions’, c’est un fait très important car cela permet de parler à une coalition à quatre partis« , a expliqué la formatrice Elke Van den Brandt (Groen) sur LN24 ce lundi matin.
Pour l’écologiste, cette perspective d’une alliance avec la N-VA n’est toutefois clairement pas un premier choix, en raison de profondes divergences idéologiques.
Groen, on l’a dit, préférerait gouverner la capitale avec le CD&V, mais Benjamin Dalle, le chef de file bruxellois des Chrétiens-démocrates, refuse pour l’instant de monter au gouvernement bruxellois sans poste de Secrétaire d’État. Et le sacrifice de l’Open VLD ne vaut qu’avec Vooruit, pas avec le CD&V.
En effet, si l’Open VLD est d’accord de faire un sacrifice en laissant le poste de Secrétaire d’État à Vooruit, qui a récolté moins de voix mais autant de sièges que les libéraux flamands (2), l’offre ne tient plus face à un parti qui n’a récolté qu’un maigre siège.
« La N-VA est très loin de tout ce qu’on représente. Mais malheureusement l’Open VLD est scotché à la N-VA », regrette une source écologiste.
Groen ouvre donc les négociations à contrecœur, d’autant plus qu’en interne, plusieurs voix se sont déjà élevées pour critiquer la perspective d’une alliance avec le parti de Bart De Wever.
La députée bruxelloise Celia Groothedde (Groen), qui incarne en interne l’opposition à la N-VA, a même déclaré récemment sa candidature à la présidence de Groen.
Certes, une députée seule ne peut dicter sa ligne au parti, mais la Bruxelloise incarne une vraie sensibilité interne à Groen, qui pourrait encore s’exprimer durant les négociations à venir…
Le veto du PS
Mais c’est sans doute du côté francophone que viendra l’opposition la plus frontale et importante à cette coalition avec la N-VA.
Ce samedi, dans l’Écho, Ahmed Laaouej a mis un veto clair contre cette piste. « Gouverner avec la N-VA n’est pas une option », a assuré le président du PS bruxellois.
Ridouane Chahid (PS), député fédéral, a enfoncé le clou ce lundi matin sur BX1. « Pour moi, personnellement, c’est impossible d’être assis autour d’une table avec la N-VA. On en est déjà à 152 jours de crise et on est face à des personnes qui ternissent l’image de Bruxelles et veulent faire entrer le loup N-VA dans la bergerie. »
Cette alliance avec la N-VA n’a pas non plus la priorité des Engagés, qui préfèrent gouverner avec leur parti frère. « Ce n’est pas encore fait, tout est encore en discussion. Nous allons les inciter à choisir plutôt la piste avec le CD&V pour qu’on puisse avoir un accord rapidement », a déclaré Christophe De Beukelaer ce lundi sur BX1.
On le comprend, toutefois : c’est davantage du PS que des Engagés que viendra le blocage.
« Ce matin, il faut retenir que deux des trois partis de l’axe francophones s’expriment contre l’option N-VA. Si on excepte le cas de l’Open VLD, et du MR qui est équidistant, l’option d’un gouvernement avec le CD&V a un plus large soutien », pointe une source socialiste. « De plus, si le PS s’autorise un veto contre la N-VA, c’est parce que la proposition visant à la création d’un poste de commissaire requiert notre accord et celui de tout le gouvernement, et pas uniquement des partis néerlandophones. »
Les socialistes, visiblement, espèrent encore qu’un accord pourra être trouvé avec Benjamin Dalle. Mais ce veto du PS contre la N-VA est-il indéboulonnable ? Pas si sûr… Mais il faut s’attendre à ce que le prix à payer aux socialistes soit élevé…